© Vincent Meurin
Mercredi 13 février 2013, la ville est borgne. L'oeil de Gabriele Basilico se ferme à tout jamais. C'est un cancer du poumon qui a emporté hier ce photographe milanais au rayonnement international. Architecte de formation, son regard de photographe a immortalisé les expressions d'une ville en perpétuelle évolution. Révélé en 1985 par la mission de la Délégation à l'aménagement du territoire régional, il passera sa vie à cristalliser les mutations urbaines. A travers son parcours, ponctué et valorisé par de nombreuses expositions et des projets collectifs éclectiques, c'est l'histoire de nos aires de vie que l'on peut lire. Sa mort canonise une épopée qui donne forme à ces labyrinthes de constructions.
Grâce aux contrastes du noir et blanc et à la puissance des perspectives, son œuvre donne un sens à la « ville moderne plongée dans le chaos ». Traditionnellement désertées par l'humain, ses photographies témoignent d'une forme de déroute architecturale tout en en éclairant la beauté : « Les œuvres des grands architectes, bonnes ou mauvaises, sont le résultat d'une défaite, celle de faire de la ville une utopie de vie collective. Elles sont la preuve que personne ne pense l'urbanisme dans son ensemble. ». Sous le projecteur de son objectif, les mégalopoles aliénées telles que Beyrouth, Moscou, Monaco ou San Fransisco, ont retrouvé un visage.
Invité aux rencontres internationales de la photographie à Arles en 2002, consacré par une rétrospective à la Maison Européenne de la photographie en 2006, on se souviendra de Gabriele Basilico comme du grand portraitiste de Babylone.
Orianne Hidalgo