© Willy Rizzo, Farandole
EXPOSITION DE PLEIN-AIR SUR LES PLANCHES DE DEAUVILLE LE DEAUVILLE DE WILLY RIZZO
En août 1949, Willy Rizzo, armé d’un 6x6, photographie Deauville, en couleurs, avec la fougue de ses 21 ans et un regard bien aiguisé. Ses photos, réalisées cinq ans après le débarquement, sont les premières photos publiées de Deauville de l’après-guerre. Willy Rizzo est alors l’un des plus talentueux photographes du tout nouveau Paris Match, il va vite devenir une légende et un prince du photojournalisme.
Alors qu’il préparait cette exposition de 35 tirages qui seront présentés durant l’été 2013, Willy Rizzo est décédé, à Paris ce lundi 25 février. Cette exposition originale consacré à l’un de ses premiers reportages est aussi un hommage de Deauville, 64 ans après, au photographe qui après l’avoir révélée dans son éclat de 1949, l’a ensuite adoptée en famille, pour en devenir l’un de ses plus fidèles résidents.
1949 : WILLY RIZZO EN REPORTAGE A DEAUVILLE
Lors du premier séjour de Willy Rizzo à Deauville en 1947, les cicatrices de la guerre sont encore très présentes et François André, Directeur des Hôtels et du casino de Deauville, ne souhaite aucune photographie. Invité par ce dernier, en 1949 et accompagné par ses amis les frères Kessel, Willy découvre alors une ville “aux antipodes de ce qu’elle était deux années auparavant” grâce à François André, magicien d’évènements hors pair, de festivités et personnage phare de Deauville. Grâce à lui, les vedettes, les fortunes, les grands noms sont réunis en ce mois d’août 1949.Pour la première fois, les joueurs, les acteurs et les actrices, l’atmosphère et le décor restauré du casino sont photographiés à la demande exclusive de François André qui veut moderniser l’image du Casino. Comme pour ajouter une note encore plus glamour à la ville, le rendez vous mondial du Rallye nautique du Pavillon d’Or se joint de façon exceptionnelle au tourbillon des célébrités : Heddy Lamar, George Raft, Sophie Desmarets, Ludmilla Tchérina, Tilda Thamar, Vincent Scotto, Serge Reggiani, Albert, premier maître d’hôtel de chez Maxim’s, Jane Wyman, Lord Rothschild ...Soixante-douze yachts venus des quatre coins du monde apportent une dimension sportive et festive à Deauville. Des Planches où ces dames, portent leurs maillots baleinés et étendent leurs belles jambes, où les parasols forment une forêt multicolore, en passant par Le Bar du Soleil, Le Ciro’s, Chez Carpentier, Le Grill du Casino, Les Ambassadeurs, Le Brummell, les rires jaillissent, les conversations animées fusent, la bonne humeur est maîtresse. Les Galas aux Ambassadeurs, où les sœurs franciscaines de Deauville, quêtent à l’entrée, la Coupe Guillaume, le Privé salle de baccara réservée aux hôtes de marque où des fortunes passent sur le tapis, les farandoles au petit matin de la fermeture du Brummell, la coupe Thion de la Chaume au golf, le France-Belgique au tennis, les rendez vous élégants,... tous ces événements animent Deauville d’un souffle joyeux et brillant. C’est cette atmosphère très particulière qu’a saisi Willy Rizzo et que l’on peut redécouvrir dans cette sélection de 35 images, visibles tout l’été, au dessus des cabines qui longent les Planches.
© Willy Rizzo, Bar du soleil
Willy Rizzo (1928 - 2013).
Petit-fils de magistrats napolitains, a très tôt la passion de la photographie. Dès l’âge de 12 ans, au lycée italien de la rue de Sédillot à Paris, il fait le portrait de ses camarades de classe avec le Box Agfa que lui a offert sa mère tant aimée, une madone joueuse de cartes et fantasque. Willy Rizzo appartient à la génération de photographes qui eurent 20 ans sous l’Occupation. En 1944, encore adolescent, il achète son premier Rolleiflex au marché noir et fait la connaissance de Gaston Paris un merveilleux photographe méconnu, qui devient son idole. Il lui disait : «....quand tu prends une photo, pense que tu fais un Fragonard ! Mais dans certains cas, appuie et pense après. » Il sillonne à vélo les studios de Billancourt, de Joinville ou des Buttes-Chaumont, photographiant toutes les vedettes du cinéma français qui bientôt ne jurent que par lui. Il est engagé à Point de Vue où il fait ses premières armes de reporter. Il va en Tunisie, photographier des chars calcinés sur des champs de bataille. Là, il fait ses prises de vue à la tombée du jour pour avoir une lumière basse et différente. Le résultat est spectaculaire et Life Magazine lui achète le reportage.
Il débute alors sa carrière à Paris où il photographie les acteurs et actrices en vogue et des starlettes pour Ciné Mondial, Point de Vue, puis Images du Monde. Il couvre le Procès de Nuremberg et réalise des grands reportages, notamment en Tunisie sur la ligne Mareth. En septembre 1946, il est envoyé à Cannes pour couvrir le premier Festival sans limitation de frais. Il aura le plus incroyable tableau de chasse : princesses, playboys, starlettes et stars défilent devant son objectif Zeiss Sonnar 180.
En 1947, l’agence anglaise Blackstar l’envoie aux Etats-Unis pour "photographier ce qui l’étonne" : d’une machine à 1$ qui distribue des bas nylons aux drive-in de cinéma. Mais il préfère les femmes, la mode et s’installe à Los Angeles. Max Corre, avec qui il avait collaboré à France Dimanche, l’appelle pour lui annoncer que Jean Prouvost monte un grand magazine à Paris, il rentre et rencontre Hervé Mille. C’est le début de l’aventure Paris Match. Elle dure encore. Talentueux, charmeur, argenté, Willy Rizzo s’habille chez les meilleurs tailleurs, conduit des voitures de sport, s’entoure de femmes magnifiques. Ce grand Seigneur au milieu des "beautiful people" se permet toutes les extravagances. Il a réussi à transformer l’image du photographe saltimbanque encombré d’un bric-à-brac de matériel lourd en personnage élégant et plein d’humour. Willy signe la toute première couverture en couleurs de Paris-Match avec Winston Churchill.
Son reportage sur Maria Callas a inspiré Hergé qui, dans "Les bijoux de la Castafiore", paru en 1963, crée le personnage de reporter photographique : Walter Rizzoto photographe de Paris Flash, contraction et fusion de Willy Rizzo et de son ami Walter Carone.
En 1959, il devient directeur artistique de Marie-Claire et collabore avec les plus grands magazines de mode dont Vogue.
En 1968, il épouse Elsa Martinelli, part vivre à Rome et commence son travail de designer pour ses besoins personnels car, selon lui, « les meubles anciens ou scandinaves n’étaient ni confortables ni assez simples ». Devant la demande, il crée ses ateliers. Mais à la fin des années 70, la chute de Cinecitta et la montée du terrorisme mettent un terme à son époque romaine. La fête est finie. Willy vend son affaire et se réinstalle à Paris dont il avait la nostalgie. Ill continue alors à dessiner et photographie toujours les plus belles femmes du monde, dont la sienne, Dominique, qui lui a donné trois enfants.