© Sergio Larrain
Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France
Du 11 septembre au 22 décembre, la Fondation HCB présente une exposition exceptionnelle du photographe chilien Sergio Larrain. Cet ensemble retrace l’essentiel de son parcours singulier. Des images rares, une approche poétique, un photographe brillant qui a inspiré toute une génération de photographes.
L’exposition de la Fondation HCB, différente de celle des Rencontres d’Arles, présente sur deux étages, 128 photographies en noir et blanc, dont un ensemble précieux de tirages d’époque de la collection Magnum Photos et quelques inédits.
Les enfants abandonnés de Santiago, Londres, Paris, l’Italie, Valparaiso et l’Amérique du Sud en général comptent parmi les séries présentées. Dans les vitrines du deuxième étage, les visiteurs pourront découvrir la documentation sur les livres et les parutions dans la presse.
© Sergio Larrain
Au troisième étage, est présenté un album réalisé en 1995 par Sergio Larrain. Il réunit textes, dessins et photographies – sa cosmogonie personnelle – et concentre toutes les préoccupations des dernières années de sa vie
Cette exposition est accompagnée d’une monographie très complète publiée aux Éditions Xavier Barral.
A propos de Sergio Larrain
Sergio Larrain (1931-2012) grandit dans une famille de la haute société chilienne. Son père, architecte est très sensible à l’art et tout le milieu culturel de l’époque se retrouve dans la maison familiale pour débattre sur les idées modernistes. La bibliothèque familiale est très riche, composée de livres d’art, architecture et littérature. Cet ensemble permettra à Sergio Larrain d’éduquer son œil et de développer son goût pour l’art. Les relations avec son père sont difficiles et Sergio Larrain ne se sent pas à l’aise dans ce monde bourgeois et frivole.
En 1949, il décide de partir étudier aux États-Unis, d’abord en Californie puis dans le Michigan. Cette même année, il achète, à crédit, son premier Leica, A l’époque, j’ai acheté mon premier appareil sans imaginer que la photographie allait devenir mon métier. En 1951, suite au décès accidentel de son jeune frère, Sergio Larrain, qui a abandonné ses études aux Etats-Unis, décide d’accompagner sa famille dans un long voyage qui les mènent en Europe et au Moyen-Orient. Suite à ce périple, il se recentre sur la photographie et s’installe à La Reina où il s’intéresse à la philosophie orientale et pratique de longues séances de méditation. Cet éloignement est compromis en 1952 par le service militaire obligatoire qui lui laisse de mauvais souvenirs : Au sein du régiment, je me sentais humilié, brutalisé. Tout ce à quoi j’aspirais, c’était un peu de tranquillité.
Il se lance alors dans son premier travail conséquent en s’intéressant aux enfants abandonnés de Santiago qui errent dans les rues et sur les rives du fleuve Mapocho. Comme le souligne Gonzalo Leiva Quijada dans son essai, à travers son objectif, son regard de compassion saisit ces exclus qui deviennent des personnes. Sergio Larrain ne fait qu’un avec eux. Il est leur ami, leur alter ego, lui aussi vagabond, découvrant l’invisibilité. En 1954, Sergio Larrain devient photographe free-lance et décide d’envoyer un portfolio de ses meilleurs clichés à Edward Steichen au MoMA qui lui achète quatre tirages. Deux ans plus tard, il devient photographe pigiste pour le magazine brésilien O’Cruzeiro Internacional.
Très concerné par la scène culturelle de Santiago, Larrain se lie d’amitié avec de nombreux artistes chiliens. Il voyage avec l’artiste américaine Sheila Hicks dans le sud du Chili à la fin de 1957. Le fruit de ce voyage sera présenté en 1958 lors d’une exposition commune au Palacio de Bellas Artes de Santiago puis à Buenos Aires. Dès 1952, Larrain réalise ses premières images de Valparaiso et rend un vibrant hommage à la ville qu’il qualifie de balcon chilien face au Pacifique. Il retournera plusieurs fois dans cette ville jusqu’en 1963 pour obtenir, au fil des ans, un essai photographique d’une puissance exceptionnelle.
Photographies et vignette © Sergio Larrain