Mort d'un Soldat républicain © Robert Capa
Robert Capa, déclaré le 3 décembre 1938 par la revue Picture Post comme étant « le plus grand photographe de guerre du monde » aurait eu 100ans aujourd'hui. Cet anniversaire est l'occasion de revenir sur le parcours aussi bref ( il meurt à l'âge de 41 ans) qu'admirable de l'un des cofondateurs de la coopérative photographique Magnum.
Né Endre Erno Friedmann, voit le jour à Budapest. Dès l'âge de 17 ans, il s'engage dans des actions politiques auprès d'étudiants de gauche. A la suite d'une arrestation, il est expulsé de son pays natal et s'exile à Berlin. Il y couvrira son premier sujet : Léon Trotski. En 1933, l'arrivée au pouvoir d'Hitler contraint le juif hongrois à s’expatrier de nouveau : il fuit vers Vienne puis Paris. Sa transhumance prend fin en 1939 : le photographe rejoint sa mère et son frère à New-York. Il obtient la nationalité américaine sept ans plus tard. Endre se rêvait déjà américain lors de son séjour en France. Dès 1935, il se proclame d'origine américaine et prend le nom de Robert Capa, dans l'espoir de vendre plus facilement ses photographies.
A l'époque, le journaliste couvre les événements les plus importants de son temps pour les supports les plus renommés (Life, Colliers...). Il suit la guerre civile espagnole, durant laquelle il prend l'un de ses plus fameux clichés: Mort d'un soldat républicain. Il couvre également la guerre sino-japonaise et l'opération Husky (le débarquement des troupes britanniques, américaines et canadiennes en Sicile). Durant la seconde guerre mondiale, il emboite le pas aux troupes américaines, marchant à travers toute l'Europe, vers la libération.
Tout au long de sa carrière, Robert Capa recherche avec ferveur et obsession l'image qui reflètera au mieux la guerre, sa fatalité, et son flot de souffrances. En ce dessein, il ira toujours au plus près des sujets qu'il photographiera, au cœur même de l'action meurtrière.
Souvent floues ou mal cadrées du fait de sa proximité avec les sujets, ses images transcrivent parfaitement l'horreur de la guerre, le basculement des vies, la chute des hommes : « Si une photo n'est pas assez bonne, c'est qu'elle n'est pas prise d'assez près » expliqua un jour l'artiste.
Son mantra : il lui faut se mettre en danger lui-même pour que son cliché rende comte avec le plus de fidélité possible de ce danger.
Thierry Grillet expliquera ce nouveau rapport au champ de bataille dans un texte intituléhttp://expositions.bnf.fr/capa/arret/1/index2.htm">, publié sur le site de la Bnf : « Cette quête et enquête sur la guerre s’affirme avec d’autant plus de force, dans le champ de la photographie, qu’historiquement elle a longtemps échappé à l’objectif. Temps de pose trop longs, lourdeur du matériel qui empêche un déplacement rapide, les photographes du XIXe siècle doivent se contenter de vues a posteriori. Sur le champ de bataille, mais hors le temps de la bataille. Seuls sont visibles les fantômes et misères de la guerre – blessés et morts, vues inertes qui renouent avec une esthétique de la ruine, mais rien de la présence réelle, rien du choc, de la charge, de l’affrontement. Avec les nouvelles technologies de l’instantané, Capa – et les autres correspondants de guerre – se fraye un chemin jusqu’à l’action et en renouvelle l’écriture. »
Robert Capa marche sur une mine lorsqu'il couvre la guerre d'Indochine en 1954. Il décèdera à l'endroit même où il a vécu le plus intensément, sur le champ de bataille. Depuis 1955, le Prix Robert Capa récompense « le meilleur grand reportage photographique publié ayant requis un courage et une initiative exceptionnels ».
Ce matin, http://expositions.bnf.fr/capa/arret/1/index2.htm"> une importante découverte : l'enregistrement d'une interview donnée par Robert Capa en octobre 1947 pour une radio New-yorkaise vient d'être retrouvé. Ce document serai à ce jour la seule archive sonore qu'il reste du photojournaliste.
Ismène Bouatouch