Sergueï Mikhaïlovitch Procoudine-Gorsky 1863-1944 Le monastère de Théodore Stratilat, à Pereiaslavl-Zalessky, [printemps 1911] © Bibliothèque du Congrès Washington - collection Procoudine-Gorsky
Le 3 mai 1909, Sergueï Mikhaïlovitch Procoudine-Gorsky (1863-1944), pionnier d’un procédé de prise de vues restituant les couleurs avec une fascinante précision, est reçu au palais impérial à l’instigation du Grand duc Mikhaïl Alexandrovitch, à Saint-Pétersbourg.
Grand amateur de photographie, le tsar qui assiste à la projection, est émerveillé par les images qui apparaissent sur la grande pièce de tissu de plusieurs mètres, tendue pour l’occasion. A l’issue de la projection, Procoudine-Gorsky obtient de sillonner l’Empire et de s’engager dans l’ambitieux travail de reportage dont il rêvait.
Installé à bord d’un wagon spécialement aménagé, empruntant un bateau à faible tirant d’eau, souvent seul moyen de progression possible, Procoudine-Gorsky réalise entre 1909 et 1916, des milliers de clichés sur verre ; voyage dans les régions de l’Oural, de la Volga, de Mourmansk, en Sibérie, au Daghestan, dans le Caucase, au Turkestan, séjournant dans les villes mythiques de Boukhara et de Samarkand.
Sorties de Russie en 1918, près de 2000 de ces plaques de verre furent acquises par la Bibliothèque du Congrès à Washington, en 1948. Les images dont elles sont le support fragile, stockées dans des malles, demeuraient ignorées depuis près d’un siècle.
La puissance d’évocation d’une centaine d’entre elles, que seule la technologie du virtuel permet aujourd’hui de restituer, est à découvrir cet automne au musée Zadkine, en l’année de commémoration du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Procoudine-Gorsky.
Etonnamment contemporaines, ces images d’une Russie d’avant la Révolution, sont celles d’une Russie qui fut pour partie celle de Zadkine, né à Vitebsk, en 1890. Leur présentation sur les lieux où celui-ci vécut est une invitation à un saisissant voyage, à la croisée d’une double géographie. Celle d’un monde que l’on croyait à jamais disparu et d’un territoire – la mémoire emportée par un artiste de sa terre natale - que l’on ne pouvait imaginer atteindre. L’un et l’autre se trouvant révélés par la magie d’images abolissant le temps, qui, à un siècle de distance, par la grâce de leurs couleurs, font se conjuguer le passé au présent.
Avec le soutien du Crédit Municipal de Paris
Sergueï Mikhaïlovitch Procoudine-Gorsky 1863-1944
Tour de signal du village de Bourkovo, [juillet-août 1909]
© Bibliothèque du Congrès Washington - collection Procoudine-Gorsky/Famille Procoudine-Gorsky
Sergueï Mikhaïlovitch Procoudine-Gorsky 1863-1944
Meule de foin, [juillet-août 1909]
© Bibliothèque du Congrès Washington - collection Procoudine-Gorsky/Famille Procoudine-Gorsky
Sergueï Mikhaïlovitch Procoudine-Gorsky 1863-1944
La Volga à sa source, [printemps 1910]
© Bibliothèque du Congrès Washington - collection Procoudine-Gorsky/Famille Procoudine-Gorsky
Sergueï Mikhaïlovitch Procoudine-Gorsky 1863-1944
Karagach – orme sacré – près de Samarkand, [automne 1911]
© Bibliothèque du Congrès Washington - collection Procoudine-Gorsky/Famille Procoudine-Gorsky