Vienne 1981 © Charles Petit
Le goût de la photographie se transmet de génération en génération chez les Petit : de la grand-mère initiée par un grand blessé alors qu'elle était infirmière pendant la guerre 14-18, au père, travaillant à l'Optique de Précision de Levallois, fabricant en France du célèbre « Foca », jusqu'au fils Charles.
Charles Petit égrène volontiers les noms de ses appareils, comme pour vous raconter ses compagnons de route : le Kodak Brownie, le Foca, le Zenith, jusqu'au Nikon F, acquis, adolescent avec le fruit de la vente d'un livre de Man Ray trouvé au hasard de ses errances dans un couvent désaffecté dans le 5ème arrondissement.
A l’âge de 16 ans, Charles commence à vagabonder les rues de Paris, puis au gré des voyages, photographie Londres, Milan, Vienne. En 1984, Il devient directeur artistique du magazine Métal Hurlant et simultanément, passe du N&B au Kodachrome pour lequel il développera une passion qui prendra toute son ampleur sous le soleil de Los Angeles.
Charles Petit a dans la tête et dans les tiroirs des milliers d'images rangés en séries, fragments de vie dans la ville, faites ou restant à faire.
Paris 1980 © Charles Petit
Quel genre de photographe êtes-vous ?
Un photographe insatisfait, un photographe du samedi et du dimanche, obstinément accroché à l'argentique.
Quelles sont selon vous vos obsessions de photographe ?
La surprise de la perfection formelle du hasard, échappant à l’homme. L'ordre plus que le désordre, les moments d'harmonie attrapés au fil des promenades.
Des vieilles dames aux robes fleuries aux voitures californiennes aux carrosseries acidulées, vous pratiquez souvent le close up, comme si votre œil était avant tout attiré par des motifs ou des lignes ?
Je suis myope, diagnostiqué vers 7-8 ans, avant cela j'imaginais qu'au delà de quelques mètres le monde était flou.
D'où peut être mon goût du rapproché et à l'inverse, ma peur des montagnes. Pour la même raison, Los Angeles est un rêve, et New York un cauchemar. Quant aux motifs, il y a sûrement là une trace de mon passé de directeur artistique.
Vos images sont classées par décennie et par ville, ces grands ensembles sont comme des journaux de bord de vos déambulations et voyages, mais par leur abondance ils dépassent largement la sphère intime pour révéler le portrait d'une époque.
Vos images des années 1970 et 1980 par exemple ont-elles un écho différent pour vous aujourd'hui ? Vous arrive-t-il encore aujourd'hui d'en découvrir de nouvelles ou d'y surprendre quelque détail insoupçonné ?
Il m'arrive, c'est vrai, de découvrir des images que j'avais oubliées, je constate aussi que certaines de mes obsessions sont plus difficilement en accord avec notre époque. Aujourd'hui, je trouve plus de sujets dans les quartiers dits chics de Paris.
Ou encore en retournant par exemple en Italie dans des villes balnéaires qui ont su résister à l'uniformisation. J'étais à Venise il y a trois ans, je m'y sentais mal, désorienté par la taille des palais, leurs dimensions vertigineuses. Puis, j'ai pris une chambre d’hôtel au Lido, et soudain tout allait bien, les sujets photographiques étaient à leur place, m'attendant, j’étais à nouveau chez moi.
Los Angeles 1995 © Charles Petit
Raphaëlle Stopin
Dates clefs :
1958
Naissance à Montrouge
1970
Premières photographies
1974-1980
Ecole Estienne
1984 – 1986
Directeur artistique du magazine « Métal Hurlant »
1986 – 1989
Directeur artistique de l’agence de publicité « Dolci dire »
1990 – 2004
Co-fondateur de la sté de production « le Village »
2004 -2013
Co-fondateur de la sté de production de films publicitaires Yellow House – Dogandpony
Charles Petit remercie Christophe Eon, Jean Leclercq, & Corinne Lavastre (Laboratoire Janvier)
Publications - Expositions :
Portfolio Fifi Chachnil « Revue Magazine » 2008
Portfolio Paris 1980 « Revue Magazine » 2013
Exposition collective « Salles d’attente III » Galerie Laurent Mueller Paris
Site Internet :
Charlespetit.com