© Estelle Lagarde
Mathilde Hatzenberger Gallery Rivoli Building / espace #21b à l’étage Chaussée de Waterloo, 690 (Bascule) Entrée Rue de Praetere face au n°43 1180 Brussels Belgique
La MH Gallery a le grand plaisir d’annoncer Manufactura, un nouveau diptyque qui sera verni à l’occasion de la Fête du Travail –sujet oblige- et se tiendra ensuite tout le joli mois de mai. Manufactura met en présence le travail photographique d’Estelle Lagarde –plus précisément la récente série « Lundi Matin »- et le travail de métal de Gilles Rocchia –une sélection de pièces réalisées ces dix dernières années. Un public attentif se rappellera également de leur apparition respective dans NineEleven et Behind the curtain, les expositions collectives qui avaient inaugurées les deux dernières rentrées. En filigrane de ces deux œuvres ici réunies : la question du travail.
Terme latin, la « manufactura » désigne un établissement de production de biens réalisés par des ouvriers, toutes choses en pleine mutation pour ne pas écrire en voie de disparition. Ses deux œuvres coexistantes cernent très explicitement pour la première, plus implicitement pour le second, les changements dans nos systèmes de production jusqu’à leurs implications quant à la « production » des œuvres d’art.
© Estelle Lagarde
Précisément, la question du travail et de sa disparition est au cœur de cette dernière série d’Estelle Lagarde. A son accoutumée, dans « Lundi matin », Estelle a pris possession d’un lieu désaffecté, une usine en banlieue Parisienne où elle a photographié en cinéaste dix-huit scènes aux titres sobrement descriptifs tels « L’atelier », « L’expert », « le parapluie doré » ou « La prime de licenciement ». Avec empathie, mais sans pathos, la photographe saisit une réalité sociale cruellement actuelle, éclairée, comme sous un nouveau jour, par une lumière malgré tout irradiante permettant d’imaginer une sortie de crise. Ou peut-être sommes-nous entrain de rêver ? C’est du simple fil de métal de grosses bobines se serrent les unes contre les autres à l’atelier- de l’acier souvent galvanisé, que Gilles Rocchia aime à tordre patiemment et méticuleusement pour réaliser différents types de « monomères », tels anneaux, tiges, torsades, mailles... A partir de ces motifs, stockés soigneusement par type dans de grands sacs de toile de jute, l’artiste cherche à imaginer à partir de ces syllabes, rarement deux ou trois pour une même pièce, un mot original, une forme unique et modulable. L’architecture métallique spatiale toujours réinventée se balance souvent au bout d’une élingue et attend que notre action la modifie.
Par ailleurs, chez l’un comme chez l’autre, la précision chirurgicale technique mime l’apparence du travail industrieux, et dissimule au contraire une pratique artistique de travail à la chambre traditionnelle et de tirage argentique ou du 100% fait main. Le résultat est direct, efficace, tranchant voire percutant, mais on apprécie la délicatesse de ne pas être assommé ni par un discours superfétatoire ou une expression forcée et envahissante, tout en distillant poésie et une magie subreptices.
Beau travail !
Estelle LAGARDE
Née en 1973, à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), Estelle est diplômée d’architecture en 2000 à Paris. Autodidacte, elle s’intéresse à la photographie depuis le milieu des années quatre- vingt-dix et s’y engage pleinement de manière artistique depuis 1996. Elle a publié en 2010 "La traversée imprévue" aux éditions la Cause des livres, qui retrace quasi jour par jour textuellement comme visuellement avec les séries « Adénocarcinome » et « 2440 », son expérience de la maladie, un cancer du sein.
Gilles ROCCHIA
Né en 1960 à Joinville en France, Gilles a suivi l’enseignement des Ateliers Pluridisciplinaires d’Expression plastique de Fontblanches à Marseille de 1984 à 1987. Designer, puis sculpteur, le métal est son matériau de prédilection.
Vignette et Photographies © Estelle Lagarde