© Davide Monteleone, agence VII photo, pour le Prix Carmignac du photojournalisme.
Le thème proposé aux photographes pour cette quatrième édition était la Tchétchénie, épicentre d’une violence exacerbée et qui reste, après les conflits des deux décennies précédentes, le théâtre d’une grande détresse humaine. Le photographe italien Davide Monteleone a choisi d’illustrer la mise en péril de l’identité tchétchène derrière l’apparence de calme et de prospérité savamment entretenue par le régime autocratique de Ramza Kadyrov. Il a séjourné en Tchétchénie de décembre à avril 2013.
Son travail sera exposé du 8 novembre au 4 décembre 2013 à la Chapelle de l’Ecole des Beaux-arts de Paris.
En 2009, la Fondation Carmignac crée le Prix Carmignac Gestion du Photojournalisme, qui finance chaque année un reportage de plusieurs mois sur un thème proposé.
En soutenant le travail en profondeur des photojournalistes, dont l’activité traverse une grave crise de financement, Carmignac Gestion a voulu donner les moyens à des témoins essentiels du monde contemporain d’aller là où les autres ne vont pas. Sa mission est de promouvoir une approche humaniste et d’apporter un regard différent sur des enjeux géostratégiques complexes dans des régions du monde sujettes à des tensions extrêmes.
En 2009, le photographe allemand Kai Wiedenhöfer était désigné lauréat de la première édition, sur le thème de la bande de Gaza.
En 2010, le photographe italien Massimo Berruti a remporté la deuxième édition, sur le thème du Pachtounistan.
En 2011, le travail du photographe néo-zélandais Robin Hammond sur le thème du Zimbabwe était récompensé par le troisième prix Carmignac Gestion du photojournalisme.
© Davide Monteleone, agence VII photo, pour le Prix Carmignac du photojournalisme.
Entraînement de lutte dans le gymnase. Les portraits en arrière-plan de gauche à droite représentent : Akhmad Kadyrov, Vladimir Poutine et Ramzan Kadyrov. Akhmad Kadyrov a été le Grand Mufti de la République Tchétchène d’Itchkérie dans les années 1990 pendant et après la première guerre de Tchétchenie. Lorsque la seconde guerre éclata, il changea de camp, offrant ses services au gouvernement russe, et fut nommé Président de la République de Tchétchénie le 5 octobre 2003 par le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine. Le 9 mai 2004, à Grozny, la capitale, durant le Jour de la Victoire Soviétique, une explosion a lieu dans la section VIP du stade de football de Dinamo, lors d’une parade de mi-matinée, tuant Akhmad Kadyrov. Son fils, Ramzan, qui dirigeait sa milice, fut plus tard nommé Premier Ministre de Tchétchénie puis Président de Tchétchénie en mars 2007. Grozny.
Davide Monteleone (né en 1974) a commencé sa carrière de photographe en 2000 alors qu’il devient photojournaliste pour l’agence Contrasto. L’année suivante il déménage à Moscou où il y travaille en tant que correspondant. Cette décision jouera un rôle déterminant pour la suite de sa carrière.
Depuis 2003, Monteleone vit entre l’Italie et la Russie, menant à bien ses projets personnels. Il publia son premier livre Dusha, Russian Soul en 2007 suivi de La Linea Inesistente en 2009 et de Red Thistle en 2012. Il a reçu de nombreux prix pour ses travaux, dont plusieurs World Press Photo Prize et plusieurs bourses telles que la bourse "Aftermath" ou l’European Publisher Award. Ces dernières années, il réalise des travaux pour des journaux internationaux de renom, des fondations ou des institutions culturelles ; il expose et enseigne. Depuis 2011, Davide est membre de l’agence VII Photo.
© Davide Monteleone, agence VII photo, pour le Prix Carmignac du photojournalisme.
Célébration chrétienne orthodoxe de « kupanie v prorubi » (c’est un bain que l’on prend dans un trou creusé dans la glace) pendant l’Épiphanie. Il reste peu de chose de la religion orthodoxe en Tchétchénie. La plupart des minorités russes chrétiennes ont fui au début des années 1990 pendant la création de l’État Indépendant tchétchène par Djokhar Doudaïev. La majorité de la communauté orthodoxe vit dans le district de Naur, et fait partie des Cosaques. Avec la « normalisation » progressive de la Tchétchénie, les Russes ont quitté la République. La langue tchétchène, autrefois interdite, est désormais régulièrement parlée. La « tchétchènisation » menée par Kadyrov a conduit la communauté orthodoxe à migrer vers les républiques voisines et cette petite communauté est maintenant principalement employée dans la police ou l’armée. Depuis quelques temps, Kadyrov essaie d’intégrer les jeunes Russes dans les programmes pour la jeunesse : il leur donne de l’argent s’ils apprennent la langue tchéchène et se convertissent à l’islam et les envoie en Turquie pendant les vacances dans un club portant le nom de son père, le Club Kadyrov. Naur.
Le Prix Carmignac Gestion du photojournalisme
En 2009, la Fondation Carmignac crée le Prix Carmignac Gestion du photojournalisme, destiné à financer un reportage sur un thème donné, en prise directe avec l’actualité. Constitué d’une bourse de 50 000 euros, ce prix a pour objectif de favoriser un travail de photojournaliste en profondeur sur le terrain. Au- delà de la bourse, la Fondation Carmignac accompagne le lauréat après son reportage en lui offrant une exposition et une monographie. La Fondation se rend également acquéreur de quatre photographies issues de ce travail.
Un jury constitué de spécialistes de l’image et des questions géopolitiques sélectionne, chaque année, un projet. Le choix de traitement du thème annuel appartient aux photojournalistes qui pourront librement choisir un angle politique, économique, social ou culturel.
La mission du prix Carmignac Gestion du photojournalisme est de promouvoir une approche humaniste et d’apporter un regard différent sur des enjeux géostratégiques complexes dans des régions du monde sujettes à des tensions extrêmes.
La démarche entreprise doit s’inscrire clairement dans cette tradition du photoreportage humaniste consistant à interroger le réel avec sensibilité, à refuser de verser dans la caricature et la tyrannie de l’instantanéité, à étudier le contexte et appréhender la situation pour rendre compte de la réalité dans sa complexité.
En choisissant de soutenir une profession qui traverse une grave crise de financement, Carmignac Gestion a voulu donner les moyens à ces témoins essentiels du monde contemporain d’aller où les autres ne vont pas. En harmonie avec les principes qui animent ses équipes, Carmignac Gestion a pris le parti de défendre un regard personnel et engagé, par définition minoritaire et, pour cette raison même, indispensable.
Avec ce prix, Carmignac Gestion souhaite soutenir chaque année les photojournalistes qui, par leur travail, sont aux avant‐postes de l’événement et défendent les valeurs de courage et d’indépendance, de transparence et de partage qui nous sont chères.
© Davide Monteleone, agence VII photo, pour le Prix Carmignac du photojournalisme.
Les forces spéciales du « Bataillon Sever » (le bataillon du nord) s’entrainent pour les opérations de sécurité. La « Kadyrovtsy » : des milliers d’hommes armés dévoués au clan Kadyrov dont beaucoup d’anciens rebelles de la première et la seconde guerre militaire tchétchène, a été créée à l’origine comme garde personnelle de Akhmad Kadyrov, malgré le fait qu’à l’époque il n’avait aucun statut juridique officiel. Après qu’Akhmad Kadyrov a été tué, le service de sécurité fut démantelé et la plupart des hommes intégrèrent les équipes du Ministère de l’Intérieur tchétchène. Deux unités ont été créées : le « Akhmad Kadyrov » le second régiment de patrouille routière de la police et le « Régiment du Pétrole », plus tard appelées « Bataillon Nord » et « Bataillon Sud ». Depuis 2008, Ramzan Kadyrov contrôle toutes les forces tchétchènes et a placé d’anciens commandants de sa milice aux postes les plus importants de l’Etat. Les deux unités de sécurité sont impliquées dans de prétendues « opérations anti-terroristes », mais selon certaines organisations, elles ont souvent violé les droits de l’homme. Grozny.
© Davide Monteleone, agence VII photo, pour le Prix Carmignac du photojournalisme.
Une jeune fille priant dans l’unique médersa de filles officielle de Tchétchénie et de Russie. C’est une des plus vieilles médersas, ici les jeunes filles et les femmes peuvent étudier la religion musulmane. Cela fait 13 ans qu’elle est opérationnelle, car par le passé, avant l’approbation totale de Ramzan Kadyrov, l’école fut réduite en cendres par les autorités fédérales de Russie. Grâce à Aimani Kadyrova, Présidente de la fondation publique régionale portant le nom de Akhmat-Khadji Kadyrov, la médersa possède désormais son propre bâtiment avec tout l’équipement nécessaire à la formation. Un habitant du village déclare : « Je me souviens de l’époque où le Président Djokhar Dudaïev clamait que nos filles n’avaient pas besoin d’écoles mais de médersas et que cette déclaration avait causé une vague d’indignation au sein de la République. Djokhar Dudaïev était critiqué partout et par tout le monde. Les gens disaient qu’il ne cherchait pas à ce que nos enfants reçoivent une bonne éducation, que les droits des femmes avaient été violés et j’en passe. Aujourd’hui, allez savoir pourquoi, personne ne proteste contre les médersas de femmes, contre le port obligatoire du voile pour les jeunes femmes, ou contre l’introduction de certains éléments de la Charia. Au contraire, toute la population remercie le gouvernement et plus particulièrement Ramzan Kadyrov pour cela. Le regard que l’on porte sur la vie a considérablement changé ces vingt dernières années dans notre République ». Chiri-Yurt.