Expositions du 04/11/2005 au 15/01/2006 Terminé
La maison rouge 10 bd de la Bastille 75012 Paris France
CINEMA PRISMA
Artiste de renommée internationale, Dieter Appelt construit une œuvre exigeante et personnelle qui prend forme depuis plus de 30 ans, aussi bien dans la photographie, le film, que la sculpture, le dessin ou la musique.
Souvent associé à des images d'« actions » où il se met lui-même en scène, comme « Images de la vie et de lamort » ou « La libération des mains », Dieter Appelt est surtout connu pour ses photographies. Pour son exposition à la maison rouge, Françoise Paviot a construit un parcours qui rassemble l'ensemble des médiums pratiqués par l'artiste.
Des projections régulières seront organisées àla maison rouge. Certains d'entre eux sortent pour la première fois des archives de Dieter Appelt et ont étéretravaillés spécialement pour cet événement.
L'exposition montre par ailleurs l'évolution de son travail depuis sa dernière exposition en France, au Centrenational de la Photographie en 1989, en proposant des œuvres récentes ou moins connues.
Le public pourra ainsi découvrir « Forth bridge-cinéma. Espace métrique »*, un tableau de 312 photographies du pont du Forth construit en Ecosse à la fin du XIX èmesiècle (une commande du Centre canadien d'Architecture deMontréal). Cette œuvre est une grande image architecturale dans laquelle interviennent le film, la photographieet la musique formelle de Iannis Xenakis et les notations mathématiques de ses pièces pour percussion. Elle estprésentée avec le film et les dessins qui l'accompagnent.
Dans « Wiesent Cinema », Dieter Appelt associe le cinéma au flot continu d'une rivière qui a régulièrementretenu son attention. A travers l'image fixe et l'image animée, il prolonge son interrogation, de façon plussensuelle et peut-être moins formelle, sur les notions de durée, d'attente et la nature du temps.
Avec « Spiegel Prisma Cinema Maschine » – qui a donné son nom à l'exposition – et « Glas Skulptur », DieterAppelt a conçu deux machines à « réfléchir », au sens propre comme au figuré. Ces deux sculptures sont posées à même le sol, dans la pénombre, et fonctionnent avec un dispositif de projection. Véritables « métaphores » de l'image, à la fois intrigantes et provocantes, elles laissent libre cours à l'imagination de celui qui la regarde et suscitent de multiples lectures.
Si l'œuvre de Dieter Appelt se renouvelle continuellement pour devenir de plus en plus complexe, elle sedéveloppe aussi depuis ses débuts selon une même démarche qui se définit comme une pensée en image. C'estainsi que Dieter Appelt a souhaité construire une nouvelle « Tour »* de plusieurs mètres. L'ensemble, à la foisarchaïque et élaboré, est fabriqué à partir de fagots de bois et de liens en lin. Cette sculpture, installée dans lasalle la plus haute de la fondation, vient, en écho à l'ancienne « Augenturm », proposer sa silhouette à la fois rigoureuse et fragile, reprenant les tensions fréquentes dans son œuvre entre l'ordre et le trouble, la violence et l'harmonie, la lumière et l'ombre.
Plusieurs pièces antérieures, rarement présentées en France, sont également exposées, comme la série complètede son travail photographique sur « Ezra Pound » ou la série « Pitigliano ». Elles permettront de faire le lien avecles oeuvres récentes et de montrer comment l'œuvre de Dieter Appelt ne cesse d'enrichir et d'approfondir desthématiques qui ont toujours constitué l'essentiel de son travail : la durée, l'attente et la capacité du temps àgénérer son propre espace.
* Michel Frizot, Dieter Appelt, Photopoche, Centre National de la Photographie, 1997(extrait)
« Agissant avec le médium photographique, mais aussi bien avec la vidéo ou par la fabrication d'objets, liéaux peintres de la scène berlinoise, Appelt revendique le libre choix de ses moyens d'action, sans se laisserenfermer dans les particularismes d'un dispositif ; l'élaboration de la prise de vue répond pour lui à unenécessité constructive, à une syntaxe puisée dans le modèle poétique. On se souviendra que pour un artisteallemand, le mot Bild(« image ») est associé à l'idée d'une construction, d'une « "formation" (Bildung) àlaquelle on peut reconnaître un sens géologique : l'un de ses visages recouverts de terre craquelée (1979-1988)est intitulé Schichtung(« stratification »), concrétisant en un seul mot l'origine tellurique du corps, la constitution alluvionnaire de la mémoire et le mode de production de l'image. La pierre, la grotte (notamment les abris troglodytes étrusques de Sorano en Italie, où Appelt a fait également un film), lesalignements de Carnac aussi, sont des réalités premières, sources de pulsation et de langage. »
Dieter Appelt, extrait du catalogue de l'exposition « Forth Bridge-cinéma. Espacemétrique », Centre Canadien d'Architecture, Montréal, 2005
« Au début de mai 2002, avec Hubertus von Amelunxen , j'ai parcouru les photographies et autresdocuments du fonds d'archives consacrés par le C.C.A. au pont sur le Forth**.Von Amelunxen et moi-mêmeavons examiné les documents relatant la construction du pont depuis l'érection de la structure, et avons suiviles différentes étapes jusqu'à l'assemblage des poutrelles.Nous avons découvert une étonnante photo,souvent reproduite à l'époque, qui montre une maquette vivante du pont sur le Forth : deux hommes assissur leur chaise soutiennent, au milieu, un troisième homme, lui aussi assis. Cette maquette avait servi àillustrer le principe de construction d'un pont cantilever et à en démontrer la solidité. Ce voyage à Montréal aredonné vie à mon projet.De retour en Europe, toujours habité par les images de mon projet initial, jem'empressai de reprendre les clichés du pont sur le Forth. Aujourd'hui, les esquisses, le plan scénique du film, les accélérations et décélérations du temps filmique, lachronologie des sons correspondants et les principes sériels que j'ai tardivement commencé à utiliser, toutcela dépasse la simple narration.En raison des changements continuels de la réalité et des limites del'apparence formelle, j'en suis venu à m'attacher à l'effet. J'utilise le minimum d'images requis pour obtenirl'effet voulu, évitant ainsi de distiller la réalité.Le film ne racontera rien d'autre que sa propre réalité. Dans saforme finale, une expérience cinématographique telle Forth Bridge-Cinema.Espace métrique - qui tente derestituer la structure des couches temporelles, d'harmoniser les séquences rythmiques des images de filmavec celles prises en 35 mm, et de créer un schéma des éléments disparates du temps, de l'espace et de laforme en utilisant un système de notation - en fin de compte reflète la multiplicité des problèmesconceptuels et techniques non résolus. »
• Françoise Paviot, commissaire
Françoise Paviot anime depuis 1995 une galerie de photographie. Titulaire d'un DEA de lettres, elle a étérédacteur en chef de la revue Interphotothèque Actualités puis de Coursives au Centre Georges Pompidou. Ellea collaboré à la mise en place de la politique de gestion des fonds photographiques en France et signé, entreautre, Analyse de l'Image fixe, Adresses utiles pour la photographie et Paris en Fête. Elle a également assuré lecommissariat de l'hommage à René-Jacques au Musée de la Marine à Paris, Brest et Saint-Malo et organisé denombreux colloques et ateliers sur l'image dans des lieux institutionnels et privés. C'est en étroitecollaboration avec l'artiste, avec qui elle travaille depuis plus de 10 ans, qu'elle a assuré le commissariat decette exposition.
Wiesent Cinema © Dieter Appelt
La maison rouge 10 bd de la Bastille 75012 Paris France