© Nelli Palomäki, Andréas, 2010
Pôle Image Haute-Normandie 15 rue de la Chaîne 76000 Rouen France
Jeune artiste finlandaise spécialiste du portrait, diplômée de l’École d’art et de design d’Helsinki venue dans notre région en 2010 à l’occasion d’une résidence d’artiste, Nelli Palomäki (née en 1981) a perçu et imaginé notre région à travers les filtres de la nostalgie et du romantisme. Les portraits « carte de visite » et les vieux vêtements des marchés à la brocante qu’elle a parcourus assidûment lui ont inspiré une série de portraits d’enfants et de jeunes femmes en tenue d’époque XIXe, à l’ombre des pommiers en fleur ou dans l’univers préservé du musée Victor Hugo à Villequier. Elle a ainsi renouvelé son approche du portrait en noir et blanc en actualisant les poses et décors d’une époque révolue.
Avec quelques oeuvres plus anciennes, une partie plus récente du travail photographique de Nelli Palomäki est présentée à la galerie de la rue de la chaîne. Ce sont ses portraits dans une institution militaire pour jeunes gens en Russie et ceux réalisés lors d’une résidence d’artiste à Londres. Ces portraits en noir et blanc, classiques dans leur forme, parlent d’identité et de personnalité à travers le prisme de l’enfance et du devenir adulte. Le masque social est toujours présent mais il n’occulte en rien la part singulière et l’originalité de chacun.
Baawo à 30 ans, 2011
© Nelli Palomäki
Cette exposition est l’occasion d’une co-production avec les Rencontres d’Arles, où Nelli Palomäki a exposé en 2012, et d’une exposition jumelée entre le Pôle Image Haute-Normandie et le Musée Victor Hugo à Villequier où les œuvres de Nelli Palomäki réalisées lors de sa résidence en Haute-Normandie en 2010 sont présentées du 16 mars au 21 mai.
La relation du photographe à son modèle
« À partir de ses captations, Palomäki choisit ses sujets davantage par la sensibilité qui s’en dégage plutôt que par leur stricte apparence.(...)Palomäki fait partie de ces rares photographes de portraits qui ont naturellement trouvé la faculté à ne faire émotionnellement qu’un avec le sujet observé. (...) Il ne s’agit pas seulement pour Palomäki, de prendre des photographies, mais aussi de charmer la vie et, à travers ce processus, partager son enthousiasme jusqu’à ce qu’il devienne contagieux. On ne pose pas pour une photographie de Palomäki – on devient une photographie de Palomäki. C’est dans son assurance que réside sa force, lui permettant de faire usage du monde intérieur des autres. » (Thimothy Persons, introduction au livre « Breathing the Same Air »)
« Nelli Palomäki se concentre sur le dialogue photographique entre l’artiste et le sujet. En ce sens, ses modèles dégagent une conscience complète de leur participation dans le processus photographique. Les sujets de Nelli Palomäki ont tous un air familier, quelque chose dans le regard. On dirait qu’ils transpercent et connaissent tout du spectateur, tout en ayant l’air de s’observer eux-mêmes dans un miroir. Elle choisit ses modèles avec soin, jeunes pour la plupart, explorant le fossé entre nos idées préconçues de la re- présentation de l’enfance et les individus indépendants qu’ils sont en réalité. » (Estelle af Malmborg, extrait du texte « Portrait of time »)
« Que savons-nous des modèles de Palomäki ? Pas grand-chose, dans la mesure où ils sont connus et identifiés uniquement parce qu’elle les a photographiés. Nous savons qu’ils sont jeunes, enfantins. Nous savons qu’ils ne sont pas choisis au hasard. Des fils inconnus et invisibles tissent des liens entre les modèles et la photographe. Pourquoi a-t-elle privilégié l’extrême jeunesse ? Est-ce parce que leur expression est plus pure et innocente, moins vaniteuse que celle d’un adulte devant l’appareil ? Est-ce parce que les enfants et les jeunes n’ont pas encore appris à se mettre en scène, à se censurer ? Ou est-ce parce que les jeunes sont davantage éloignés de la mort, cette mort dont Nelli Palomäki est explicitement consciente ? Au début du chemin, ils ne savent pas ce que la vie leur réserve. » (Peter Michael Hornung, extrait du texte « The silent of a portrait »)
Aino à 27 ans, 2010
© Nelli Palomäki
Le temps
« Le temps est crucial dans l’œuvre de Nelli Palomäki où toutes les œuvres renvoient l’image de l’artiste : il s’agit de l’effet que le temps a sur nous, comment le temps nous définit et nous consume. Elle explore la tradition du portrait en noir et blanc et parvient à faire resurgir ses anciennes qualités. Nelli Palomäki mêle méthodes traditionnelles et modernes dans sa recherche constante de la photographie parfaite. (...)Ses photographies traitent de la tradition fortement ancrée de l’usage de la photographie comme un moyen de préserver des souvenirs. Elles soulèvent des questions liées à l’identité, le genre, le fait de grandir, et nous dévoilent un aspect de la problématique du passage à la majorité dans une société nordique éloignée. Elle joue ainsi avec la façon dont une personne devient autre lorsqu’elle devient portrait. (...)Elle parvient à donner la vague impression qu’un événement a précédé la photographie, et il est souvent difficile, au premier coup d’œil, de repérer l’espace-temps dans lequel les clichés sont pris. C’est un détail, tels une lèvre percée, un tatouage ou un vêtement coupé à la mode qui viendra révéler la contemporanéité de l’image. » (Estelle af Malmborg, extrait du texte « Portrait of time »)
« Elle a confié qu’elle aimait bien l’idée ou la sensation que ses portraits auraient pu aussi bien être pris il y a un siècle ou une seconde. Peut-être est-ce pourquoi Nelli Palomäki donne l’âge de ses modèles. Elle va jusqu’à l’indiquer dans le titre de ses photographies. Peut-être est-ce une façon de délimiter et identifier encore davantage la personne qui a posé devant l’appareil. Peut-être est-ce pour ancrer un moment spécifique dans le temps, qui passe inexorablement, et ce
bien malgré nous. » (Peter Michael Hornung, extrait du texte « The silent of a portrait »)
Photos et vignettes © Nelli Palomäki