© Denis Dailleux / Agence VU'
Galerie du Passage 20-26 Galerie Vero Dodat F-75001 Paris France
Image christique par excellence, le fils repose torse nu près de sa mère. Pourquoi cette image du rapport mère-fils nous émeut tant ? Parce que le fils par sa nudité est fragile comme à la naissance ? Parce que la mère semble comblée par ce fils qui la complète ?
Entre Jésus et Œdipe, ces images de nos racines méditerranéennes nous frappent car elles sont de la nuit des temps, et en même temps au cœur de la psyché moderne. Fusionnel et distancié, cet équilibre affectif est saisi avec toute la sensibilité du photographe Denis Dailleux (membre de l’Agence VU’) reprend les protagonistes là où le temps les a façonnés. Les fils, chair attendue et bénie se libère physiquement du carcan géniteur tout en restant sous l’emprise de ce germoir qui fut assez puissant pour leur donner la vie. Gonflés d’orgueil et de ten- dresse, ils sont protecteurs, soumis ou juste vivants au plus près de leur reine de Sabbat, qui parfois les dévorent depuis leur premier souffle. Pour exister, elles n’ont besoin de ne rien montrer d’autre que ces dédoublements réussis, ces diadoques éphémères, ces saltimbanques appliqués, ces bâtisseurs intrépides, ces lettrés malabars. Denis Dailleux détourne l’ordre établi des bienséances de circonstance, les clichés nous troublent, un voyeurisme latent nous renvoie aux scènes tant et tant répétées des cultes qui s’entrecroisent, où le péché, le pardon, l’absolution, et la rédemption guident nos chemins de traverse vers un monde affectif qui se dérobe pour mieux renaître.
Denis Dailleux nous offre des questionnements inattendus où sa prescience opportune comble sciemment nos perceptions les plus hétérogènes. Devant ces mères apparemment plus dociles, qui prennent le pouvoir à travers leur fils, le photographe nous signifie que la partition du néant s’écrit toujours au masculin.
© Denis Dailleux / Agence VU'
© Denis Dailleux / Agence VU'
Photos et vignette © Denis Dailleux / Agence VU'