© Tomoko Kikuchi, Guimei at the mirror, Chongqing, 2007, Courtesy of Galerie Da-End
Dans
le
cadre
de
son
cycle
d’expositions
dédiées
à
la
photographie
japonaise,
la
Galerie
Da‐End
présente
Mujô‐Kan,
une
édition
axée
cette
année
sur
la
notion
d’impermanence.
Réunissant
sept
artistes
contemporains,
Mujô‐Kan
revisite
le
thème
du
corps
humain
selon
un
angle
autant
philosophique
que
plastique.
Dans la pensée bouddhique, la notion d’impermanence (Mujô‐Kan en japonais) implique une conscience aigue de l’éphémérité des choses. Un memento mori sans fatalisme et plus en prise avec le réel et l’instant. Premiers témoins du passage du temps, le visage et le corps humain constituent depuis toujours l’un des sujets d’études favoris des photographes. Les artistes de l’exposition Mujô‐Kan, Tomohide Ikeya, Tomoko Kikuchi, Ken Kitano, Daïdo Moriyama, Satoki Nagata, Sakiko Nomura et Satoshi Saïkusa partagent un attrait particulier pour le corps qu’ils subliment ou désacralisent, examinent en détail ou au contraire dématérialisent.
Tomohide
Ikeya,
dans
sa
série
Breath,
projette
le
corps
dans
un
univers
aquatique
qui
le
fascine.
La
masse
liquide
pesant
sur
l’être
semble
être
à
la
fois
enveloppante
et
protectrice
mais
aussi
asphyxiante
et
prédatrice.
En
un
mouvement
arrêté,
le
photographe
saisit
le
rapport
ambigu
de
l’homme
avec
cet
élément
vital,
oscillant
entre
harmonie
et
danger.
© Tomohide Ikeya, BREATH # 116 Nobuyoshi Asai, 400mm x 1050mm, 2011. Courtesy of Galerie Da-End
Satoki Nagata traite, quant à lui, de la disparition de la matière. Sous l’effet des longs temps d'exposition dont il a fait sa marque de fabrique, les corps photographiés perdent leur substance et révèlent toute la fragilité de l'existence humaine. Ses clichés nocturnes n’immortalisent pas des individus en soi mais davantage des ombres en errance, perdues dans la ville.
© Satoki Nagata, 15. Chicago Avenue, chicago, 180x240mm, 2013. Courtesy of Galerie Da-end
Avec
la
série
Portrait
Of
Our
Face,
Ken
Kitano
(°1968)
cherche
à
dégager
les
contours
de
ce
qui
fait
l’individualité
du
«moi».
Pour
ce
faire,
il
superpose
au
sein
d’une
même
image
des
dizaines
de
portraits
d’anonymes
appartenant
à
un
même
groupe
social.
© Ken Kitano. 29. Children practicing their pilgrimage to Mecca October 4, 2010, Public park in Banda Aceh, indonesia, 355x279mm, 2010. Courtesy of Galerie Da-End
Sakiko
Nomura
nous
confronte
à
la
fragilité
de
l'être
en
nous
propulsant
dans
l'intimité
d'inconnus
qu’elle
met
à
nu,
tant
physiquement
qu’émotionnellement.
Dans
l’intimité
partagée
de
la
chambre,
l’artiste
retranscrit
les
peurs
les
plus
enfouies
de
ses
modèles,
leur
mélancolie
solitaire
ou
leur
intense
besoin
de
l’autre.
© Sakiko Nomura, Sans Titre, 356x432mm. Courtesy of Galerie Da-End
Daïdo Moriyama, pour sa part, pose un regard cru et sans concession sur le corps, qu’il immortalise ici nu et sur le vif. D’un érotisme glacé, ses photographies font appel à une mise en scène attentive pour un rendu trouble et instantané.
© Daido Moriyama, Sans Titre (1969), 356x432mm, 2011. courtesy of Galerie Da-end
Avec la rigueur du praticien, Satoshi Saïkusa ausculte ses sujets et révèle son obsession pour le temps qui passe. Dans la série Nippon Konchuki, il découpe et punaise le corps des jeunes femmes photographiées tels des papillons capturés et conservés dans des boîtes entomologiques.
© Satoshi Saikusa, Louise 1, 230x300mm, 2013. Courtesy of galerie Da-End
Tomoko Kikuchi documente, elle, depuis de longues années le quotidien de travestis vivant en Chine. Les corps qu’elle donne à voir sont des corps en transformation, modifiés temporairement grâce aux artifices du maquillage ou plus définitivement grâce à la chirurgie. En gagnant la confiance de ses modèles dans le temps, la photographe arrive à dépasser les simples questions de genre et de sexualité pour au final montrer la vie marginale de jeunes gens en quête de reconnaissance et d’amour. kiku