A l'âge de 77 ans, Don McCullin a décidé de partir à Alep, en Syrie, pour être à nouveau le témoin des évènements en cours. Dans une interview accordée au quotidien britannique The Guardian, McCullin explique en effet qu'il en a assez de voir des images de célébrités, et que les gens doivent se confronter à la réalité : « Personne ne veut voir des enfants en train de mourir. Tout tourne autour de la célébrité, n'est-ce pas ? La célébrité, les looks, la mode. Si je vois encore une photo de Gwyneth Paltrow, je crois que j'enfoncerai ma tête dans les toilettes. De faux bronzages, les Beckhams, Jamie Oliver. Je n'en peux plus de tout cela. C'est pourquoi je vais en Syrie. »
Le photographe a pourtant sillonné le monde et couverts de très nombreux conflits. La guerre civile à Chypre, la guerre des Six Jours, la guerre du Viêt Nam et du Cambodge, à Beyrouth, au Salvador, au Congo... Depuis quelques année, Don McCullin avait mis de côté les terrains de conflit, et répondait à des commandes de portraits, et photographiait des natures mortes et des paysages. Mais le photoreporter n'était pas très loin, et lorsqu'on lui demande s'il est vrai que le reportage de guerre est similaire à une addiction à l'héroïne, il répond en tout franchise : « Cela est vrai dans certains cas, je ne vais pas le nier. Il y a une poussée d'adrénaline quand vous faites cela. Mais c'est encore plus excitant quand vous survivez ».
Alors à presque 78 ans, il n'a pour lui plus rien à perdre : « Si je ne me pousse pas à mon âge – j'aurai 78 ans à mon prochain anniversaire – je vais finir par avoir l'Alzheimer ; j'ai déjà d'importants problèmes de cœur avec des opérations. Vous devez rester en contact avec vous-même ; vous devez vous rappeler qu'il y a toujours quelque chose qui reste. Et je pars avec un grand correspondant du Times, Anthony Loyd. »
Un reportage retraçant sa carrière, intitulé « MCullin », vient de sortir au Royaume-Uni.
Claire Mayer