C'est en photographe atypique, inclassable qu'il trace ainsi depuis le début des années 1960 son parcours en solitaire, en marge du reportage, de la photographie plasticienne et des modes, « pour être, nous dit-il, de plain pied avec le monde et ce qui se passe. » Pour ce cinéaste de l'instant donné, photographe du mouvement, la photographie est le moyen d'arrimer la pensée à une connaissance personnelle et physique du monde. Rencontres fortuites, stratégies furtives et rapides des sentiments... Bernard Plossu nous montre à quel point on saisit le monde à travers le corps et le corps à travers le monde. À partir de 1987 et durant une quinzaine d'années, il parcourt à pied les étendues désertiques du sud de l'Espagne. La rencontre avec ce nouveau « Jardin de poussière » prolonge ses expéditions précédentes dans les déserts américains et du Sahara. Le vide, le silence nourri de clarté et d'errances fécondes, la solitude, la confrontation aux rythmes extrêmes de la nature relèvent du voyage initiatique qu'il filme et photographie comme une symphonie naturelle. Bernard Plossu a tracé sa propre voie, construit sa propre grammaire photographique, fidèle à ses premières amours, refusant l'anecdote du vécu et le totalitarisme des inventaires. Je suis sensible à l empreinte du temps sur les créations humaines" explique Bernard Plossu, sur les pierres. "Aller par les chemins, sinuer entre les blocs, traverser les éboulis, c est prendre la mesure de ces forces telluriques qui mènent la danse à notre insu ; c est entrer en contact avec l ossature du paysage, jusqu à se sentir de la même veine. Libre. Accordé aux forces de l univers." I.F. Ces photographies de Bernard Plossu ont été faites à Chamonix en 1976, ces images inédites annonçaient un célèbre livre Le jardin de poussière suivi d'un second ouvrage Souvenir de la mer. Ces images minimalistes nous font déambuler entre ciel (nuages) et pierres (univers minéral).