© Fausto Podavini
Fausto Podavini a découvert la photographie grâce à son père, qui l'a initié très jeune à ce qui est devenu, plus qu'une passion, une profession. « la photographie me permet de raconter des histoires, de les vivre et de les rendre vivantes pour ceux qui voient mes œuvres. J'ai toujours envie de découvrir, de comprendre ; je suis quelqu'un de curieux qui désire plus que tout partager mes expériences. La photographie me permets de me connaître mieux, de voir plus profondément en moi et d'essayer de faire sortir par le biais de mes photos des émotions privées. La photographie est à la fois personnelle et privée. C'est une forme universelle de communication, qui utilise un langage universel. »
Ainsi, pour son projet Mirella, c'est en images que Fausto Podavini traite de la question de Alzheimer. Mais au-delà de la maladie elle-même, c'est l'histoire de Luigi, atteint d’Alzheimer, et du dévouement, six ans durant, de sa femme, qui l'a épaulé et aimé jusqu'au bout. « J'ai photographié la maladie d'Alzheimer à travers la vie quotidienne de ceux qui aident les malades.
Une vie quotidienne faite d'objets et de signes , de gestes et d'attention, où jour après jour, l'incrédulité fait place à l'espoir et les souvenirs font place à la douleur. (…) Je ne voulais pas réaliser un travail uniquement sur la maladie, je voulais traiter le sujet d'une façon différente et c'est ainsi que « Mirella » est né. Raconter l'histoire à travers les yeux de ceux qui donnent les soins. »
© Fausto Podavini
© Fausto Podavini
Des scènes de vie, un quotidien, illustré en noir et blanc. Dur, noir, difficile à regarder, Mirella est aussi un reportage émouvant, juste et réalisé avec brio. Sans jamais tomber dans le pathos, le photographe dévoile avec douceur l'univers pesant dans lequel gravitent ces êtres que la maladie a choisi, et la façon dont l'entourage cherche à apaiser.
Les photographies de Fausto Podavini, (qui ont remporté le 1er prix du World Press Photo 2013 dans la catégorie « vie quotidienne » ndlr) sont entourées d'un halo d'amour qui apportent la touche de douceur nécessaire à la difficile réalité du quotidien des malades d’Alzheimer. Le photographe explique ce choix de sujet : « Les statistiques contenues dans le rapport annuel sur la maladie d'Alzheimer suggèrent que les personnes souffrant de démence sénile sont susceptibles de doubler dans les 20 prochaines années et on estime qu'il y en aura 65,7 millions en 2030 et 115,4 millions en 2050. La maladie continue à être sous-estimée et les ressources consacrées aux soins , les services , l'assistance et la recherche sont totalement insuffisants. Les pays doivent faire face à un grave manque de connaissance de la démence, ce qui impose un lourd fardeau pesant sur les familles et sur ceux qui fournissent des soins , qui n'ont souvent pas la connaissance de ce qui se passe à leurs proches. Bien que la démence affecte principalement les personnes âgées , il y a une tendance croissante de cas qui commencent avant 65 ans. Après 65 ans, la probabilité d'être touché par la démence double à peu près tous les 5 ans. Par conséquent les théories qui , jusqu'à il y a quelques années, considéraient la démence comme une maladie “normale” liée au vieillissement n’ont plus de crédibilité. »
© Fausto Podavini
© Fausto Podavini
Ainsi, pour aller plus loin dans la réalisation de son projet, Fausto Podavini fait appel à la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank, afin de réaliser l'ouvrage photographique, dernière étape de ce projet : « 11.700 euros pourront financer la publication du livre et il pourra être imprimé et distribué par « Silvana Editoriale », une maison d'édition en Italie et à l'étranger. Sans cela, le livre ne pourra pas être produit et le projet ne verra jamais le jour. De surcroît, le crowdfunding a été pensé pour être aussi une pré-commande du livre. Cela signifie que pour ceux qui donnent un certain montant, ils ont la possibilité de réserver un exemplaire du lire, d'avoir leur nom publié dans le livre en co-fondateur. (…) Une façon de souligner le fait que sans eux ce livre n'aurait jamais vu le jour ! »
© Fausto Podavini
© Fausto Podavini
Un projet qui tient à cœur au photographe, 4 ans de travail difficile, émotionnellement parlant : « Mirella est un important projet photographique, qui m'a pris des années à réaliser, dont le résultat est plus de quarante images, le livre en serait donc la conclusion appropriée. Cependant, l'aspect le plus important est qu'il n'y a pas de livre photographique sur le sujet. Ainsi, la création de celui-ci donnera l'occasion de soutenir autant que possible les informations sur le syndrome d'Alzheimer. On parle très peu de ce syndrome, et, si vous comparez au nombre de personnes concernées, il devrait y avoir plus d'échos. »
Pour soutenir ce beau projet photographique, et en faire ainsi partie, rendez-vous surhttp://www.kisskissbankbank.com/mirella">
Claire Mayer