Galerie Joseph Antonin 40 rue Emile Barrère 13200 Arles France
Une sélection d'œuvres photographiques, vidéo, picturales, mettant en scène la question de la pluralité des féminités sous l'angle de l'actualité et de la représentation du corps. Une exposition sous le signe de l'érotisme et du genre, rendant compte d'un féminisme ouvert à la plus grande diversité, synthèse éclatée du masculin et du féminin.
Art et Femme, même combat; esprit et chair, même destin : l'exposition interroge le champ politique de la sensibilité, l'expression de l'intime, le clivage social entre corps et cérébralité; ce faisant, elle met en valeur le désir, à la fois langage du corps et de l'être, liberté aux antipodes du tabou de la nudité, du rejet de l'émotion et des sens.
La démarche figurative d'Emilie Jouvet et l'approche picturale de Guillaume Flageul reposent les questions essentielles à l'art d'hier et d'aujourd'hui, à savoir la possibilité désormais rare d'incarner la forme dans l'esprit de la chair ou de s'adresser à la sensibilité du regardeur - et pas seulement son voyeurisme...
© Emilie Jouvet
Revisitant les références culturelles (archétypes de la représentation, dispositif classique du nu et du regard) en leur insufflant un point de vue nouveau qui fait voler en éclat la norme consensuelle, c'est la notion d'authenticité du geste artistique qui reprend ici toute sa force : à l'opposé des modes dociles, interchangeables, communiquant sur le ton sans danger d'une transgression tiède, simulée, féminisme s'entend comme acte de résistance mené sur tous les fronts, comme nécessité et revendication d'une intégrité à la fois corporelle, intuitive et sociale.
23 Mars - 20 Avril / VERNISSAGE samedi 23 mars à partir de 18h. Emilie Jouvet (photographie, vidéo), Guillaume Flageul (peinture)
La galerie sera ouverte de 11h à 19h pendant le week-end d'arles contemporain du 23 et 24 mars (www.arles-contemporain.fr) Participation à Femmes en mouvement, manifestation organisée par le
CIDFF et la ville d'Arles durant le mois de mars; dans ce cadre, la galerie présente un film-culte des années 70 sur le féminisme (avec Delphine Seyrig), en partenariat avec la médiathèque d’Arles, le
mardi 26 mars à 14h (salle nuit étoilée)...
Féminisme, sous le signe de la force et de l'érotisme des différentes féminités...
© Emilie Jouvet
Sans rentrer dans la totalité de l’actualité, qu’il s’agisse pour le pire d'actes de violence portant sur la stigmatisation des femmes en tant que femmes, et pour le meilleur d’avancée des droits en matière d’adoption pour les couples lesbiens, il nous a paru naturel et légitime du point de vue de la galerie de traiter de la question du féminisme sous l’angle de l'art contemporain, soit sur le plan du contenu et de la forme.
S’interrogeant sur le féminisme, nous avons remarqué que la femme dans l’art était assignée à la même place problématique que le corps, comme si l’identité se résumait à la façon dont on présente le corps, mais également comme si la femme, au sens de signifiant cette fois, faisait l’objet du même tabou que le corps : qu’il s’agisse de la misogynie latente dans les courants abstraits et iconoclastes, au rejet de la nudité et d’un langage émotionnel qui passent par la sensualité tel qu’on le trouve dans la morale puritaine, c’est cette part de censure et de refoulé, que nous avons souhaité montrer dans l’exposition Féminisme.
Pour ce faire, il nous a paru évident de réunir deux point de vues plastiques dont la particularité réside justement dans le traitement sans équivoque de la liberté du sujet féminin, allant de la tendresse et de la complicité, de l’intelligence du jeu à l’érotisme le plus pur.
Le regard d’Emilie Jouvet, réalisatrice et photographe du milieu queer underground européen, dont l’œuvre met à nu la question du genre et son déterminisme (sexuel, social), jouant avec l’artifice de la construction féminine, énonçant les conditions d’une émotion tactile et sensible, d’un engagement sans compromis, nous a paru essentiel pour saisir la part subversive du féminisme contemporain, aussi bien dans sa vitalité, la force de son esthétique, que son urgence.
© Emilie Jouvet
La peinture de Guillaume Flageul osant la représentation du corps féminin dans ce qu’il a de plus ouvertement cérébral et sensuel, traitant du sentiment vis-à-vis du modèle et de la peinture, réveillait également le débat souterrain autour de l’enjeu du regard : par sa frontalité, le nu engage le spectateur dans une lecture à la fois fascinante et déstabilisante comme si
le modèle féminin était à la fois offert à la vue et rendu à sa toute puissance énigmatique et charnelle.
C’est en effet à la part androgyne du regard que l’exposition rend hommage : si le regard est, par nature, pacifiant et doué de la plus haute compréhension culturelle, c’est en vertu de ce qu’il est grand ouvert, sans-limites ni coupure, au-delà du sexué et du sexuel, pouvant donc réunir ce qui paraît de prime abord désuni par la censure et la morale : le corps et sa pensée.
Photos et visuels © Emilie Jouvet