Annonciation /serie L'eau Grande © Jean-Christophe Ballot 2000
Galerie Hélène Detaille Galerie He?le?ne Detaille. 5-7, rue Marius Jauffret 13008 Marseille France
Exposition présentée dans le cadre de Marseille Provence capitale européenne de la culture 2013
« J’aime ces grands nœuds bistres, ces expressions de troncs noueux, de fagots mouillés (trempés), grands nœuds bistres sous un ciel de soie grise (un peu bleue, rendue bleue), et ce dépeignage, ces gifles des intempéries (par les éléments) dans la solitude.
Le bistre fonce de plus en plus, atteint presque au noir, d’où surgit brusquement le vert tendre (et même, d’abord, pour les aubépines, le blanc), puis toutes les couleurs à l’imitation du minéral. C’est de branchettes, de réglettes presque noires que surgissent le vert et le blanc. »
(Francis Ponge, Nioque de l’Avant-Printemps, Gallimard, nrf.)
Jean-Christophe Ballot saisit, dans l’instant de la pause photographique, la souveraineté des arbres et la spiritualité de la nature. Il porte sur le monde un regard contemplatif. Bosquets, troncs isolés, rameaux enchevêtrés s’inscrivent dans un paysage magnifié par l’équilibre de sa composition. « En tant que photographe architecte je m’intéresse à l’espace en général, qu’il soit naturel ou construit. ».
L’approche de Joseph Rottner est toute autre. Il cherche à « déceler la structure secrète de la lumière » ; il tente de traduire « l'autre vie », cette vibration cachée dont sont dotées les choses. Il se définit comme un primitif : « Je voudrais révéler par la photographie l'entre-vie-et-mort de lieux abandonnés : un jardin ensauvagé, un sanctuaire en ruine, une demeure désertée, des chemins oubliés, des arbres solitaires... »
Série L'Eau Grande © Jean-Christophe Ballot 2000
Jean-Christophe Ballot
Qu’il photographie les villes, les ports, les musées, les lieux spirituels, les sites archéologiques, les paysages naturels ou les jardins, Jean-Christophe Ballot fixe un cadre dans lequel il a repéré des formes, des structures, des premiers plans, des lignes de fuite, des replis.
Cette exposition présente une sélection d’œuvres réalisées essentiellement dans le bocage angevin, après une crue de la Loire, et sur la montagne Sainte-Victoire. Ici l’arbre dialogue avec le fleuve ou la montagne, avec l’eau ou la terre dans des paysages aux contours nets, dessinés et construits.
Dans le bocage angevin les arbres s’enracinent dans les étangs ou au bord des rivières. Le monde végétal est indissociable du monde aquatique. Les branches entrelacées portent les irisations des lumières du Maine et de la Loire et les arbres se prolongent dans les reflets de l’eau. Troncs noueux creusés par les saisons, jeune futaie serrée entre ciel et marais, sous-bois laissant filtrer des rayons… Le bocage semble organisé autour de ces arbres émergeant de la surface de l’eau. Tout est calme. On avance sans bruit, envahi par la sérénité des lieux.
« Une photographie de paysage est un peu un autoportrait intérieur. C’est le ressenti, à l’émotion du moment face à la nature. C’est l’âme de ce métier. L’artiste partage ses visions du monde. (…) Je recherche le temps suspendu et revendique une photographie contemplative. »
Le photographe a arpenté la montagne Sainte-Victoire au fil des saisons, abordant ce lieu mythique comme on entre dans une méditation poétique. Ses photographies montrent la confrontation du végétal et de la roche, la force des arbres et la majesté du site. « J’ai retrouvé, à sillonner les sentiers de la Sainte-Victoire, des émotions qui m’habitaient sur la route de Saint-Jacques de Compostelle. C’est sur Le Chemin que j’ai découvert le bonheur de parcourir le paysage, dans un effort du corps, jusqu’à s’y perdre, s’y dissoudre. Alors le regard se porte jusqu’à l’horizon, ou le sommet de la montagne. Alors le regard arrive à cette plénitude, dans ce paradoxe apparent du détachement et de la communion avec le monde. »
Jean-Christophe Ballot a photographié le site de la Sainte-Victoire dans le cadre d’une résidence d’artiste. Ce travail a été exposé sous le titre Les quatre saisons de la Sainte-Victoire en 2010, à l’occasion des Rencontres d’Arles, du Mois de la photographie à Paris et de la parution de l’ouvrage Les trente-six vues de la Sainte-Victoire, édité chez Gallimard avec un texte de Peter Handke.
Photographies noir/blanc et couleur.
Notes biographiques : Jean-Christophe Ballot, photographe et documentariste, est aussi architecte, diplômé de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs et de la FEMIS, et ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome. Il vit à Paris.
De nombreuses expositions ont été organisées en France et dans le monde depuis plus de vingt ans. Ses photographies font partie de collections de grands musées, notamment le Metropolitan Museum of Art, New York, et à Paris Le Louvre, le Centre Pompidou, la Bibliothèque nationale, le Musée Rodin, le Petit Palais, le Musée Carnavalet, la Maison européenne de la photographie ; ainsi que de la Caisse des dépôts et consignations et diverses Artothèques en France.
Série L'Eau Grande © Jean-Christophe Ballot 2000
Joseph Rottner
Si nous regardons une photographie de Joseph Rottner, nous devons nous habituer à une manière singulière de voir. Il faut prendre le temps d’accommoder son regard.
Joseph Rottner cherche à éliminer un dessin trop précis pour nous entraîner vers l’essence des choses qui nous environnent. Tout y est à la fois précis et dilué, tremblé et détaillé, c'est un monde flottant où règne une étrange absence, un état proche du rêve, mais réel comme le rêve.
Il ne photographie que des lieux qu’il a longuement parcourus, reconnus, le plus souvent dans un périmètre réduit : aux abords de « sa » demeure italienne (aux flancs des monts pisanais en Toscane) ou du château de La Roche-Guyon (Vallée de Seine) où il séjourne régulièrement.
Joseph Rottner se dit influencé par les artistes qui ont su montrer les pulsations de la lumière et les vibrations du monde : les photographes Gustave Le Gray, Josef Sudek, Ralph Eugene Meatyard, Sally Mann, mais aussi les peintres primitifs italiens, Camille Corot, ou des contemporains comme Alexandre Hollan et ses « vies silencieuses », et des cinéastes comme Sokourov.
Pour lui, photographier rejoint d'autres pratiques : l'art de l'acteur, fondateur de son travail photographique, et la cinématographie.
En photographie comme au théâtre, ce n'est pas représenter directement l'espace ou l'émotion qui l'intéresse, mais traduire des états particuliers de présence, éprouvés, vécus, qui le traversent. « Ce que je cherche n’est pas une émotion esthétique ou sentimentale. Je voudrais que mes photographies conduisent ceux qui les regardent à participer à un mouvement intérieur du monde, à son silence, à sa vitalité... »
Photographies couleur et noir/blanc.
Notes biographiques : Photographe autodidacte. La rencontre avec Emmanuel Ostrovski l'amène à être acteur et à fonder avec lui l’Atelier Permanent de Recherche Théâtrale (1997) ; elle est aussi à l’origine de leur premier film, Fragments d’exil.
En 2003, grâce au prix Villa Médicis hors-les-murs, ils peuvent constituer un atelier de théâtre en Toscane où ils séjournent chaque été depuis dix ans. Joseph Rottner y a développé un travail photographique qu’il poursuit, comme son travail cinématographique, au Château de la Roche-Guyon où l'Atelier est en résidence régulière depuis 2008. Ses photographies ont été exposées en 2005, 2006 et 2008 à Paris. Ingénieur biomédical, il est aussi chargé de cours à l’université de Compiègne. Il vit à Paris.
Série L'Eau Grande © Jean-Christophe Ballot 2000
Photos et vignette © Joseph Rottner © Jean-Christophe Ballot