Autoportrait au rolleiflex © Raymond Depardon
Grand Palais Galeries nationales du Grand Palais Champs-Elysées 75008 Paris France
Cette exposition est réalisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en collaboration avec Magnum Photos
La couleur apparaît dans l'œuvre de Raymond Depardon dès les premières images. Il a alors 16 ans. Depuis, elle l'accompagne dans tous les moments forts : les années de découverte de la photographie, les premiers voyages en Afrique, les grands reportages, puis plus récemment "un moment si doux" qui donne à l'exposition son titre. L'exposition présente près de 160 photographies en couleur, la plupart sont inédites. Avec la couleur comme fil conducteur, elle invite à une déambulation dans l'œuvre et la vie de l'artiste depuis la fin des années 50 jusqu'à aujourd’hui.
Les années déclic
Je ne savais pas que j'étais un photographe de la couleur. Elle était pourtant là. Dès les premières images, Raymond Depardon.
Chez Raymond Depardon, la couleur est liée à l’enfance. Ses premières images sont celles de sa mère, des animaux de la ferme de ses parents, du tracteur rouge, de la toile cirée dans la cuisine. Il n'a pas encore 20 ans quand "il monte" à Paris, il s'installe dans l'arrière-boutique d'un photographe de l'Île Saint-Louis où il se photographie sur son scooter. Il devient photographe reporter, il photographie Edith Piaf, on l'envoie en Afrique, il découvre le monde. Depuis, la couleur accompagne sa curiosité.
Reporter
Dans les années 70 et 80, Raymond Depardon travaille pour de grandes agences ; Dalmas, Gamma, Magnum. Il photographie en couleur, il pense en couleur, questionnant l'être humain et la bonne distance avec le réel. Au Chili en 1971, à Beyrouth en 1978, à Glasgow en 1980 il ne cherche pas l'événement mais ce qui se passe autour, dans les marges. Ce sont des reportages fondateurs.
Chili
En 1971, deux ans avant la mort de Salvador Allende, il photographie les indiens Mapuches qui luttent pour vivre sur la terre de leurs ancêtres. Il observe les hommes qui travaillent les champs et pense alors à son père. Il a 28 ans, il interroge son rapport au monde et au sujet, il cherche une nouvelle voie.
Beyrouth
En 1978, envoyé par le magazine allemand Stern, c'est à Beyrouth qu'il choisit de prendre ses distances avec le reportage, il ne photographie pas la guerre civile mais ses conséquences. Raymond Depardon y reste un mois photographiant passionnément en couleur. Son reportage fera le tour du monde.
Glasgow
En 1980, à la demande du Sunday Times il part à Glasgow. Photographe du sud et du désert, Glasgow lui semble aux antipodes de sa photographie. Il découvre pourtant les lumières du nord, il s'en souviendra plus tard lorsqu'il photographiera le nord de la France. À Glasgow il se pose des questions d'anthropologue : comment éviter l'exotisme, quelle distance adopter? Dans les grandes villes Raymond Depardon se sent comme un exilé de l'intérieur, jeune homme il en a souffert à son arrivée à Paris. Glasgow qui ne sera jamais publié anticipe le travail sur les grandes villes qu'il expose à la Fondation Cartier pour l'art contemporain en 2004.
Un moment si doux
C‘est dans les années 2000 que la couleur réapparaît et s'impose, elle n'est plus liée au reportage, à la presse, à l'événement mais à la quête d'une vérité de soi, à la recherche du bonheur, d'un endroit où vivre, d'un commencement. Depardon redécouvre les lumières et les couleurs de l'Ethiopie, de l'Amérique du Sud et des palmeraies tchadiennes. Il est spécialement revenu cette année dans 5 pays (Ethiopie, Tchad, Bolivie, Hawaï et Etats-Unis) afin de réaliser une nouvelle campagne de photographies pour l’exposition. "Un moment si doux" dessine alors une approche plus silencieuse, plus intériorisée, plus mentale. Raymond Depardon est maintenant à la recherche, selon la formule de Clément Rosset, de la "douceur du réel".
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commissaire : Hervé Chandès, Directeur Général de la Fondation Cartier pour l’art contemporain
scénographie : agence bGc
Glasgow, Ecosse, 1980 © Raymond Depardon
Raymond Depardon
A Sweet Moment
An exhibition organised by the Réunion des musées nationaux – Grand Palais in collaboration with Magnum Photos
Colour appeared in Raymond Depardon's first photographs from the very start. He was only sixteen. Since then, colour has been part of the highlights of his career: the years discovering photography, the first trips to Africa, the great reportages, then recently this "sweet moment" which gives the exhibition its title. The exhibition presents about 160 colour photographs, most unpublished. Taking colour as a guideline, it explores the artist's work and life from the late 1950s to the present day.
First clicks
I did not realise I was a colour photographer. And yet it was there. From the very first pictures. Raymond Depardon.
For Raymond Depardon, colour is linked to childhood. His first pictures were of his mother, the animals on his parents' farm, the red tractor, the kitchen tablecloth. He was not yet twenty when he "went up" to Paris and moved into the back room of a photographer's shop on Saint Louis Island, where he took a snap of himself on his scooter. He became a photo reporter, he photographed Edith Piaf, he was sent to Africa, he saw the world. Since then, colour has been part of his way of looking at things.
Reporter
In the 1970s and 1980s, Raymond Depardon worked for big agencies: Dalmas, Gamma, Magnum. He took colour photos, thought in colour, questioning human beings and the right distance from reality. In Chile in 1971, in Beirut in 1978, in Glasgow in 1980 he focused not on events but what was happening around them. These are fundamental reportages.
Chile
In 1971, two years before Salvador Allende died, he took photos of Mapuche Indians fighting to live on the lands of their ancestors. He watched men labouring in the fields and thought about his father. He was 28, wondering about his relationship to the world and to the subject. Looking for a new path.
Beirut
In 1978, in Beirut on an assignment for the German magazine Stern, he turned away from reportage. He did not photograph the civil war but its consequences. Raymond Depardon stayed there for a month, photographing passionately in colour. His reportage went round the world.
Glasgow
In 1980 the Sunday Times asked him to go to Glasgow. To a photographer of the south and the desert, Glasgow seemed to be at the antipodes of his photography. And yet he discovered the northern light, and remembered it later when he photographed the north of France. In Glasgow he functioned like an anthropologist: how could he avoid the trap of exoticism? What distance should he take? In large cities, Raymond Depardon feels like an inner exile, as a young man he found it hard to find his foothold in Paris. The photos taken in Glasgow were never published but they heralded the work on the big cities that he showed at the Cartier Foundation for Contemporary Art in 2004.
Such a sweet time
In the 2000s colour reappeared and took over. It was no longer related to reportage, the press and news stories, but to a quest for personal truth, the search for happiness, a place to live in, a beginning. Depardon rediscovered the light and colour of Ethiopia, South America and the palm groves of Chad. This year, he specially returned in five country (Ethiopia, Chad, Bolivia, Hawaii and United States) in order to realise new photographies for the exhibition. "A sweet moment" reveals a quieter, more inward, more intellectual approach. Raymond Depardon is now, to quote Clément Rosset, looking for the "sweetness of reality".
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curator: Hervé Chandès, General Manager of the Cartier Foundation for Contemporary Art
designer : bGc studio agency
Lalibela, Ethiopie, 2013 © Raymond Depardon
Raymond Depardon
Un momento tan dulce
Esta exposición está organizada por la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en colaboración con Magnum Photos
El color aparece en la obra de Raymond Depardon desde las primeras imágenes. Tiene entonces 16 años. Desde ese momento, le acompaña en todos los momentos importantes: los años de descubrimiento de la fotografía, los primeros viajes a África, los grandes reportajes y, más recientemente, en este «momento tan dulce» que da título a la exposición.
La exposición presenta unas 160 fotografías en color y la mayoría son inéditas. Tomando el color como hilo conductor, invita a dar un paseo por la obra y la vida del artista desde finales de los años 50 hasta nuestros días.
Los años clave
Yo no sabía que fuera un fotógrafo del color. Sin embargo, ahí estaba. Desde las primeras imágenes, Raymond Depardon
En la vida de Raymond Depardon, el color está ligado a su infancia. Sus primeras imágenes son las de su madre, las de los animales de la granja de sus padres, el tractor rojo, el hule de la cocina... No tiene aún 20 años cuando decide «subir» a París e instalarse en la trastienda de un fotógrafo de Île Saint-Louis, donde se fotografía en su scooter. Se convierte en fotógrafo reportero: fotografía a Edith Piaf, le envían a África, descubre el mundo...
Desde entonces, el color acompaña a su curiosidad.
Reportero
En los años 70 y 80, Raymond Depardon trabaja para grandes agencias: Dalmas, Gamma y Magnum. Toma instantáneas en color, piensa en color, cuestionando al ser humano y la distancia adecuada con la realidad. En Chile en 1971, en Beirut en 1978, en Glasgow en 1980... No busca el acontecimiento en sí, sino lo que ocurre alrededor, en los márgenes. Se trata de reportajes innovadores.
Chile
En 1971, dos años antes de la muerte de Salvador Allende, fotografía a los indios mapuches que luchan por vivir en la tierra de sus ancestros. Observa a los hombres que trabajan el campo y se acuerda de su padre. Tiene 28 años, se hace preguntas sobre su relación con el mundo y con el individuo; busca una nueva vía.
Beirut
En 1978, enviado a Beirut por la revista alemana Stern, decide distanciarse del reportaje; no fotografía la guerra civil, sino sus consecuencias. Raymond Depardon pasa allí un mes fotografiando apasionadamente en color. Su reportaje dará la vuelta al mundo.
Glasgow
En 1980, por petición del Sunday Times, pone rumbo a Glasgow. Como fotógrafo del sur y del desierto, Glasgow le parece las antípodas de su fotografía. Sin embargo, descubre las luces del norte, que recordará más adelante cuando fotografía el norte de Francia. En Glasgow se hace preguntas de antropólogo: ¿cómo evitar el exotismo, qué distancia adoptar? En las grandes ciudades, Raymond Depardon se siente como un exiliado del interior; de joven ya experimentó este sentimiento al llegar a París. Las fotos de Glasgow, que nunca serán publicadas, anticipan el trabajo sobre las grandes ciudades que expone en la Fondation Cartier pour l'art contemporain en 2004.
Un momento tan dulce
A comienzos del siglo XXI, el color vuelve a aparecer y se impone. Ya no va ligado al reportaje, a la prensa, al acontecimiento, sino a la búsqueda de una verdad sobre sí mismo, de la felicidad, de un lugar donde vivir, de un comienzo. Depardon redescubre las luces y los colores de Etiopía, de Sudamérica y de los palmerales chadianos. Este año regresó a cinco países (Etiopía, Tchad, Bolivia, Hawai y Estados-Unidos) expresamente para sacar nuevas fotografías para la exposición. «Un moment si doux» (Un momento tan dulce) dibuja, por tanto, un enfoque más silencioso, más interiorizado, más mental. Raymond Depardon busca ahora, según las palabras de Clément Rosset, «la dulzura de lo real».
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comisario : Hervé Chandès, Director Général de la Fondation Cartier pour l’art contemporain
escenografó : agence bGc studio
Puerto Eden, Chili, 2007 © Raymond Depardon
Bolivie, 2005 © Raymond Depardon
Photographies et vignette © Raymond Depardon