Camélias - Envol © Marie Rameau
Point Rouge Gallery 4 rue du Dahomey 75011 Paris France
Marie Rameau cherche à ce que l’on s’approche pour voir, comme pour écouter une confidence. Les petits formats de ses images happent l’attention du visiteur, captent son émotion... presque jusqu’à créer avec lui une certaine intimité.
Tirages argentiques sur papier gravure ou sur glace argentée, ses photographies sont encadrées de cuivre et deviennent presque des objets sous leur vitrine.
L’idée que l’on pourrait les mettre dans une poche lui convient.
Pologne © Marie Rameau
Contemplative, Marie Rameau photographie la nature. En promeneuse solitaire, elle parcourt inlassablement des chemins dont la part de mystère échappe au regard de la plupart d’entre nous. Dans ses images poétiques et intemporelles, la sensation de silence, peut être apaisante pour certains ou doucement inquiétante pour d’autres.
Ses tirages, épreuves aux sels d’argent, permettent une interprétation de l’image, un peu à la manière des pictorialistes. Cette douceur du noir et blanc évoque des souvenirs lointains. Chacun peut y reconnaitre un endroit, se remémorer un moment, ce n’est alors plus le lieu qu’elle a photographié que l’on voit, mais celui que l’image nous évoque.
Marie Rameau se reconnaît dans cette idée de la trace, de l’empreinte. Elle ne se départit pas de ce qu’il y a eu avant soi. Elle situe ses images dans la résurgence autant que dans le souvenir.
Nuage © Marie Rameau
Après les Paysages silencieux de l’an dernier, elle réunit cette fois plus de 150 petits formats. Les pieds dans la neige en sandales de soie évoque le contraste entre la rigueur de l’hiver et la fragilité de la soie, la froideur de la neige et la douceur de l’étoffe, le noir et le blanc, la réalité et le rêve, la mort et la vie ... N’est-ce pas cette fragilité de la vie qui engendre la soif de vivre...
Les pieds dans la neige en sandales de soie, ce sont des paysages de campagne hivernale, d’oiseaux qui s’envolent, de sous-bois et de bord de mer réalisés entre 2005 et 2012, tirés sur papier gravure, support sur lequel on raconte une histoire qui apparaît en filigrane, des images épistolaires adressées à quelqu’un qui n’a pu être présent le jour de la prise de vue. Mais aussi une centaine de pièces récentes réalisées en janvier et février 2013, accrochées en nuage, mettant ainsi en valeur la légèreté des images : paysages de bord de rivière, d’arbres les pieds dans l’eau, d’arbres sous la neige, de camélias en fleurs...
Et enfin, une série d’une cinquantaine d’images réalisées précisément entre le lundi 4 mars et le jeudi 7 mars. Présentées dans l’ordre de prise de vue : nuit d’abord, puis jour, puis nuit à nouveau... Ces images nostalgiques offrent la pérennité des souvenirs qui leurs sont attachés. Dans cette série, il y a des présences humaines, des traces de vie, de mouvement, contrairement aux deux précédentes dans lesquelles il n’y a que quelques silhouettes un peu fantomatiques.
Autriche © Marie Rameau
C’est le miroir, un support original, que Marie Rameau a choisi pour ces tirages, toujours dans cette envie que l’on entre dans l’image. La distance entre le tain et le dessus du verre, où se trouve l’image, créant une petite ombre, la profondeur en sera d’autant accentuée, apportant comme un supplément d’âme.
Agnès Voltz, Août 2013