© Jean Dréville
Galerie Adrian Bondy 221 rue St. Jacques 75005 Paris France
Jean Dréville (1906-1997)
Réalisateur d'une quarantaine de longs métrages (La Cage aux Rossignols, La Ferme du Pendu, Copie Conforme, Normandie Niemen, La Fayette…), Jean Dréville a connu dans sa jeunesse, entre vingt et vingt-cinq ans, une période créative intense comme photographe, graphiste, assistant, éditeur de revues, critiques, cadreur, réalisateur. Ami des avant-gardistes( Louis Deluc, Germaine Dulac, Epstein, Jean Grémillon entre autres ) , il développe un langage ciné - photographique entre Pictorialisme et Nouvelle Vision. Deux de ses photographies modernistes figurent parmi les vingt-quatre œuvres présentées par Pierre Bost dans le livre Photographies modernes (Librairie des arts décoratifs, Calavas, 1930), en compagnie de celles d' Ivens, Kertesz, Krull, Lotar, Parry, Sougez, Tabard.
À tout juste vingt-quatre ans il réalise son premier film, le premier making-of de l’histoire du cinéma : un court métrage, Autour de l’argent, portant sur le long métrage de Marcel L’Herbier, L’Argent ( 1929 ).
© Jean Dréville
Quand les épis se courbent - une histoire ciné photographique
En 1929, il part tourner en Hollande « Quand les épis se courbent », un film hors champs, en pleine nature, le premier documentaire du genre, entre les récits de Nicolas Bouvier et les films de Raymond Depardon.
Propos de Jean Dréville à Vallangoujard en juin 1991: "Il y a des films que l'on arrive à sauver de la destruction et de l'oubli grâce aux procédés modernes de rénovation, des films que l'on reconstitue presque miraculeusement à partir d'éléments épars patiemment accumulés, de copies d'origines diverses, d'internégatifs en versions étrangères .... et des films que l'on n'a jamais retrouvé et dont il ne reste que le souvenir furtif d'un spectateur où la fugace trace d'un article, d'une affiche, d'une photographie."
Des ”Épis se courbent", il me reste une série assez complète de photographies, agrandissements que j'ai réalisé à l'époque au moyen de chutes négatives! Le thème : une sorte de promenade, ou plutôt une vision poétique de la campagne hollandaise. Le film commençait à Paris, nous quittions la ville et prenions le train pour la Hollande. Après avoir traversé le plat pays, ses paysages traditionnels de canaux et de moulins, nous arrivions dans la ferme ou nous allions passer l'été. C'était l'époque ou les blés finissent de mûrir. Nous allions assister aux travaux de la ferme, aux moissons, aux labours ... Il m'a fallu six mois pour tourner ce film assez court. J'étais pratiquement seul durant tout le tournage et le temps ne comptait pas, ce qui est paradoxal dans un métier où tout coûte si cher. Je pouvais consacrer tout mon temps à explorer les possibilités de la nouvelle pellicule Agfa. Il m'arrivait de regarder dans le viseur et de me dire : "Ce nuage n'est pas bien placé, je reviendrai demain!" Il est a noter que ce film est le deuxième documentaire jamais réalisé en pellicule panchromatique.
© Pierre Dréville
Contre toute attente c’est un succès. Quelques commentaires de la presse française, anglaise, allemande, hollandaise, tchèque de l’époque en témoignent :
Courrier Cinématographique 27/08/29
…cela nous promet de belles photographies…
Le Petit Dauphinois 12/08/29
…un film original documentaire sensible qui pourrait bien faire école …
L’ Intransigeant 03/08/29
…les prises de vue sont ultra poétiques…
Pour Vous 19/09/29
…il tourne un curieux documentaire d’art…
Paris Midi 13/09/29
…la photographie et la poésie sont les deux principales vedettes…
Cinémagazine
…un film muet où seules parlent les images…
Cœmedia 16/01/30
…poète de l’image photographique et de la caméra…
Ami du Peuple du Soir 19/09/29
…mise en scène instinctive où le temps ne compte pas…
Close Up 03/30
…la poésie y est fixée avec un souci constant d’art cinégraphique…
Pestry Tyden 15/01/30
…quant aux photographies de Jean Dréville, comme chacun sait elles sont les plus belles du monde, voilà une richesse de plus pour l’art et le cinéma français…
Vignette et Photographies © Jean Dréville