© Kenji Hirasawa
New JPN GEN
ou la nouvelle génération japonaise.
Quelle vision a-t-on de la création photographique japonaise depuis l’Europe ?
Si les expositions se sont multipliées au cours des dernières années, si des noms ont traversé les océans, la scène photographique japonaise dans sa richesse et sa diversité demeure encore relativement méconnue. Si elle nous est révélée peu à peu, c’est que des personnalités œuvrent à sa reconnaissance.
Parmi ces passeurs, experts de la scène japonaise, figure en bonne place Marc Feustel, curator invité par ArtLigue pour présenter une sélection de photographes représentatifs de cette prolifique scène japonaise.
Marc Feustel est commissaire indépendant, écrivain et blogueur. Basé à Paris, il est spécialiste de la photographie japonaise et auteur de Japon: un autoportrait, photographies 1945-1964. Il est également l’un des fondateurs de Studio Equis, une organisation qui a pour mission de faire connaître la photographie japonaise en Occident. Il a été commissaire de plusieurs expositions dont Japon : un autoportrait, 1945- 1964 (Setagaya Art Museum, Tokyo), Tokyo Stories (Kulturhuset, Stockholm) et Eikoh Hosoe: Theatre of Memory (Art Gallery of New South Wales, Sydney), Toshio Shibata : The Abstraction of Space (Galerie Polka, Paris). Il écrit un blog sur la photographie et les livres photo, (www.eye- curious.com) et écrit régulièrement pour des revues de photographie dont American Photo, European Photography, Foam, Fantom, IMA, Some/things, The Eyes et Lensculture.
Marc Feustel a choisi 7 photographes pour ArtLigue, qui tous se sont prêtés au jeu du multiples en éditant 2 oeuvres issues de leur plus célèbre corpus (que ce soit les Portraits de Kenji Hirasawa, Melting Rainbows de Taisuke Koyama, Slow Boat de Koji Onaka, Dance de Seiji Shibuya, Listening to Architecture de Ryo Suzuki, Dawn de Yu Yamauchi ou Site de Daisuke Yokota).
C’est ici l’opportunité d’acquérir une œuvre appartenant à leurs séries emblématiques.
© Koji Onaka
7 ARTISTES SÉLECTIONNÉS PAR MARC FEUSTEL
Kenji Hirasawa a étudié les sciences de l’information et de l’environnement, un parcours qui l’a familiarisé avec les techniques de communication émergeant de l’ère post- internet. Désormais artiste, il réutilise les ondes électro-magnétiques, les lumières infrarouges et le micro-ondes dans son travail. Dans ses portraits, il utilise un appareil photo thermique. Le sujet se trouve alors nimbé dans des halos bleu et jaune, couvert d’une pluie de pixels.
Taisuke Koyama fait dans le détail, de matières, de textures, de couleurs. Voici plusieurs années que le photographe concentre son attention à l’envi sur les arcs en ciel, les surfaces embuées, les murs à la peinture craquelée, pour en tirer des tableaux abstraits à la couleur éclatante.
© Taisuke Koyama
Koji Onaka est entré en photographie par le livre Tales of Tono de Daido Moriyama. Praticien remarquable d’une photographie noir et blanc aux tons denses, il rassemble en 2003 dans un livre intitulé Slow Boat (et qui lui valut une reconnaissance internationale) ses déambulations, faites d’un pas tranquille, dans un Japon urbain, loin des images d’une vie agitée et de rues surpeuplées.
Seiji Shibuya est l’auteur d’une photographie que l’on pourrait dire contemplative. Il n’y ait pas de thème explicite pour rejoindre les images de son œuvre si ce n’est que toutes sont parcourues d’un souffle de légereté, le silence d’une étendue d’eau et son reflet mpertubable ou le bruissement des feuilles d’arbres fruitiers l’été, et leurs jeux d’ombre et de lumière.
© Seiji Shibuya
Comment photographier aujourd’hui la cathédrale de Ronchamp, icône architecturale moderne ? Ryo Suzuki déploie une vision renouvelée, poétique et inédite, de l’architecture des grands maîtres de la discipline, de Le Corbusier à Peter Zumthor. L’image photographique se fait l’écho formel de l’essence de l’art de ces auteurs, démontrant de la part du photographe une connaissance profonde et inuitive de leurs créations.
Yu Yamauchi a photographié pendant quatre ans, toujours posté au même endroit, le Mont Fuji à l’aube. 600 matins se sont révélés ainsi sous son objectif, dévoilant un espace infini qui se décline chaque matin de manière unique, en gammes et formes colorées tantôt minimales tantôt baroques.
© Yu Yamauchi
Daisuke Yokota photographie et sample ses images. Il évoque un écho entre son travail et la musique d’Aphex Twin : répétitions, réverbérations, ralentis sont aussi contenus dans ses images. Dans la série Site, il poursuit, numériquement, ce qu’il avait entamé avec sa série précédente, Back Yard. Ainsi au lieu de rephotographier jusqu’à 10 fois son image, il entreprend de mêler plusieurs prises de vues d’un même lieu, aucune action visible mais à l’œuvre, il y a le temps, comme encapsulé dans l’image.
© Ryo Suzuki
© Daisuke Yokoya