Expositions du 10/01/2006 au 19/03/2006 Terminé
Jeu de Paume 1 Place de la Concorde 75008 Paris France
Exposition organisée en collaboration avec la galerie VU, les Rencontres d'Arles,
et le Bildverksamheten Strömholm, Stockholm,
et le Hasselblad Center, Göteborg
avec le soutien du Centre culturel suédois, Paris (http://www.ccs.si.se),
et de l'Institut suédois, Stockholm.
L'œuvre de Christer Strömholm (1918-2002) frappe encore aujourd'hui (et peut-être plus encore aujourd'hui) par sa rigueur et sa radicalité, en même temps que par l'énergie poétique qui s'en dégage. Loin des conventions de la photographie documentaire traditionnelle, loin aussi de la douceur lyrique de la photographie humaniste, Strömholm construit un univers singulier, où se rencontrent trois exigences majeures : un choix de sujets hors du commun, souvent aux marges de la société ; un engagement personnel et une éthique qui régissent son rapport à ces sujets ; enfin, l'invention d'un langage formel, notamment dans le traitement de la lumière et des cadrages, en adéquation avec son univers.
Cette exposition comprend deux parties :
"L'une est constituée de la quasi-totalité des tirages originaux de l'exposition de 1965 intitulée À ma propre mémoire, présentée dans la galerie du grand magasin NK de Stockholm Ces tirages, au nombre ici de 59, montés sur isorel, ont été retrouvés en bon état et simplement dépoussiérés et encadrés avant d'être exposés pendant l'été 2005 dans le cadre des Rencontres d'Arles.
"L'autre partie comprend une sélection de 35 photographies prises entre 1949 et 1982.
Ces photographies ont été présentées en 1998 par le Hasselblad Center, Stockholm, dans l'exposition intitulée Imprints, et l'ouvrage qui l'accompagnait, à l'occasion de la remise au photographe du Prix Hasselblad.
"Stockholm, 1965. La galerie du grand magasin NK propose une exposition de Christer Strömholm, le plus grand photographe scandinave, alors enseignant, et qui marquera trois générations de la photographie d'Europe du Nord. Christer, qui ne s'est jamais préoccupé de son œuvre, ni du marché, qui a quitté très vite le groupe Fotoform d'Otto Steinert, montre ses images comme une évidence : des tirages de 50 x 60 cm, contrecollés sur isorel (massonite en suédois), sans cadre, brutaux ou pour le moins directs, juste accrochés par une ficelle fixée au dos.
Trois jours après le vernissage, l'exposition est décrochée : elle est trop déprimante, trop radicale, en fait. Inacceptable à ce moment-là, qui veut de la douceur ou de l'anecdote. Le contraire absolu de Christer.
Quarante ans plus tard, nous montrons, parce que nous avons eu de la chance que l'essentiel de cette exposition soit préservé, puis retrouvé, une soixantaine d'images, dans leur état originel, qui reconstituent le propos de Christer Strömholm. Ce n'est que pour des soucis de conservation que nous avons encadré les tirages originaux. Notre conviction est que cet ensemble, marqué par l'obsession de la mort, la notion de série et le refus de l'anecdote qui caractérisent l'un des plus importants auteurs européens de la tradition documentaire est un moment historique essentiel de la photographie en Europe. Recomposer l'exposition Till minnet av mig sjalv (À ma propre mémoire) est pour nous à la fois une chance (nous ne pouvions pas penser, durant des années, que les œuvres avaient été sauvegardées) et un devoir, parce que Christer Strömholm, décédé le jour où nous avons décroché sa dernière exposition, reste pour nous exemplaire de ce que nous demandons à la photographie : questionner le monde, sans complaisance, le mettre en doute, le dire sans le représenter, affirmer sa déliquescence et ses travers, interroger ses permanentes douleurs. Tout en construisant, sans le vouloir, sans le savoir, l'image d'un auteur incontrôlable qui dit "je" comme il respire et qui conchie toutes les conventions.
Quarante ans après sa création, même si elle est un hommage dans sa reconstitution, cette exposition est bien plus : l'affirmation de l'indispensable liberté de l'artiste. Et, en l'occurrence, celle de celui qui, s'exposant sans cesse, prenant toujours des risques, a su, sublime pédagogue, permettre l'existence et l'expression d'un Anders Petersen et d'un J.H. Engstrom auxquels il a transmis des valeurs (d'abord la liberté et l'authenticité) en leur proposant de trouver la forme adéquate de leur expression, comme il l'avait fait lui-même."
> Voir son site : http://www.stromholm.com
© Christer StrömholmJeu de Paume 1 Place de la Concorde 75008 Paris France