© Claudia Vialaret
Galerie Imagineo 50 rue de Montreuil 75011 Paris France
Fidèle à son attachement à l’histoire de l’art et dans la suite logique de son dialogue avec les œuvres classiques qui ont « imprimé » sa démarche, Claudia Vialaret s’empare et s’inspire dans cette série des peintures du Caravage.
Ainsi, dans « Caravagesques », elle combine à son travail sur le froissement physique et numérique une réflexion sur la création artistique, par une mise en abîme, une construction-déconstruction des liens entre peinture et photographie.
Mentalement et de manière sensible, elle fait écho à l’utilisation que Caravage faisait lui-même du plissement et du modelé dans ses toiles. Interpellation sur la forme, sur la lumière et le cheminement de celle- ci sur la surface, « Caravagesques » questionne et met littéralement «en relief» les rapports, les ponts, les allers-retours qui s’opèrent entre techniques classiques historiques et créations numériques contemporaines.
Claudia Vialaret cite Caravage dans des mises en scènes originales, mais pratique aussi l’art de l’appropriation. De sa palette numérique, qu’elle utilise comme un peintre, surgissent de nouvelles compositions qui mêlent références et formes inédites. En froissant les images des toiles du Caravage, elle les fait siennes, en connivence, admiration et respect.
Le plissement imposé par Claudia Vialaret agit comme un nouveau révélateur de l’utilisation de ce modelage par Caravage lui même. Son utilisation en était multiple. On la retrouve dans les reflets aquatiques de « Narcisse », dans l’ondulation des serpents sur la tête de « La Méduse », dans les plis des étoffes de « Mort de la Vierge », « Madeleine repentante », « Madeleine en extase » et d’autres chefs-d’oeuvres.
© Claudia Vialaret
Distorsion et abstraction sont aux confins des recherches de Claudia Vialaret. Elle fait voler en éclat la représentation classique pour en extraire un condensé de formes et de couleurs. Photographiquement, elle ne s’interdit pas le jeu avec le noir et blanc. Elle le mêle au rouge, à l’ocre, teintes au cœur du baroque.
« Caravagesques » nous conduit sur un chemin tortueux et sensuel, entre figuration classique et expression contemporaine. Claudia Vialaret nous offre de multiples pistes pour poursuivre le parcours.
En érudite de l’histoire de l’art, Claudia Vialaret fait voler en éclat la représentation classique, dans la peinture comme dans la photographie, en construisant une réflexion gigogne et plurielle, combinaison rendue aujourd’hui possible par les nouvelles formes d’expression virtuelle.
« Torsion des silhouettes, plissement des regards, courbures de la pensée : le pli imprime sa marque sur la droiture de nos lignes. Les photographies de Claudia Vialaret s’articulent autour d’un maître-mot, d’un maître-geste peut-être : le pli. Insaisissable, sauvage, sculptant le relief d’un réel toujours fugace, il est ici capturé, dompté par l’objectif immobile, et gardé en otage entre les calmes limites d’une image. Là, dans le cadre droit qui tente d’en domestiquer l’excès, le pli expose toute sa force et ses sinuosités aléatoires : froissant les visages, brisant les angles, formant et déformant à loisir l’ondulation des fluides, des peaux, des étoffes, il substitue au relief familier une gravitation nouvelle. De ces photographies contemporaines, le pli seul est l’instigateur, ouvrant au cœur de nos visions et mythes un revers d’inconnu. »
Ariane Mayer, chercheur en philosophie
© Claudia Vialaret