Alain Fleischer est aujourd'hui plus reconnu pour sa pratique artistique que pour ses talents d'essayiste. Pourtant, le texte qu'il publie aux éditions de La Musardine brille par sa simplicité et son intelligence. Par essence, la photographie est document du visible. Mais de quel document s'agit-il lorsqu'elle vérifie simplement le bon fonctionnement des organes reproducteurs ? La pornographie est plus que cela, direz-vous ! Effectivement, la pornographie est bien plus, notamment lorsqu'elle s'incarne dans une image photographique. Interroger, explorer les multiples champs que recouvrent ces images, tel est le propos d'Alain Fleischer. Qu'est-ce qui se déploie dans ces déclinaisons de corps humains, dans ces débauches de désirs corporels, quelles sortes de liens ces images tissent-elles avec celui qui regarde, ce sont quelques-unes des questions qui ne cessent de hanter ce livre. Au terme d'une démonstration parfois rigoureuse, souvent ludique, l'auteur arrive à la conclusion naturelle que dans notre époque de simulacre ou règne en maître la société du spectacle, de telles images apparaissent finalement comme plus rigoureuses que la plupart des visuels qui nous sont offerts chaque jour. Une telle démonstration mérite assurément d'être lue et méditée. --Damien Sausset
A partir de cette intuition que l’Origine du monde (selon Courbet) est aussi l’origine des images photographiques en même temps que leur visée ultime, cet essai interroge, explore, analyse ces images maudites, bannies, où le fond et la béance en question s’étalent à la surface, s’y déploient, s’y exhibent, dans les combinatoires et les déclinaisons des corps humains.
L’attrape-corps traite de sujets divers concernant l’amour, la sexualité, le désir ou le plaisir, d’hier aux pratiques les plus contemporaines. Si dans la fiction l’érotisme est en pleine expansion, c’est le corps qui est d’actualité. L’enjeu est donc de réfléchir sur ce phénomène et d’interroger la modernité par le biais de l’érotisme. D’un style clair, sans jargon philosophique, documentés et originaux, ces essais sont lisibles par tous et ouvrent aussi bien des portes au curieux qu’ils intéressent les érudits.
Alain Fleischer, cinéaste, écrivain, artiste et photographe, vit et travaille à Paris, Rome et dans le nord de la France où il dirige le Studio national des arts contemporains. Il a déjà publié une dizaine de livres dont Là pour ça (Flammarion, 1987), La nuit sans Stella (Actes Sud, 1995), L’art d’Alain Resnais (éd. du Centre Pompidou, 1999) et La femme qui avait deux bouches et autres récits (Seuil, 1999).