« Le cuisinier est un artiste. Retrouvera-t-on dans les plats confectionnés par Bernard Faucon le sel de ses mises en scènes photographiques ? Le photographe Faucon est un guerrier, un amoureux, un incendiaire, un stratège de la vision, le grand sorcier de l’apesanteur. Le cuisinier Faucon est un chinois (je ne dis pas qu’il fait de la cuisine chinoise mais qu’il cuisine chinois comme on parle chinois), une grand-mère (la sienne, Tatié) qui veut combler tous ses enfants pour qu’ils s’assoupissent repus entre ses bras, un farceur. Si Bernard Faucon pouvait nous faire manger du feu, des substances malicieuses qui teignent subitement la peau en bleu, de la dynamite, des plats hallucinogènes qui font faire le tour du monde autour d’une table, des fleurs, de la terre ou du crottin, de la glace, des arcs-en-ciel et des ouragans, il ne s’en priverait pas. »
Hervé Guibert