© Pascal Mirande, Gullivers VI Victor
Galerie Carré Amelot 10 bis, rue Amelot BP 309 17013 La Rochelle France
Pascal Mirande est à la fois photographe et plasticien. Il fabrique, assemble, édifie des structures avant de les mettre en scène et d’aborder la prise de vue. Jusqu’à présent, ses constructions étaient confrontées au paysage. Avec la série des Gullivers, initiée en 2008, elles entrent pour la première fois en relation avec le corps humain. Servent-elles à le soutenir, l’étayer, à modeler la pose ou participent-elles, plus fondamentalement de sa constitution, de sa création, de sa genèse ? La présence d’un Adam et d’une Ève ouvre en effet cette perspective. L’idée de construction, d’architecture est renforcée par la segmentation des corps, chaque photographie devenant alors un élément autonome. Cette fragmentation est aussi pour l’artiste un clin d’œil aux boîtes de découpe des prestidigitateurs...
© Pascal Mirande, Gullivers V CÇline et Fosco
Le travail de Pascal Mirande s’inscrit dans la longue tradition de « la photographie de la mise en scène ». Très tôt, ses images ont été construites en intégrant des assemblages de matériaux simples, comme éléments d’un récit fictionnel, étrange et poétique.
La série des Gulliver(s) prolonge ces travaux, mais, en introduisant le corps humain, semble affirmer des préoccupations nouvelles.
Différents éléments s’y conjuguent pour renforcer notre trouble. Les corps photographiés évoquent, bien sûr, des figures connues de l’histoire de l’art, mais ils sont bien contemporains et finalement encore plus éloignés de leur « modèle » que ne l’étaient les images faussement parodiques du pop art ou des nouveaux réalistes. Des assemblages de tiges de bois minces, évoquant des maquettes d’échafaudage ou des fragments d’architecture, entourent ces figures : mais leur taille est si réduite qu’elles semblent constituer plus des filets que des support ; elles n’ont pas l’efficacité des échafaudages, elles évoquent plus un jeu de lignes, de dessins.
© Pascal Mirande, Gullivers XIII Nastasja
Ce travail n’évoque en fait ni la peinture ni la sculpture : nombre d’œuvres y sont traitées, sinon en noir en blanc du moins avec des couleurs très retenues, comme un refus délibéré de ce qui pourrait évoquer le pictural, mais aussi en refus de toute évocation de récit, autobiographique ou fictionnel. Les précédents travaux de Pascal Mirande mettaient déjà en scène une vision intérieure, une méditation sur la nature des choses. La série des Gulliver(s), avec ses « figures », renforce cette préoccupation et nous met en présence de l’homme, de l’humain, avec son individualité, ses particularités, ses doutes, ses contradictions. Ces photographies sont des natures mortes de l’humain.
Extrait des Gulliver(s), de Jacques Sauvageot
Pascal Mirande
Est né en 1968 à Sainte Adresse en Seine Maritime. Rochelais d'adoption, il travaille le dessin en autodidacte et apprend la peinture à l'huile à l'atelier Jean Louis Chollet. Diplômé des Beaux arts de Poitiers avec mention en 1993 et de Rennes en 1996, il apprend la photographie avec Alain Fleig à Poitiers et poursuit sa recherche à Rennes avec Tom Drahos, Hervé Rabot et Paul Chateau. II obtient une Bourse d'Aide Individuelle à la Création de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne en 1998 et 2004.
En 2010 il travaille en résidence au Domaine d'Abbadia à Hendaye. Sa recherche se dirige vers l'installation "in situ" dans des lieux de mémoire humaine comme les ruines ou les monuments anciens en y construisant des structures éphémères. Il vit et travaille à Rennes et il est représenté par la galerie « vrai rêves » de Lyon.
Photographies et vignettes © Pascal Mirande