Memory of trees, 2007 A flock of birds flies over the coast of Lake Van in eastern Turkey where the largest population of Turkey's Armenians had been living for centuries. © Kathryn Cook – Agence VU
Comment photographier ce qui n’est plus et ce qu’on a tenté d’effacer ? Depuis sept ans, Kathryn Cook mène un patient travail sur les traces du génocide des Arméniens – le premier de l’histoire du XXe siècle – qui a causé la mort de plus d’un million d’Arméniens en Turquie.
Avec une écriture photographique contemporaine, où le poétique côtoie le documentaire, elle parvient à dénouer les fils d’une histoire parcellaire, faite de non-dits et de dénis, à travers les témoignages d’Arméniens et de Turcs rencontrés en Arménie, en Turquie, au Liban, en Syrie, en Israël ou à Marseille. Elle s’attache ici aux vestiges de cet héritage qu’elle inscrit dans une narration éblouissante mêlant photographies en noir et blanc et en couleurs.
Avec cet exceptionnel travail, elle établit une relation nouvelle à la question de la représentation de la souffrance et du malheur, procédant par allitérations et symboles.
Memory of trees, 2012
Along the deportation route in Syria, between Aleppo and Deir-Zor.
© Kathryn Cook – Agence VU
Le titre Memory of Trees, « Mémoire des arbres », fait référence au village turc d’Ağaçlı, à l’est de la Turquie, que Kathryn Cook a longuement photographié et qui est en quelque sorte la métaphore de sa démarche artistique. En turc, Ağaçlı signifie « avec des arbres », ou « place des arbres ». Ce village qui était arménien avant 1915 est aujourd’hui habité par une majorité de Kurdes qui font renaître la tradition du tissage de la soie comme le pratiquaient autrefois les Arméniens.
Kathryn Cook
Née en 1979 aux États-Unis, vit à Rome. Ses photographies paraissent régulièrement dans la presse (The New Yorker, The New York Times, Time, Stern, Le Monde 2, The Independent...) et ont reçu plusieurs récompenses presti- gieuses dont le Inge Morath Award (2008), le Aftermath Project Grant (2008), le Enzo Baldoni Award (2008), le Alexia Foundation Grant (2012). Pour achever le travail exposé à Marseille, elle a bénéficié du programme des Ateliers de l’Euroméditerranée (Marseille-Provence 2013). Ses photographies approchent la topographie, la mémoire, l’oubli et montrent subtilement comment la compréhension d’un paysage évolue quand on sait ce qui s’y est passé. Bien plus qu’une simple documentation des faits, elles délivrent la charge émotionnelle de l’Histoire.
Memory of trees, 2008
Children play in the courtyard of the old İhlasiye Madresesi, or religious school, in Bitlis, Turkey. According to archive documents, Bitlis's population was roughly half Armenian before 1915.
© Kathryn Cook – Agence VU
Un livre, deux expositions, deux rencontres
Le Livre
Sortie le 4 octobre 2013
144 pages - 16 x 21 cm 70 photos NB et couleurs Couverture cartonnée sous étui Gardes à troi volets, livret intérieur Textes de François Cheval & Karin Karakas ̨lı Edition Le bec en l'air - 39 euros
Expositions & rencontres
MuCEM
Du 4 octobre au 18 novembre 2013
Vernissage le 4 octobre à 18h30, en présence de Kathryn Cook
Rencontre avec François Cheval lundi 7 octobre à 18h30
Rencontre avec Kathryn Cook, Julien Harounyan (JAF-Jeunesse arménienne de France), Karin Karakaas ̨lı, Guillaume Perrier, animée par Thierry Fabre (MuCEM)
lundi 11 novembre 18H30
MuCEM - Musée des civilisations de l’Europe de la Méditerranée 1 esplanade du J4 - 13002 Marseille
Musée Nicéphore-Niépce
du 14 février au 18 mai 2014
28 Quai des Messageries, 71100 Chalon-sur-Saône
Photos et vignette © Kathryn Cook – Agence VU