
© Marie Hartmann
Fondation Carzou 7-9, rue Elémir Bourges 04100 Manosque France
La Fondation Carzou est heureuse de vous présenter le travail de Marie Hartmann, un travail de toute une vie puisque cela fait maintenant 30 ans que cette photographe autodidacte capture des morceaux de réalité pour en extraire la moindre parcelle de poésie, la plus petite particule d’originalité, et imagine un monde fantaisiste en léger décalage avec la vie ordinaire.
MMXposition est une rétrospective du travail photographique de Marie Hartmann commencé il y a plus de 30 ans. MMX comme les 3 prénoms de Marie - Mayou (c'est ainsi qu'on la nommait lorsqu'elle était enfant), Marie (le prénom qui l'a suivi tout au long de sa carrière, de la France aux Etats-Unis et des Etats Unis à l'Afrique du Sud) et Xlekany ("celle qui sourit" en langue Tsonga et qui définit le mieux possible la femme libre qui part s'aventurer dans la brousse accompagnée de l'une des nombreuses ethnies sud-africaines) - puisqu'il s'agit avant tout d'une exposition très personnelle qui retrace à la fois les instants qui ont marqué sa vie de Femme mais aussi son parcours artistique en tant qu'auteur-photographe.
MMXposition, 3 noms. 3 vies. Une personne. Une vision.
© Marie Hartmann
Les photographies présentées ici appartiennent à des catégories très différentes, tant sur le plan technique que sur le plan stylistique mais toutes ont été volontairement tirées en grand format et suspendues ou accrochées le plus sobrement possible avec toujours un souci d'apparente légèreté. Nous voulions, Marie et moi, proposer un mode d'accrochage novateur qui puisse inciter les spectateurs à ne plus regarder les images passivement mais à déambuler tout autour, à les longer, les contourner, les sonder, pour ensuite se laisser absorber par elles.
Le rapport habituel spectateur/photo ne permet pas cette appréhension et cette communion. Les cadres accrochés au mur imposent une certaine distance avec le sujet et poussent à une analyse consensuelle et académique. Les impressions sur toiles invitent, elles, au lâcher prise ; ce n'est plus tant l'analyse plastique qui prime (même si les photos de Mairie "fonctionnent" toutes parfaitement) mais la sensibilité, l'émotion qui s'en dégage. Car, si l'on devait retenir un élément commun à toutes ces photos ce serait certainement une vision décalée, subjective et même sensitive de la réalité qui ne peut laisser indifférent le spectateur.
© Marie Hartmann
Les polaroïds noir et blanc qui marquèrent le début de sa carrière, évoquent des scènes intimistes à la construction complexe et à l'atmosphère étrange. C'était l'époque où Marie considérait la photo comme un film qui doit raconter une histoire. Elle décidait de tout : du lieu, de la pose, de la tenue et du maquillage des modèles pour reconstituer dans les moindres détails un univers qui n'appartient qu'à elle, hors du temps, à la limite de la réalité - je pense notamment à cette jeune femme assise à côté d'une tombe, enfermée dans sa solitude et son chagrin. Cette scène pourrait être réelle, pourtant certains détails - les collants troués, la pierre tombale quasi luminescente située sur l'axe central et la présence, plutôt triviale, du petit chien - nous ramènent à la fiction. De même pour les photos « Diane » et « Mise en scène » (à voir lors de l’exposition) : les personnages semblent tout à fait crédibles mais le look rétro, genre Maryline Monroe des temps modernes pour elle et groupe de rock des années 80 pour eux, associé à un arrière-plan indéfinissable (seule une large bande noire horizontale ondule d’un bord à l’autre) donnent l’impression qu’ils appartiennent à un autre espace-temps. Nous sommes dans l’incapacité de définir l’endroit où ils sont ni même de savoir quand la photo a été prise -.
Le grain apparent des photos renforce alors l’aspect informel du cliché car Marie, contrairement à d’autres photographes, souhaite rendre visible le médium qu’elle utilise et contredire la perfection technique que l’on peut obtenir avec les appareils d’aujourd’hui.
© Marie Hartmann
Finalement, ce que nous montre Marie avec cette exposition très éclectique, c’est un peu un portrait d’elle-même, moitié femme, moitié enfant, constamment émerveillée par ce qui l’entoure et touchée par les gens qu’elle rencontre. Son travail reflète particulièrement ce qu’Henri Cartier Bresson avait tenté de résumer en parlant de son art : « photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur ».
Photographies et vignette © Marie Hartmann