
© Bruno Réquillart
Jeu de Paume / Château de Tours 25 avenue André Malraux 37000 Tours France
Après Jacques Henri Lartigue, le Jeu de Paume explore au Château de Tours un style photographique radicalement différent à l’occasion de l’exposition monographique consacrée à Bruno Réquillart. L’exposition, construite en étroite collaboration avec Bruno Réquillart (né en 1947 à Marcq-en-Baroeul), propose un regard rétrospectif sur une œuvre passée et dévoile pour la première fois un travail en devenir. Composée de 140 épreuves, le parcours permet de comprendre une démarche faite de ruptures et d’interstices mais qui, paradoxalement, affiche une constance et une richesse peu ordinaires.
Quelques points communs rapprochent cependant Bruno Réquillart de Jacques Henri Lartigue : le don fait à l’État de leur vivant d’une part conséquente de leur œuvre, la place prédominante du parcours de vie et de l’intime dans l’acte créatif et enfin cet instinct du moment ou véritable prescience de l’image.
“Certaines photographies, je ne sais plus lesquelles, mais je me souviens de la sensation, sont nées d’un brusque retournement. Comme si une présence, dans mon dos m’appelait : c’était une photo”, explique Bruno Réquillart en 1994. Chacune de ses images résulte en effet d’une ouverture face à l’événement, d’une perception aiguë de l’espace et surtout d’une maîtrise rare et rigoureuse de la construction.
© Bruno Réquillart
Le parcours de Bruno Réquillart débute en 1968 avec des reportages témoignant de l’état d’esprit libertaire et militant propre à sa génération et à son époque. Sa rencontre avec Maurice Béjart et le Ballet du XXe siècle, qu’il photographie pendant trois ans, reste à ce titre emblématique. Mais l’expérience photographique se poursuit bientôt chez lui en marge du document et de la commande pour se concentrer sur le quotidien et sur les lieux qui lui sont familiers.
Sa démarche se fait alors conceptuelle, relève de l’inventaire et de l’accumulation de sujets soi-disant insignifiants (les séries s’intitulent Constats et montrent des éléments urbains : rideaux de fer, panneaux publicitaires, troncs d’arbres, etc.) : “j’avais à l’époque une sorte de boulimie de l’image, je faisais des prises de vues mais je ne développais pas mes négatifs”, raconte-t-il aujourd’hui. Mais sa curiosité visuelle est tout aussi révélatrice d’une histoire personnelle, d’un retour introspectif, d’un besoin “d’état des lieux”. L’entreprise, parsemée de quelques voyages en Europe, s’arrête brusquement en 1981. Persuadé d’en avoir terminé avec la photographie, Bruno Réquillart se consacre alors à la peinture ”pour essayer autre chose” et fait bientôt don à l’État (en 1992) de ses négatifs, de ses diapositives et de ses tirages.
© Bruno Réquillart
Après une absence d’images qui dure presque vingt ans, s’opèrent un renouveau et un retour à la pratique. Depuis 2000, il photographie les paysages parisiens à l’aide d’un appareil panoramique. La ville, son lieu de vie, est à nouveau scrutée comme un inépuisable matériel visuel mais sa représentation, sans doute en raison du format, s’est enrichie d’innombrables détails, autant de microphénomènes ou d’anecdotes observés lors de ses déambulations.
COMMISSAIRES
Michaël Houlette, commissaire et coordinateur d’expositions au Jeu de Paume, et Matthieu Rivallin, chargé de collections à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
PARTENAIRES
Exposition organisée conjointement par le Jeu de Paume, Paris, et la Ville de Tours, en collaboration avec la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Paris.
En partenariat avec Faribole, L'Architecture d'Aujourd'hui, France Bleu Touraine et France Inter.
Vignette et Photographies © Bruno Réquillart