Vieillards © Philippe Bazin
Galerie le Lieu, Maison de la mer Galerie Le Lieu Hôtel Gabriel - Aile Est Enclos du Port 56100 Lorient France
50 photographies / 6 vidéos Exposition proposant une circulation entre des extraits des travaux menés par Philippe Bazin depuis plus de vingt ans sur la question des visages. Par une pratique à l’apparence documentaire, qui se révèle finalement davantage d’ordre politique, l’auteur cherche à redonner une place, dans un régime ordinaire de visibilité, au sujets photographiés au sein d’institutons (Hôpitaux, maisons de retraite, Lycées...) : « J’essayais de réintroduire l’image de gens qui avaient été soustraits du regard collectif. »
Nourrissons © Philippe Bazin
Philippe Bazin,
Depuis plus de vingt ans, Philippe Bazin photographie le visage d’individus pris dans un contexte institutionnel (l’hôpital, l’hospice, l’école, la prison...). L’ensemble de ce vaste projet artistique sur les visages de nos contemporains interroge la présence de l’homme au sein des institutions qui encadrent notre vie de la naissance à la mort, tel que Michel Foucault a pu en parler dans son œuvre, mais pose aussi la question de la singularité. Il s’agit, par la photographie, de redonner visage à des personnes qui, absentes de notre regard, ont souvent disparu d’une visibilité collective. Chaque visage est montré comme l’affirmation d’une présence au monde, faite d’une chair et d’un regard avec lesquels nous devons compter. Les photographies de P. Bazin évitent tout psychologisme, tout pathos, et ne cherchent pas à dévoiler une prétendue intériorité ; elles ne sont pas non plus d’ordre social mais tentent de faire le vide de toute présence extérieure à l’être lui-même.
On peut considérer que Bazin établit une sorte de mémoire collective tirée parfois des franges de notre société.
... Kant a «radicalisé la question de l’estéthique en l’enracinant dans un questionnement fondateur sur notre rapport à la nature et à la liberté : en quoi notre faculté humaine de produire de l’art et d’y être sensible est- elle à la fois induite par nos dispositions naturelles et orientée par notre aptitude, spécifiquement culturelle, à désirer ? Or le visage humain est par excellence l’objet qui peut cristalliser un tel questionnement, dans toute la brutalité de son attraction-répulsion telle que Philippe Bazin la met en évidence. Il impose une discipline à laquelle est astreint le spectateur confronté à la crudité des choses par un dépassement du factuel et de l’anecdotique : est éliminé de l’image tout ce qui ne fait pas visage. Cette crudité est d’ordre essentiel : elle oblige à toucher ce qui est au cœur de l’existence, auquel le temps ordinaire ne nous donne pas accès...
La radicalité du travail de Philippe Bazin ne s’exprime ainsi dans la rigueur de son projet que parcequ’elle met en œuvre une conception du sujet comme forme du monde, et par là du visage comme lieu de captation de l’univers ...
Extrait du texte de Christiane Vollaire dans «La radicalisation du monde» éd Filigranes et l’Atelier d’édition
Adolescents © Philippe Bazin
Rencontre / Signature
Mardi 2 juillet 2013 - de 17h00 à 18h00 Librairie L’imaginaire,
1 rue de la Patrie, à Lorient.
Photographies et vignette © Philippe Bazin