© Jacques Cousin
Dans le cadre de l’exposition «Jardins de Lumière» un stage intensif de 5 semaines intitulé «Du collodion à l’exposition» est organisé par Jacques Cousin et le Centre Iris, du 24 juin au 27 juillet 2013. Des stages courts d’initiation et de perfectionnement au collodion humide sont également proposés à partir de la deuxième quinzaine du mois d’août
Les stages : «Du collodion à l’exposition»
Dans le cadre de son exposition «Jardins de lumière», Jacques Cousin propose une formation de 5 semaines pour apprendre le procédé particulier du collodion humide, avec la réalisation d’un projet personnel suivi, et exposition en galerie... En septembre 2013 !
+ 3 stages courts d’initiation et de perfectionnement au collodion à partir de la deuxième quinzaine d’août 2013.
Ce sont donc deux réactions qui se combinent dans la série « Jardins de lumière » : une révolution historique, à l’échelle d’un pays, et un mouvement de révolte personnel et construit contre l’aseptisation du regard. Initiée en décembre 2010, la révolution du «Printemps arabe » gagne l’ensemble de la Tunisie durant toute l’année 2011, avant de s’étendre à l’Egypte, à la Libye et à une part importante du Moyen-Orient. Les images de cette Histoire en direct défilent à un rythme soutenu sur tous les écrans : télévisions, ordinateurs, tablettes et smartphones. Elles se volatilisent à mesure que de nouvelles images chassent les premières. La course à l’actualité imposée par les grands médias, la peur de ne pas être là au bon moment ou au bon endroit, poussent les photographes à couvrir cette histoire en marche quasi uniquement en numérique. Depuis plusieurs années, Jacques Cousin s’interroge sur l’acte photographique. Sur son « pourquoi » et son « comment » à l’heure de l’accélération folle induite par l’évolution technologique et la disparition de l’argentique. Son parcours photographique en agence l’a conduit dans de nombreux pays, principalement en Europe et au Proche-Orient. Ses sujets de prédilection sont liés à la religion et aux enjeux sociaux. En 2010, il ressent un besoin de « ralentir » le processus photographique pour mieux interroger ce médium. Le collodion humide sur verre * s’avérera être le procédé qui lui permettra de répondre au plus près à ce questionnement sur la photographie, sur la fabrication des images, sur leur finalité.
© Jacques Cousin
Alors qu’il ne s’est jamais rendu en Tunisie, qu’il n’en connaît pas particulièrement l’histoire, n’y a non plus d’attaches spécifiques, Jacques Cousin décide en octobre 2011 d’y partir, équipé d’une chambre photographique en bois et de plaques de verre. Dans ce voyage, Jacques Cousin ne recherche pas le témoignage ni le reportage, non plus une exploration esthétique, ni même artistique. «Jardins de lumière » se situe plutôt dans le champ documentaire, avec une vision d’auteur, personnelle. Avec ce procédé ancien, « alternatif » comme il est désormais « tendance » de le nommer, Jacques Cousin entend profiter de sa lenteur, de ses contraintes physiques pour retourner à la source photographique. Sortir de l’instantanéité et de la vitesse des techniques numériques et prendre le temps d’écrire les images.
Car il s’agit bien d’un processus proche de l’écriture littéraire que met en place le photographe avec l’utilisation du collodion : prendre le temps de construire son regard, observer avant de figer l’image, réfléchir à ce que l’objectif va capturer, puis, enfin, déclencher.
Il s’est écoulé 130 ans depuis que le collodion a été utilisé pour la dernière fois pour relater un événement majeur, une part de l’histoire en marche d’un pays, d’une société. Jacques Cousin n’est cependant pas un photographe engagé. Tout du moins, à l’origine... L’occasion de la révolution tunisienne a été pour lui avant tout une opportunité, presqu’un prétexte pour tenter d’approfondir ses recherches sur la photographie et sur le geste photographique. Même s’il avoue lui-même : « Cette histoire ne me concernait pas » , il est devenu par la photographie un témoin concerné, touché, ému. Paradoxalement, c’est une liberté photographique qu’il a décidé d’expérimenter par ce procédé contraignant. Une maîtrise technique dont lui seul pouvait s’affranchir par la pratique, la capacité à obtenir une représentation la plus proche possible de sa philosophie d’auteur. Il s’est évidemment pris au jeu, même s’il a su garder une distance entre ses sujets et lui. Rien d’anecdotique dans ses images uniques sur verre. Au delà de la force de cet ensemble que compose « Jardins de lumière», la volonté de Jacques Cousin était avant tout de s’éloigner de la normalisation technologique du numérique.
En effet, les boîtiers numériques sont verrouillés par des pré-réglages, des automatismes, qui malgré de multiples possibilités affichées, ont tendance à l’uniformisation, à l’aplatissement des images. C’est cette liberté, ce rapport intime et personnel à la photographie que Jacques Cousin retrouve avec le collodion.Une relation complexe et physique, un lien unique et profond entre l’outil et l’auteur. C’est peut-être inconsciemment que Jacques Cousin a choisi de couvrir le printemps tunisien, mouvement révolutionnaire, pour mette en abime sa propre révolte contre la standardisation de la photographie.
© Jacques Cousin
Ce sont donc deux réactions qui se combinent dans la série « Jardins de lumière » : une révolution historique, à l’échelle d’un pays, et un mouvement de révolte personnel et construit contre l’aseptisation du regard. Par cette évolution historique, le peuple tunisien tente de reprendre son destin en mains tandis que Jacques Cousin interpelle tous les photographes à se questionner sur la photographie, sur son essence même, et les encourage également à réagir face aux diktats de l’industrie numérique. C’est cet acte militant qui l’a conduit sur le théâtre des événements tunisiens, c’est la force de cet engagement qui l’a en conséquence sensibilisé au destin de ce pays. Tout dans ces images nous prouve qu’il n’est pas resté insensible à cette révolution. Si Jacques Cousin semble s’imposer une distance avec les événements et leurs acteurs, son regard reste bienveillant et concerné. Le procédé nécessitant une installation longue et visible aux yeux de tous (l’installation d’un studio ambulant, en plein cœur des rues et de villes, des villages et des campagnes) une relation s’est installée - parfois malgré lui - avec et les personnes autour de lui, spectatrices de cet étrange et ostensible façon de « prendre » des photographies, de « faire » des images. Une interaction s’est alors établie, un échange, donc une implication émotionnelle, humaine.
Le choix du collodion humide ne résulte pas non plus, pour Jacques Cousin, d’une recherche esthétique, ni d’un rendu « pictorialiste » ou « romantique ». Si certains photographes se sont engouffrés dans cette technique par opportunisme ou effet de mode, Jacques Cousin a opté pour le collodion avant tout pour sortir la photographie de plusieurs ornières : celle du tout numérique donc, mais celle aussi qui consiste à enfermer les procédés anciens de la photographie dans une démarche purement patrimoniale, à l’écart des questionnements sociaux et politiques actuels. « Jardins de lumière » est un temps suspendu, une étape réflexive au cœur d’un événement en constant mouvement. Cet ensemble d’images est le constat sensible de l’implication d’un auteur qui souhaite interroger l’actualité et la photographie dans une autre temporalité. C’est la volonté d’échapper aux injonctions de l’information en temps réel. Un retour à l’essence même de l’acte de photographier.
Photographies et vignette © Jacques Cousin
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