Noire soeur no. 1, 2011 © Thierry Cohen, Courtesy Galerie Esther Woerdehoff
Expositions du 30/1/2013 au 9/3/2013 Terminé
Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
Depuis les années 1990, les photographies de Laurence Demaison contournent le genre de l’autoportrait pour en offrir une vision profondément originale, dans une oeuvre à la fois multiple et toujours extrêmement cohérente. Si la représentation de soi reste pour de nombreux artistes un miroir qui sublime son auteur, les déformations que la photographe fait subir à son corps et à son visage renvoient au contraire à la création d’une altérité qui déroberait sa vraie image. Le Surréalisme jette un oeil par la porte et les titres donnés aux séries rappellent avec humour que tout est inventé.
La représentation du corps est source d’un long travail d’expérimentation où l’artiste met à profit les possibilités techniques de la photographie argentique, jouant sur le temps de pose, le flou, le contraste ou le négatif, pour créer des images fascinantes et singulières.
“Utiliser ma carcasse détestée comme sujet aurait été inconcevable si je n’avais ressenti tant de malaise de par la simple présence des modèles qui ont accompagné mes premiers pas photographiques. Dommage, parce qu’il aurait été plus facile de
projeter mes désirs sur des corps que je trouvais très beaux ; tant mieux, car trop évident, trop confortable, peut-être. Entre l’horreur de ma chair et celle du regard des autres, j’ai choisi le plus gérable. Cette alternative m’a contrainte à m’aventurer dans
des recherches dont la seule issue était de disparaître, tout au moins d’être autre chose, mais c’est pareil. “
Laurence Demaison
Dans Sous vide, comme pour ses séries précédentes, il s’agit d’autoportraits. La tête dans un sac plastique, dans une séance de pose proche de la performance, Laurence Demaison fait le vide et fait paradoxalement apparaître son visage, masque mortuaire sculptural dans une violence seulement atténuée par l’esthétique de la photographie, camaïeu subtil de gris, d’ombre et de brillance. Depuis 2010, Laurence Demaison sort du territoire de l’autoportrait en s’autorisant l’assistance d’un mannequin. Cette figure anonyme et inanimée lui permet de franchir le miroir et d’appréhender enfin la prise de vue de l’autre côté de l’objectif. Sa série la plus récente, Noires Soeurs, dissimule ainsi cet alter ego sous un voile, statue oubliée, raide comme la Justice ou comme le pleurant d’un tombeau médiéval. Les différents tissus qui recouvrent cette femme assise apportent des effets d’ombre et de lumière pleinement photographiques. Cette émotion masquée frappe par sa présence plastique et s’offre librement à l’interprétation du spectateur. La série Si j’avais su pousse l’humour noir jusqu’aux retranchements de nos peurs en
présentant des bébés, poupées “reborn” d’un réalisme effrayant, que la photographe fait poser dans un jeu morbide. Noyade dans un bocal, défenestration, immolation ou mort lente, la photographe met en scène les suicides de ces “bébés” par tous les
procédés imaginables, allant jusqu’à reprendre en clin d’oeil les poses de certaines de ses propres séries photographiques. Cette série de douze images fait l’objet d’une édition en coffret-objet, pièce unique d’une artiste qui depuis quelques années
s’exprime également par le dessin et la sculpture.
Si j'avais su no.7, 2010 © Thierry Cohen, Courtesy Galerie Esther Woerdehoff
Laurence Demaison
Née en 1965, vit et travaille à Strasbourg.
1984-88 Ecole d’architecture de Strasbourg
1990 Premières approches de la photographie
1993 Premiers autoportraits
Le travail photographique de Laurence Demaison est exclusivement constitué d’autoportraits (sauf séries “Radiopthérapie” et “Si j’avais su” ). Les techniques utilisées – prise de vue, développement, tirage – sont argentiques et réalisées par l’auteur. Aucune manipulation particulière n’intervient au-delà de la prise de vue (sauf inversion chimique des films pour certaines séries).
Poubelle no. 4, 2011 © Thierry Cohen, Courtesy Galerie Esther Woerdehoff
Vignette et photos © Thierry Cohen, Courtesy Galerie Esther Woerdehoff