Série Casi 2012 © Ibelise Paiva
Imaginé à partir d’observations et expériences de terrain, le Centre Iris a vu le jour en octobre 1992. Des formations professionnelles, mais aussi tout simplement destinées aux passionnés, ont été imaginées par une équipe de photographes. Du reportage à la photographie d’art, le lien commun à tous les ateliers est la démarche d’auteur. Ainsi, avec le temps, le Centre Iris a formé des amoureux de l’image, des auteurs heureux !
Les premières années du Centre Iris ont été marquées par l’arrivée de la photographie numérique. Le Centre a été le premier à réaliser des expositions 100% numériques au festival de Cannes en 1993 et 1994. Et en 2000, première exposition en impression mate lors du Mois de la Photo à Paris. événement que le Centre Iris est d’ailleurs fier d’accompagner régulièrement. Et cette année une nouvelle fois...
En effet depuis 12 ans le Centre Iris a pris une tournure importante : l’ouverture de sa propre galerie. Chaque exposition présente des talents émergents ou méconnus pendant deux mois. Ce volet de production-exposition a permis de faire venir un nouveau public au centre et de provoquer des rencontres et dialogues entre les stagiaires, les professionnels, les visiteurs et les collectionneurs.
L’équipe enseignante est polyvalente et insatiable de curiosité : les formateurs se complètent, se remplacent, proposent de nouveaux ateliers. Ainsi les années ne se ressemblent pas, elles sont de nouveaux défis à chaque fois.
Le Centre Iris est une « maison » de la photographie, qui vit au travers d’une famille de personnalités fortes et atypiques. Ce sont ces caractères entiers, curieux et généreux qui font la particularité du Centre depuis 20 ans.
L’exposition « 20 ans, beaucoup, passionnément … » marque donc le 20ème anniversaire de la création du Centre Iris. Elle est l’occasion d’une rencontre entre quatre professeurs d’images, intervenants fidèles au Centre Iris, et quatre auteurs y ayant fait leur « classe ». Chaque « parrain » présentant une nouvelle série de chaque auteur :
Sabrina Biancuzzi / Zaida Kersten
Richard Caillot / David Rase
William Marcelli / Ibelise Paiva
Gilles Picarel / Bénédite Topuz
Sabrina Biancuzzi > Zaida Kersten «My white desert»
Sabrina Biancuzzi est une photographe qui a amené depuis 2008 au Centre Iris ses méthodes pédagogiques étonnantes. Artiste complète, elle conseille les élèves dans leurs productions et techniques alternatives.
Elle a choisi de présenter la série «White Desert» de Zaida Kersten.
« J’ai rencontré Zaida au Centre Iris, il y a maintenant quelques années. Le premier travail que j’ai découvert de cette ancienne élève photographe est sa série d’autoportraits. Un écho est venu résonner en moi. Sa quête était ma quête, ses images faisaient déjà partie de moi. Zaida est une femme pleine de sensibilité et c’est de çà dont parle son travail photographique : la vie, la mort, nous… « My white desert » m’a happé de la même manière. J’ai toujours eu peur du vide, de l’isolement… Quand j’ai vu ses photos sur la Laponie, j’ai était très touchée, encore une fois. La force des images, bien sûr, mais aussi l’expérience humaine qu’elle incarne. Ses longues journées, seule, coupée du monde - j’ai pensé à « La peau Froide » de Pinol – évoquent la perte du temps. Zaida nous offre ici un voyage photographique et personnel où l’on touche du doigt la profondeur de l’être. Proche de la folie – aux confins de soi-même. Savoir regarder le vide. C’est de cette force là de la vie dont il s’agit. Ces douleurs, ces amours, cette vérité.» Sabrina Biancuzzi
Photographe espagnole, Zaida Kersten vit et travaille entre Paris, Barcelone et Oaxaca, au Mexique. Elle a été au Centre Iris en 2005. Depuis 2007 ses photographies sont régulièrement exposées en France, en Espagne, au Mexique et au Portugal.
Série My White Desert, Finlande, 2011 © Zaida Kersten
Richard Caillot > David Rase «Inventaire #3»
Professeur de photographie ancienne et de ses techniques associées, Richard est aussi un véritable poète et chercheur. Ses cours sont un mélange complexe et riche d’histoire(s), de chimie, de technologie et de bricolage. Il intervient au Centre Iris depuis sa création, en 1992.
Dans «Inventaire #3», David Rase poursuit un travail presque anthropologique, entrepris depuis plusieurs années. Il recense visuellement les artistes occupant une ancienne friche industrielle à vocation culturelle, dont l’existence est actuellement remise en question. En les photographiant, il crée une grande exposition-inventaire et fait perdurer la mémoire de leur passage. Les sujets sont mis à nus, délestés de leurs attributs sociologiques et repères culturels. Ils ont tendance à perdre l’identité extérieure qu’ils se sont construite au profit d’une identité plus primitive. Figés par la contrainte du temps de pose de la chambre, installés sur un tabouret, dos bien droit et bras le long du corps, les sujets sont immortalisés selon un cadre et une échelle bien définis. Ils composent un inventaire rigoureux qui renvoi aux méthodes de la photo-judiciaire. Ainsi identifiés, ils forment malgré eux, un groupe de condamnés en sursis, à l’image de la fragilité du lieu qu’ils occupent.
David Rase a suivi la formation du Centre Iris en 2007.
Il se consacre à la commande, au reportage et développe une écriture personnelle.
Série Inventaire #3 2012 © David Rase
William Marcelli > Ibelise Paiva «Casi»
ébéniste de formation, William s’est formé à la photographie au Centre Iris en 2001. Installé à Arles, il intervient au Centre Iris depuis 2003 comme formateur de laboratoire traditionnel. Il est responsable des accrochages des expositions de la galerie et assure un contact efficace avec les anciens stagiaires.
Il a sélectionné un travail d’Ibelise Paiva sur l’autoportrait.
«Ibelise a suivi le cursus de Formation Accélérée du Centre Iris en 2012. Elle restera mon coup de coeur de ces dernières années. Dès sa première projection «diapo», ce fut une belle et grande surprise. D’emblée Ibelise montrait un sens de la composition, du cadrage et de la chromie. Son jeu entre le flou et le net, sa maîtrise des différentes profondeurs, tout était en adéquation avec son travail sur l’autoportrait et l’intime.
Son univers photographique et la force de ses images interpellent et imprègnent la mémoire pour longtemps.
Tout au long de l’année, en couleur comme en noir et blanc, Ibélise a su traiter chacun des sujets avec une grande justesse. Son style, sa sensibilité et l’originalité de ses autoportraits m’ont touché et ont séduit l’ensemble des professeurs du Centre Iris. C’est un talent naissant qu’il faut encourager. C’est pourquoi je l’ai choisi pour cette exposition.» William Marcelli
Ibelise Paiva est née à Caracas, Venezuela en 1976. Son travail est varié mais il y a un sujet qui revient :
l’utilisation de l’autoportrait avec un esprit narratif. Elle vit et travaille à Paris.
Gilles Picarel > Bénédite Topuz «mai... décembre»
Ancien élève du Centre Iris, Gilles Picarel est responsable d’un atelier d’accompagnement introspectif depuis 2010. Il pousse les stagiaires au-delà de leurs retranchements.
Pour l’exposition, il a retenu la série «mai... décembre» de Benédite Topuz
«Le choix de Bénédite Topuz, pour participer aux 20 ans du Centre Iris s’est imposé à moi. Je conservais le souvenir du travail qu’elle avait réalisé durant son cancer du sein, « mai…décembre » et cette confrontation à la maladie rentrait en résonnance avec mon parcours personnel. Je me sentais également en accord avec les valeurs d’exigence et de sincérité qui ont permis de mener à bien ce travail sur l’intimité. Cela fait deux ans qu’à travers l’ « Atelier expressif » je mets en avant ce que je considère comme faisant partie intégrante de ce médium : la confrontation avec soi même et avec le monde qui fait, qu’au delà de l’histoire personnelle et des considérations égotiques, l’œuvre peut atteindre une dimension universelle. « mai…décembre » se place résolument du côté de la vie et nous propose un chemin pour dépasser nos propres traumatismes.»
Gilles Picarel
A 20 ans, Bénédite Topuz était passionnée de photographie. Vingt ans plus tard, elle quitte son poste de rédactrice en chef dans la presse professionnelle et suit en 2005 une formation de photographe au Centre Iris. Aujourd’hui, outre des travaux de commande, elle travaille principalement sur deux thèmes en utilisant son expérience journalistique et en créant ses propres histoires : le handicap mental et la mémoire des lieux.
Série mai.. décembre, 2008 © Bénédite Topuz
Centre Iris... la galerie
Depuis 12 ans, la galerie du Centre Iris propose une programmation liée aux expressions photographiques les plus variées. Chaque exposition s’engage à montrer des travaux d’auteurs aux démarches positives et constructives. Sans doute par une déformation pédagogique liée au centre de formation, le choix est clairement défini de ne présenter que des productions sereines, qu’elles soient intimes, sociales ou collectives.
Depuis 20 ans, le Centre Iris pour la photographie soutient les auteurs émergents en leur ouvrant ses espaces et son expertise, à travers, notamment, l’organisation de lectures mensuelles de portfolios et d’une biennale.
Deux labels ont ainsi été créés : CAFéFOTO et PHOTOcollection.
Des lectures de portfolios gratuites et conviviales, en tables d’hôtes, un samedi matin par mois. Chaque année les lecteurs attribuent un prix qui donne lieu à une exposition de deux mois.
Une sélection internationale proposant un accompagnement à la production et des conseils à la collection… Cette biennale est ponctuée par des « causeries du jour » où des personnalités de la photographie viennent s’exprimer librement pendant une heure. La 3ème édition s’est déroulée en septembre et octobre 2012
Dernière création: Ouverture du Centre Photographique du Maghreb
Après 20 ans, il fallait exporter le savoir-faire du Centre Iris au service de pays où la photographie est encore peu organisée. La Tunisie, avec ses 4000 ans d’histoire, détient un patrimoine impressionnant et méconnu. Ainsi, avec différents partenaires – facultés, écoles supérieures, Maison de France, associations civiles , délégations culturelles – le Centre Iris essaie de sensibiliser la population grâce à des expositions de photographies permettant de contribuer notamment à l’inventaire national. Un centre culturel ouvrira prochainement à Sfax, proposant des formations pour les conservateurs de musées, les directeurs de centre culturels, mais aussi les amateurs…