© http://www.bjp-online.com/british-journal-of-photography/news/2307127/french-newspaper-removes-all-images-in-support-of-photographers
Hier, le jeudi 14 novembre, le renommé festival Paris Photo ouvrait ses portes au Grand Palais, à Paris. Le journal Libération a profité de cet événement grandement médiatisé pour publier un numéro-hommage à l'art photographique, d'une façon toute particulière. En effet, le quotidien éditait hier un journal sans photographies.
Sans photos, mais pas non plus sans images : des cadres volontairement laissés blancs agrémentent tout de même les articles, afin de créer un « choc visuel », précise Brigitte Ollier, journaliste chez Libération. Sous ces cadres vierges demeurent les légendes et signatures des photographies initialement prévues pour ce numéro.
Mais pourquoi ce quotidien sans illustrations ? D'abord pour dénoncer la « situation calamiteuse » dans laquelle se trouve de nos jours les journalistes de guerre : « nul n’ignore la situation calamiteuse où se trouvent les photographes de presse, en particulier les reporters de guerre, qui mettent leur vie en danger pour à peine la gagner » explique Libération en une de ce numéro audacieux. En effet, il semble important d'apporter son soutien aux reporters de guerre, aujourd'hui plus que jamais, sachant que 88 journalistes étaient tués en 2012, 45 en 2013, sans compter ceux qui ont été emprisonnés ou retenus en captivité.
Certains s'imaginerons, à première vue, que ce Libération sans images dresse une sorte d'éloge funèbre de la photographie. A cela, le journal s'était préparé : « Il ne s’agit pas d’un deuil, nous n’enterrons pas aujourd’hui l’art photographique et toutes les photos escamotées se retrouvent réduites sur une double page ». « Nous rendons, au contraire, à l’image l’hommage qui lui revient. » A la lecture de cette édition, il est flagrant que quelque chose « manque ». L'investigation paraît « incomplète ». Le lecteur prend alors immédiatement conscience de l'importance indéniable des images dans le domaine de l'information.
Actuphoto souhaiterait profiter de cette actualité pour exprimer sa gratitude et son soutien envers les photoreporters qui prennent des risques pour informer.
Ismène Bouatouch