© Marc Riboud - La cité interdite sous la neige, Pékin, Chine", 1957, tirage argentique
Galerie Camera Obscura 268 Boulevard Raspail 75014 Paris France
En 1955, Marc Riboud s’engage dans un véritable voyage initiatique en photographie qui durera jusqu’en 1958.
Durant ces trois années, il va traverser en prenant tout son temps les pays qui sont sur le chemin de l’orient, depuis la Turquie jusqu’en Chine et au Japon.
Notre exposition rassemble un choix de quarante photographies réalisées durant ce long périple. (Les éditions Xavier Barral ont publié en cinq volumes un ensemble plus exhaustif de deux cent vingt photographies. Ce livre a obtenu le Prix Nadar 2012).
Marc Riboud a trente deux ans lorsqu’il décide de partir vers l’orient dans la vieille Land Rover rachetée au photographe George Rodger.
Voilà deux ans qu’il a fait ses premiers pas dans la profession de photographe, accompagné du bienveillant parrainage de Robert Capa et d’Henri Cartier-Bresson.
Mais il ressent le besoin de se perfectionner, de se frotter au vaste monde pour se libérer, peut-être, d’attaches familiales et d’habitudes de pensées qui encombrent encore son regard. Le voyage le plus extrême sera son école.
Cartier-Bresson l’encourage à partir vers l’Asie.
© Marc Riboud - Jaipur Inde, 1956, tirage argentique
«Je connaissais par coeur le journal de voyage de mon père qui avait fait le tour du monde à la fin de ses études, en 1910. Le passage où il racontait comment il avait contracté la peste au Cambodge m’avait fait rêver... La beauté étrange de ces régions m’attirait.»
Ce périple durera trois années, durant lesquelles Riboud réalise certaines de ses images les plus connues aujourd’hui. En même temps, il ne possède pas encore totalement son métier : ses photographies ont la fraîcheur de la découverte et de l’émerveillement. Il peut lui arriver de déclencher pour une impression, une rencontre émouvante sur la route, un chien errant sur la plage au crépuscule : images qui ne feraient certainement pas la moindre parution, mais disent la beauté existentielle du voyage.
Mais, bien entendu, il veut devenir un «vrai» photographe et les lettres et les recommandations de Cartier-Bresson, qui vont le suivre tout au long de ce voyage, sont une école de professionnalisme : comment penser un reportage, quelles sont les bonnes personnes à voir... le maître prodigue de nombreux conseils qui seront fidèlement suivis («reste le plus longtemps possible en Chine, personne n’a encore bien photographié la Chine populaire»)...
Ces années de voyage peuvent être considérées à la fois comme le creuset d’une oeuvre et son conservatoire : on retrouve au fil des pages du livre, comme dans le choix plus serré de notre exposition, ce qui fait le talent singulier de Marc Riboud, à la fois grand professionnel du reportage et poète de l’image.
© Marc Riboud - Népal 1956, tirage argentique
Photos et vignette © Marc Riboud