Sédiment#010 – 100 x 190 cm – Tirage jet d’encre fine Art – 4 ex © Bertrand Flachot.
Expositions du 8/11/2012 au 15/12/2012 Terminé
Galerie Felli 127 rue Vieille du Temple 75003 Paris France
Galerie Felli 127 rue Vieille du Temple 75003 Paris France
Serge Hartman avait parlé d’une « technique de la révélation » et d’une « ambiguïté formelle » à propos du travail du plasticien Bertrand Flachot. Le photographe-dessinateur a longtemps travaillé sur fond noir avant de laisser la part réservée au dessin prendre le pas sur l’image photographique d’un paysage, d’un arbre, ou bien d’un nid. De la genèse d’une œuvre polymorphe à son épanouissement actuel, trente années se sont écoulées.
Au crépuscule des années 1970, diplômé de l’Ecole Nationale des Arts Décoratif (1973-78), Bertrand Flachot s’intéresse tout particulièrement à la scénographie de la vie quotidienne sous la direction d’Hervé Fischer et de l’Ecole d’Art Sociologique fondée quelques années auparavant. Tout en se rapprochant du Body Art, de la performance, de Michel Journiac et d’Hermann Nitsch, il persévère à pratiquer la peinture – éclairé par le rapport éminemment physique que Jackson Pollock entretenait avec l’art de la peinture – et la photographie. Le besoin de se confronter au réel constituera une valeur constante dans l’œuvre de l’artiste : le geste et l’occupation de la surface et de l’espace s’imposent dès cette époque comme action précédant à toutes ses créations.
Dans l’atelier du Quai de la Seine qu’il occupe jusqu’en 1990, il imagine pas à pas une transformation dans la façon d’exposer et de présenter la peinture, expérimente l’éclatement des formes et la synthèse des médiums. Il réalise un premier cube peint, en volume, en 1988/89. La peinture est ainsi mise en espace, valorisant le temps même de sa réalisation.
Ces espaces/cubes peints de grandes dimensions sont ensuite photographiés, les photographies étant à leur tour distinctement présentées. Une reproduction photographique de ces installations picturales sera d’ailleurs exposée au salon de Montrouge en 1985. Cette production disparaît, désastreusement, dans un incendie en février 1990. La genèse de l’œuvre, des années de travail, de recherches et d’archives disparaissent ainsi.
Sédiments#009B – 125 x 60 cm - Tirage jet d’encre fine Art – 4 ex © Bertrand Flachot.
Il s’installe en Seine et Marne cette année-là, au cœur de la campagne de son enfance, en Seine et Marne. Il y investit un territoire boisé proche d’un nouvel atelier, terrain où il éprouve le désir de travailler en alliant une recherche initialement picturale à un travail physique d’entretien de la terre au rythme des saisons, observant les mutations du paysage, des arbres et des sous-bois, des entrelacs, des branchages et des ronces.
Ce lieu, réminiscence de l’atelier parisien, devient un « laboratoire » avec lequel il entretient un lien intime extrêmement fort. C’est ce terrain boisé que Bertrand Flachot photographie depuis, tout en complétant la réalité du paysage par le trait, prolongeant ainsi l’instant particulièrement court de la prise de vue photographique par celui, beaucoup plus long, du dessin. Deux instants distincts seront ainsi fixés sur le champ photographique souvent soumis à l’art de l’installation.
Arborescence#5 – 55 x 50 cm - Tirage jet d’encre fine Art – 4 ex © Bertrand Flachot.
L’avènement du numérique lui permet de renouer, à partir des années 2000, avec ses principes originels de transversalité des supports et des médiums, tels qu’il les avait initialement envisagés, invitant l’artiste à réaliser au-delà des tirages classiques, de nouveaux cubes où se répandent ses compositions photo-dessinées. Son désir d’investir l’espace, de le reproduire et de le prolonger prend forme avec le container intitulé Transfert, réalisée en 2011, commandé par le Centre d’Art Contemporain du Luxembourg Belge. À titre d’exemple, Les Rets, projet d’ensemble de 365 panneaux photographiques sous diasec de 31 x 41 cm – chacun correspondant à une journée, qu’il peut décliner à l’infini et qui peuvent être présentés de manière parfaitement aléatoire – sont définis par l’artiste comme des « pièges à visions, formés de filets de traits entremêlés, d’un réseau de maille. » En juxtaposant plusieurs prises de vue et plusieurs états toutefois unifiés par le geste et le trait, il défragmente le réel pour réinventer la nature en la magnifiant d’un trait aux apparences de cheveux d’anges et dans des espaces entremêlés où la lumière, changeante, captée, joue un rôle irradiant.
Photos et Vignette © Bertrand Flachot.