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Françoise Saur et ses « Contes du quotidien » au Château de Lunéville

Mardi 10 Septembre 2013 03:04:15 par actuphoto dans Expositions

© Françoise Saur
Expositions du 14/9/2013 au 17/11/2013 Terminé

Château de Luneville Place de la 2ème Division de Cavalerie 54300 Luneville France

Humanisme quotidien

Elles sont deux, elles nous font face, au premier plan, debout et cadrées en plan américain. Elles sont dans la cuisine, l’une aide l’autre à préparer le repas. Hormis la différence d’âge, presque rien ne les distingue. Velázquez a pris soin de mettre Marthe et sa servante au même rang, de les unir dans la communauté des gestes quotidiens.

La scène de genre (alors si commune, des Flandres jusqu’à Séville), il la propulse vers le tableau sacré par la paradoxale omniprésence de la trivialité quotidienne – qui tient ici le premier rôle, quitte à repousser l’iconographie biblique à un plan allusif. Certitude affirmée que l’humanité, vécue dans la simplicité partagée du quotidien, prévaut à tout, contient l’essentiel, condense l’universel et l’atemporel.

Appeler Le Christ chez Marthe à ouvrir une approche des photographies de Françoise Saur n'a rien du caprice.
La foi en l’homme que murmure le Velázquez sévillan, son attachement à dépeindre une humanité simple maillée de connivences, rejoignent le regard discret et bienveillant que toujours pose la photographe sur ses contemporains, et particulièrement ici dans cette série consacrée au service à la personne.

Convoquer plus largement ce que l’on nomme la « grande » peinture (sous-entendant : ancienne et digne de déférence) s’impose d’emblée. La frontalité des sujets, leur pose, leur regard, la place laissée à leur univers domestique, chaque photographie est un portrait inscrit dans l’héritage de la tradition picturale.

En outre, Françoise Saur organise ses images par groupes, déployant au mur de véritables polyptyques, dont les « panneaux » dès lors sont tributaires les uns des autres, l’ensemble concourant à établir une narration, comme le clame le titre générique. Aucune histoire cependant n’est édictée, Françoise Saur nous confie le soin de la générer, se tenant - de ce point de vue là et c’est bien le seul - à distance, affirmant comme les écrivains du Nouveau roman la distinction entre auteur et narrateur. Elle nous livr un choix fragmentaire mûrement réfléchi, fruits des histoires qu’elle (narratrice) a vécues intimement, mais dont l’aboutissement engendre de sa part (auteure) un propos élargi, une œuvre offerte à l’interprétation des spectateurs, puisqu’il s’agit de contes.

 

© Françoise Saur

 

Tel le lecteur qui s’identifie au narrateur, nous devons pour nous projeter dans ce récit nous réapproprier le contexte de la prise de vue, imaginer le hors-champ temporel c’est-à-dire le temps - supposé long - nécessaire au tissage d’une relation véritable avec les personnes photographiées, en bref construire une histoire - une fiction obligatoirement - qui soit nôtre. Peinture et photographie nous aident en cela : nous occupons la place de l’artiste. Nous sommes conviés dans un vis-à-vis, à la même hauteur que les personnes, nos regards se rencontrent, le sourire adressé à Françoise Saur nous est dorénavant destiné. L’échange est palpable. La durée s’installe.

Françoise Saur ne « mitraille » pas, pas plus qu’elle ne fait un reportage documentaire. Aucune vue en action. Le geste professionnel, c’est aux objets à l’évoquer par une métonymie savoureuse et poétique sur ce qui fait la richesse de ces métiers dédiés aux autres : l’empathie, la complicité (au point de brouiller la lecture : qui est qui ?), elle s’invite sans intrusion aucune, elle participe elle-même de cet élan en toute fraternité.
Elle accompagne ceux qui accompagnent.

En cela le thème est transcendé ; en cela le métier est magnifié. La notion de service retrouve là son plus beau sens, écarté de son doublet servant(e) qu’entache la triste restriction que servus a fini par recouvrir en latin.

À l’heure de l’essor exponentiel de ces métiers (aux multiples filières de formation) qui indexe la brutalité sociale de notre monde, Françoise Saur adresse un rappel salutaire de l’affinité qui toujours devrait sceller les hommes.

Pierre van Tieghem historien d’art

 

© Françoise Saur

 

 

 

Photos et vignette © Françoise Saur


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© Actuphoto.com Actualité photographique

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