Les voyageurs immobiles
Les voyageurs immobiles sont ces personnes réelles rencontrées unifiées par celles rencontrées dans mes rêves.
Le livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa qui lui-même n’est pas un livre, mais une masse de papiers épars, inaboutis, entassés dans une malle, rassemblés après sa mort…
Je conçois ces photographies comme des fragments divers et pluriels, ni classiques, ni modernes, ni contemporaines, ni chronologiques. Formule informulable. Arts visuels tout simplement. Qui n’existent donc que pour avoir été rêvés, construits sans but au jour le jour…
Retrouver dans sa mémoire la source d’émerveillement de l’enfance, la lumière qui fait plisser les yeux, l’air qui fait gonfler les narines, la liberté d’un nomade attentif à l’inexistant. Heureux d’y d’être allé pour ne jamais y retourner.
© Jean-Paul Senez
Le voyageur, selon Pessoa, va chercher au bout du monde ce qu’il possède déjà au fond de lui : On voit passer de futurs couples, passer deux par deux de petites couturières, passer de jeunes gens à la poursuite du plaisir…
Dans un rêve brumeux en contre-jour gare de Lisbonne, le taxi nous conduit rue des Douradores, rue ou habite le modeste aide-comptable, imaginé par Pessoa, un hétéronyme Bernardo Soares. Héros fictif sans œuvre laissant un livre sans auteur. Allant à mon tour rencontrer ces voyageurs immobiles comme une offrande au monde du livre de l’intranquillité
© Jean-Paul Senez