Igor Moukhin
Carré Amelot 10 bis rue Amelot BP 309 17013 La Rochelle France
Igor Moukhin photographie Moscou et les Russes depuis 1987.
C’est en 1987 que Jeunes Soviétiques, première exposition à lui être entièrement consacrée, le révèle au grand public. Dès lors, il participe à de nombreuses expositions en Russie, mais également aux Etats Unis, en Chine et dans de nombreux pays d’Europe.
Marqué par l’école de la photographie humaniste française et par la «street photography» américaine (en particulier Helen Lewitt,) il a saisi tous les bouleversements qui ont marqué la fin de l’URSS.
De la fin de l’ère Kroutchev jusqu’à l’installation des nouveaux régimes, il donne à voir, en Noir et Blanc , la culture rock pendant la Perestroïka, les monuments soviétiques à l’abandon et les nouveaux visages de Moscou après l’éclatement de l’URSS...
Igor Moukhin est considéré comme l’un des chroniqueurs les plus assidus des transformations sociales et économiques de son pays et l’un des plus grands représentants russes du photoreportage.
Igor Moukhin - Leningradskaya Hotel 1995
Conversation avec Igor Moukhin
Bahia Allouache
PHOTOGRAPHIE
« J’ai reçu mon premier appareil photo pour mes 16 ans, un SMENA 8 tout simple,de production soviétique.
Au début, je photographiais mon entourage. Rien d’original. Cette même année 1977, j’ai appris à développer mes pellicules. Ensuite, fervent supporter de foot, je me suis mis à photographier les joueurs et les supporters,lors des matches. J’avais 20 ans...»
PROFESSION PHOTOGRAPHE
« L’envie m’est venue dans les années 1980, en feuilletant les éditions photographiques est-allemandes. Elles proposaient des photographies de rockers. J’étais moi-même fan de cette musique américaine qui, sans être interdite, n’était pas officiellement autorisée…Les choses ont changé en 1985, l’année du Festival mondial des jeunes et des étudiants. C’était la première fois depuis les années 1950, qu’un événement culturel réunissait des jeunes et des artistes des deux blocs. C’est là que la réalité du mouvement rock soviétique a éclaté au grand jour.
C’est au milieu des années 1980 que j’ai commencé à créer ma premières série, Jeunes soviétiques. »
Igor Moukhin - Moscou Place Triumphalnaya 1995
LE STATUT DE LA PHOTO DANS LES ANNEES 1980
« Il y avait, en URSS, la photographie de propagande, qui assurait la promotion du régime socialiste, et la photographie illégale. Dans les années 1970-1980, des photographes soviétiques insoumis ont réalisé un travail très intéressant sur les prisons, sur le dernier campement tzigane de notre territoire… En photographiant la réalité de notre pays, cette génération nous a ouvert la voie. Moi, je photographiais des musiciens et des chanteurs rock, de jeunes punks… La jeunesse soviétique qui sortait un peu de l’ordinaire.
Au fil des années 1980, j’ai comméncé à travailler sur une deuxième série intitulée Propagande spectaculaire du régime soviétique, puis celle sur les Monuments soviétiques, pour laquelle j’ai silloné près de 110 villes de l’espace post-soviétique. »
PHOTOGRAPHIER MOSCOU
« En 1994, j’ai décidé de photographier la ville de Moscou. J’ai découpé la ville en à peu près 60 primètres thématiques :Centre-ville, Enfants & jardins, Fêtes, Manifestations & défilés, Neige, Nuit… J’ai élaboré ces séries sur plusieurs années. Mais je ne recherche pas l’exhaustivité. Mon objectif est plutôt de donner une direction à mon travail., de lui apporter une facture. »
NOIR ET BLANC
« En Inde ou à Zanzibar, il est possible de saisir de belles couleurs éclatantes et harmonieuses. Dans mon pays, je vois autre chose. Il y a peu de couleurs. Les gens préfèrent le noir, le gris est omniprésent et cel crée une atmosphère différente. En fait la couleur interfère avec mon intention. »
in La Russie d’Igor Moukhin, photographies de 1987 à 2011
Texte de Christian Gattinoni, éditions Loco, 2013