Moi aussi j't'vois, Paris, 1990 © Sabine Weiss.
Galerie Guillaume 32 rue de Penthièvre 75008 Paris France
En ce mois de Novembre où Paris vit au rythme de la photographie, la Galerie Guillaume consacre ses cimaises à la photographe de renom international Sabine Weiss. A partir du 13 novembre, Guillaume Sébastien réunit petits et grands formats de l'artiste autour de la thématique de la main, qui est en filigrane dans l'ensemble de son travail.
"Chez Sabine Weiss, la photographie est toujours un grand geste vers l'autre, un dialogue synthétisé en un cliché. Ses photos humanistes parlent de la vie qui ne s'arrête pas à une pose, mais qui s'inscrit dans chaque être, comme les lignes de la main" explique Guillaume Sébastien.
A travers les clichés de Sabine Weiss exposés à la Galerie Guillaume, on découvre des êtres saisis dans leur quotidien. Sans artifice, avec un sens aigu du cadrage et une maîtrise parfaite de la lumière et des contre-jours, Sabine Weiss capte l'essentiel. "Le photographe est lié à l'instant, cet instant fugitif et merveilleux qu'il faut saisir tout en composant l'impact visuel de la photographie", raconte-t-elle.
Dans l'objectif de Sabine Weiss
Sabine Weiss a rapporté des images de ses nombreux voyages, guidée par son regard complice et mutin porté sur ses contemporains qu'elle croise en chemin. "J'aime ce dialogue constant entre mon appareil, mon sujet et moi, ce qui me différencie d'autres photographes qui ne cherchent pas cet échange et qui préfèrent se distancier de leur sujet" explique la photographe.
Les clichés de Sabine Weiss figurent dans les collections du MOMA, du Metropolitan Museum of Art, du Musée National d'Art Moderne à Paris, de la Maison européenne de la photographie. Sabine Weiss est régulièrement exposée à la Galerie Guillaume. Toutefois, c'est la première exposition personnelle que la galerie lui consacre.
Deux enfants à l'oiseau © Sabine Weiss.
Décryptage de la main
"La main est le lieu de l'interrogation, de la perplexité, mais aussi celui de la pensée" explique Sabine Weiss.
Sagement posées sur les genoux ou jointes en prière, soutenant le front ou le menton, autant de postures qui ne doivent rien au hasard.
Sabine Weiss s'éloigne du portrait codifié. Elle laisse la personnalité du modèle s'exprimer à travers des mouvements naturels et involontaires. La photographe dévoile des corps vrais et sans mise en scène et s'étonne de l'universalité du geste spontané : "Le réflexe de mettre sa main devant la bouche lorsqu'on est étonné est le même dans tous les âges et toutes les civilisations. Le geste est révélateur de la pensée et de l'émotion du sujet que je photographie".
Sabine Weiss, photographe "humaniste"
Le travail de Sabine Weiss mêle habilement poésie et observation sociale : "Lumière, geste, regard, mouvement, silence, repose, rigueur, détente, je voudrais tout incorporer dans cet instant pour que s'exprime avec un minimum de moyen l'essentiel de l'homme. Mes photos expriment un certain amour que j'ai pour la vie" explique-t-elle.
"Je n'aime pas les choses très éclatante mais plutôt la sobriété... il ne s'agit pas d'aimer bien, il faut être ému. L'amour des gens, c'est beau. C'est grave, il y a une profondeur terrible. Il faut dépasser l'anecdote, dégager le calice, le recueillement. Je photographie pour conserver l'éphémère, fixer le hasard, garder en image ce qui va disparaître : geste, attitudes, objets qui sont des témoignages de notre passage. L'appareil les ramasse, les fige au moment même où ils disparaissent".
Inde, 1986 © Sabine Weiss.
Après avoir travaillé pour Willy Maywald, Sabine Weiss a ensuite fait de la photographie pour la mode et la publicité et le reportage. Elle entre à l'agence Rapho en 1952 et elle collabore aussi à des revues, parmi les plus renommés aux Etats-Unis et en Europe (Vogue, Match, Life, Time, Newsweek, ...). Sabine Weiss a également participé aux plus importantes manifestations photographiques de son temps à commencer par "The Family of Man", réalisée en 1955 par Edward Steichen pour le Moma avant de faire le tour du monde.
Depuis quelques années, celle qui fut l'amie de Robert Doisneau et de Willy Ronis se consacre entièrement à de nombreuses expositions et publications qui témoignent de l'importance de son oeuvre.
Robert Doisneau dit à propos des photographies de Sabine Weiss : "Ses scènes, en apparence inoffensives, ont été inscrites avec une volontaire malice juste à ce moment précis de déséquilibre où ce qui est communément admis se trouve remis en question".
Photos et Vignette © Sabine Weiss.