© Christophe Jacrot, New York
Young Gallery 75b Avenue Louise 1050 Bruxelles Belgique
Christophe Jacrot
Christophe Jacrot pratique la photographie depuis l’adolescence, mais c’est d’abord dans le monde du cinéma qu’il se fait connaître. Il signe la réalisation de plusieurs courts métrages dont Lifting (Prix spécial du jury au Festival d’Avoriaz et Prix de la presse au Festival de Chamrousse en 1989) et soutien de famille (Grand Prix de la jeunesse au festival de Montecatini en 1994, Grand Prix du Public à Prades en 1996). En 2000, il réalise un long-métrage, Prison à domicile, qui offre à Elie Kakou son dernier rôle.
Les contraintes financières et de rentabilité propres à l’industrie cinématographiques ramènent peu à peu Christophe Jacrot à la photographie. Il engage alors un projet artistique sur les villes sous les intempéries, avec une première série consacrée à Paris, qui donne lieu à une exposition à la Galerie du Lucernaire , et à la publication d’un livre aux éditions du Chêne, intitulé Paris sous la pluie. Christophe Jacrot a ensuite inlassablement poursuivi son exploration des villes sous la pluie et sous la neige à New York, Chicago,Hong Kong, Macao, ou encore en Inde. Depuis 2008, il a entamé une collaboration avec la Galerie de l'Europe (55 rue de Seine Paris 6) où il expose chaque année. Ses photos ont également été exposées à New York, Tokyo, Hong Kong et Istanbul.
© Christophe Jacrot, Smoke
EXPOSITION
Depuis six ans Christophe Jacrot poursuit un projet artistique sur les intempéries dans les grandes métropoles de l’hémisphère nord. Il parcourt sans relâche la planète pour nous offrir des images de Paris, Hong Kong, New York, Chicago, Lisbonne ou Tokyo, transfigurés sous des averses de pluie ou de neige. Des clichés vaporeux, flottants, évanescents, qui subliment la fragile beauté de ces univers artificiels, lorsque la nature reprend ses droits. Il expose Galerie Young sa dernière série de villes en hiver mais aussi, et pour la première fois, des images fantomatiques de Manhattan en plein blackout.
De l’averse aux ténèbres
Toujours en quête de “mauvais temps”, Christophe Jacrot s’envole pour New York fin octobre 2012, à l’approche de l’ouragan Sandy. Son intention est de prendre des photos sous les pluies diluviennes qui – pense-t-il – vont s’abattre sur la ville. Mais la zone de précipitation passe plus au sud que prévu. Les averses sont rares. Le vent souffle fort. L’eau ne vient pas du ciel, mais de la mer : en proie aux inondations la ville est en partie évacuée, et le photographe se retrouve cloitré dans sa chambre d’hôtel. Dépité, il en sort le soir, après la tourmente, à l’invitation d’un ami qui habite le sud de Manhattan. Il découvre alors des quartiers entiers totalement plongés dans le noir.
Deux visions en abîme de la fragilité
« Il n’y avait ni enseigne, ni feux tricolores, ni éclairage public ! » se souvient Christophe Jacrot. « On m’avait dit qu’il y avait des coupures d’électricité, mais je ne m’attendais pas du tout à ça, parce que je n’imaginais pas que des quartiers entiers de New York puissent êtres complètement privée de toute lumière. Ça a été pour moi un vrai choc visuel ! » Lui qui était venu traquer la fragilité de Manhattan dans les intempéries a, sous les yeux, le spectacle d’une ville dépouillée de son éclat et désertée, mise à nue et délaissée : inquiétante, fantomatique, mais belle, comme il ne l’avait jamais vue. Il en saisi le portrait sans flash ni artifice, sur des clichés seulement éclairés par les phares des voitures, les gyrophares violets de la police et les traits blancs que tracent, en pause lente, les lampes de poche des rares piétons.
Dans cette exposition, New York la blanche, plongée sous la neige, se confronte à New York sans électricité, plongée dans les ténèbres. New York en black and white, deux visions en abîme d’une même ville, somptueux symbole d’une modernité aux pieds d’argile, mais aussi clichés de Chicago et de Paris qui, sous des averses de flocons, sont transformés en décors aussi éphémères que ceux du cinéma.
William Lambert
© Thomas Gunzic
Thomas Gunzic
« C’est presque par hasard que je me suis retrouvé, un beau matin, à faire de la photographie. J’ai toujours aimé les textes, j’ai toujours aimé travailler chez moi, je n’ai jamais aimé me lever tôt et la photographie m’est toujours apparue comme une activité complexe et les photographes comme des héros osant s’aventurer sur des champs de bataille, déshabiller des filles, escalader des montagnes, bref braver tous les dangers. Et puis, presque par hasard donc, on m’a demandé de faire des billets pour la radio et de les lires en direct, très tôt le matin. C’est comme ça que j’ai découvert la ville à l’aube. Une ville à peu près déserte où les noctambules viennent de rentrer et où les travailleurs ne sont pas encore partis de chez eux. Une ville qui m’appartenait complètement. J’ai eu alors envie de capturer ces moments étranges de la «ville avant la ville», ces lumières bizarres, ces brumes, ces pluies et ces ciels de fin de nuit. C’est comme ça que j’ai commencé. »