Hong Kong Projections I © Sabine Wild
LUMAS Paris – Saint-Germain présente à travers l'exposition Villes et Lumières le jeu à la fois étonnant et mystérieux que créée l'interaction entre l'architecture, l'obscurité et la lumière dans les métropoles les plus chatoyantes du monde. Ce qui, le jour, apparaît comme un entrelac opaque de carrefours, de bâtiments et de panneaux de signalisation, s'assemble à la nuit tombée en une matrice flamboyante se déployant, tel un filet scintillant, sur toute la ville. Les oeuvres des six artistes exposés dévoilent la multiplicité de et la fascination pour l'architecture urbaine, qui de par ses lignes et ses formes exactes agissent comme un motif graphique.
On dit que l’œil de l’homme est comme une fenêtre sur son âme. Vu ainsi, les images grand format d’immeubles et de façade de Fabiano Busdraghi nous montre l’état d’âme de l’architecture de façon à la fois extrêmement complexe et fantastique. La fenêtre est l’élément principal dans ses images de bâtiments composées soigneusement et placées consciemment dans un espace intermédiaire de la réalité. Le regardeur se perd formellement dans l’étendue de cette conception audacieuse qui est absolument consciente de sa dimension utopique.
Louvre #1, Paris
© Fabiano Busdraghi
Ses angles de vue sont à couper le souffle, sa perspective ressemble à celle de l’univers depuis la terre: contredisant le loin, l’en haut et l’en bas et en même temps visant le centre et le milieu. On a le sentiment de tenir debout quelque part, de flotter, de regarder en même temps vers le haut et vers le bas, sans avoir à connaître et à faire confiance à notre sens de l’orientation. Des lignes, des diagonales, des horizontales et des verticales plongeantes sont à comprendre dans une légère rotation. Le cadrage dévoile peu de l’ensemble du bâtiment. De cette manière, on peut directement plonger dans les photographies de l’architecte et photographe d’architecture danois Adam Mørk, les explorer et suivre les lignes dans le calme.
Pendant longtemps, le photographe américain Philip Habib a conduit à travers Pleasantville, une banlieue de New York, et regardait au passage les poteaux électriques qui se trouvent sur le bord de la route. A chaque trajet, ils sont devenus plus personnels. Bientôt, il vit en eux bien plus que des porteurs fonctionnels et des nœuds de câbles embrouillés. Un jour, il s’arrêta brusquement, sortit de sa voiture et commença à photographier les câblages. Le ciel était d’un bleu profond et livra un arrière-plan parfaitement monochrome. En regardant le résultat, il eu une pensée pour les œuvres graphiques de Piet Mondrian et de ses couleurs intenses avec lesquelles il aimait lui-même travailler.
Evan Joseph, autrefois fondateur du célèbre magazine Art Collector, a fait des études d'art au Vassar College et à la Slade Scholl of Art de Londres avant d'être promu, à New York, comme l'un des photographes de luxe et lifestyle de premier plan. Spécialisés dans l'intérieur, l'architecture et les scénarios urbains, les travaux de cet artiste reflètent avec exactitude toutes les facettes que chacun associe à la métropole chatoyante qu'est Big Apple: le
glamour, la grandeur et les possibilités illimitées.
“Sutter Stockton”
© Christopher Woodcock
Sabine Wild née en 1962 à padoue en Italie, travaille aujourd’hui à Berlin. Ses dernières oeuvres, une série d’images de villes, parviennent à dissoudre le « côté citadin » et dessiner un entrelacs de lignes, de formes et de couleurs. Elle traduit le mouvement, le constant va-et-vient, les rythmes rapides des villes par des images cinglantes mais aussi rassurantes par le calme qui les habite. Ses photographies pourraient se situer quelque part entre mirage et réalité. Ce frémissement de la ville est un besoin, de même que nous avons besoin, après une journée agitée, de recueillement, de silence au milieu du tumulte citadin.
Christopher Woodcock intitule sa série de photos, qu’il a faite à New York, Boston et San Francisco, Publicly Private. Avec ce titre, l’artiste américain désire attirer l’attention sur les réalités qui se cachent derrière les façades d’immeubles de grandes villes et qui ne se dévoilent pas au premier coup d’œil. Woodcock cite à ce sujet l’auteur italien Italo Calvino : « Les villes comme les rêves sont construites de peurs et de désirs, même si le fil de leurs histoires reste caché, leurs règles absurdes, que leurs perspectives sont trompeuses et que chaque chose en cache une autre. » Les photos de Woodcock sont composées de façon tellement impressionnante que l’on tendrait à croire que ce sont des photomontages raffinés ce qu’en réalité elles ne sont pas.