Expositions du 20/01/2006 au 04/03/2006 Terminé
Galerie Catherine Bastide 62 Chaussee de Forest, Vorstsesteenweg B-1060 Brussels Belgique
La recherche sur les contraintes et les paradoxes de la représentation théâtrale est centrale dans le travail de Catherine Sullivan. Ses films, ses productions théâtrales et ses « sculptures-accessoires » sont concrètement et directement liés à la pratique théâtrale et à la structure schizoïde résultant des disparités entre le rôle, la personne et le corps. Sullivan s'intéresse aussi bien aux techniques formelles utilisées pour codifier l'expression qu'aux dispositifs utilisés pour produire et déterminer les comportements des interprètes. En puisant dans la grammaire du théâtre, elle révèle avec succès les manières culturelles inscrites dans la codification gestuelle et dévoile les modèles établis de l'individu.
Chez Catherine Bastide, Catherine Sullivan présente sa nouvelle pièce vidéo intitulée The Chittendens. Elle prend ici pour point de départ des stratégies de notation numériques et leur relation potentielle aux acteurs et à la performance. Des stratégies de séparation, de recombinaison et de variation sont répercutées dans l'espace où est projeté un extrait de film tourné en 16mm et ensuite transféré sur support vidéo numérique.
Catherine Sullivan a spécifiquement développé une chorégraphie basée sur des règles abstraites : Elle a assigné 14 “ attitudes” singulières à chacun à 16 acteurs. Les attitudes sont ensuite interprétées selon des arrangements stricts, transférées à un modèle numérique et exécutées en rythmiquement selon des tempos différents. Dans quelle mesure des actions peuvent-elles être divisées en mouvements isolés, et quantifiables, à la manière d'une composition musicale ? Ou, pour poser la question différemment, dans quelle mesure la combinaison aléatoire de poses séparées peut-elle malgré tout définir une personne ? Comment la possession de soi-même et l'autodétermination s'articulent-elles entre résistance et conformité aux poses assignées ?
Catherine Sullivan fait le lien entre, la pureté d'une approche analytique et son objectivité apparente, et des méthodes temporelles et spatiales de distorsion et de déplacement. Les costumes sont basés sur divers stéréotypes des 19ème et 20ème siècles. Ils n'offrent aucun repère d'identité aux interprètes ou au public. Tandis que, dans ses premiers travaux, Sullivan localisait fréquemment l'action dans des situations historiques, elle a,cette fois-ci, porté son choix des lieux de tournage dans une recherche des métaphores les plus exagérées de l'individu. Au cours de ses recherches, Sullivan a trouvé le symbole de la compagnie d'assurance The Chittendens qui donne son titre à l'installation : Un phare solitaire, qui, avec d'autres sujets maritimes, est un objet qui représente fréquemment les entreprises américaines. Le film fut ensuite tourné en grande partie dans un bâtiment de bureaux abandonné de Chicago qui abritait une multitude de sociétés, et dans un petit phare sur Poverty Island, au large du Wisconsin.
Les costumes et les lieux de tournage fonctionnent comme des nouveaux systèmes arbitraires de référence pour des manifestations distinctes. Ils s'ensuit une accumulation de significations et de gestes. En définitive, la tension entre le spécifique et l'universel rend visibles les catégories comportementales dans leur configuration historique et culturelle. Et pose les questions suivantes : Comment l'individu peut-il se réaliser lui -même dans sa singularité, et comment des gestes apparemment individuels retrouvent-ils une position spécifique dans une communauté et une époque?
Après les présentations successives à la Secession à Vienne, à la Tate Modern à Londres et chez Metro Pictures à New York, Sullivan, s'adaptant à l'espace d'exposition de la galerie, présentera cette pièce dans une nouvelle version et selon un dispositif spécifique.
© Catherine SullivanGalerie Catherine Bastide 62 Chaussee de Forest, Vorstsesteenweg B-1060 Brussels Belgique