1/ Inauguration de l'Atelier du Jeu de paume avec un projet de Camille Henrot
Le Jeu de paume inaugure un programme de présentation de travaux de jeunes artistes français ou travaillant en France dans le domaine de la vidéo. La mise en place de l'Atelier du Jeu de paume répond au souhait de l'institution de se doter d'un dispositif léger permettant de présenter ces travaux dans le Foyer du Jeu de paume, et éventuellement sur la mezzanine, ou en projection sur la façade vitrée du bâtiment donnant sur la place de la Concorde.
Les artistes exposés dans l'Atelier bénéficient d'une aide à la production avec le soutien de la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques (FNAGP).
Le premier Atelier sera inauguré mardi 15 novembre 2005 de 18h à 21h, avec une proposition de Camille Henrot qui présente trois ¦uvres inspirées d'un conte de Grimm : Raiponce.
> ³ Camille Henrot ³, exposition présentée au Jeu de paume du 15
> novembre au 31
décembre 2005
Le projet de Camille Henrot :
Le projet s'inspire d'un conte de Grimm : Raiponce.
Enfermée au sommet d'une tour par une sorcière depuis son enfance, Raiponce utilise sa très longue tresse comme une corde pour faire monter le prince, charmé par sa voix, jusqu'à elle. Mais la sorcière coupe la tresse et tend un piège au jeune homme. Il tombe du haut de la tour et devient aveugle. Raiponce est chassée du château, mais, bien plus tard, ce sont ses larmes qui rendront la vue à son amour. Dans ce conte, la chevelure est utilisée comme « moyen de transport ». Le cheveu, en effet, véhicule des contenus (un code génétique par exemple) et des symboles (la représentation d'un défunt) qui semblent abolir le temps. Les trois ¦uvres présentées au Jeu de paume (Le Grand Troupeau sur la façade, Courage mon amour ! dans le foyer et Persistance rétinienne dans la
mezzanine) utilisent le cheveu comme médium pour montrer le jeu permanent d'aller et de retour que la photographie et le cinéma entretiennent avec notre perception du temps et du vivant. Courage mon amour ! est un film de trois minutes, réalisé à partir d'une pellicule vierge où ont été collés des milliers de cheveux, métaphore de l'avenir du cinéma et plus précisément de la pellicule. Organique (la gélatine est fabriquée à partir d'os), la pellicule est une matière vivante en mouvement qui fixe le vivant pour une éternité fragile. Se substituant de plus en plus à la pellicule, le numérique impose son fantôme, fait disparaître la matière comme la sorcière tente de couper les cheveux de Raiponce. Aujourd'hui le gage d'amour éternel n'est plus la mèche de cheveux mais la photographie. Les deux portraits qui composent Persistance rétinienne sont rayés d'un trait fait « à l'aveugle ». Le geste de graver est, par nature, celui d'inscrire pour l'éternité (on grave sur une tombe...), mais en arrachant la surface de l'image il fait aussi apparaître le support. Le film (photographique et cinématographique) n'est plus une image arrêtée du vivant mais une matière vivante, comme le sujet auquel il se réfère.
Le Grand Troupeau, film projeté la nuit sur la façade du Jeu de paume, fait défiler un troupeau de chevaux sans fin, tel un bas-relief animé. Ils sont l'image du désir, mais pas seulement. Blêmes et squelettiques, ils sont aussi un présage de mort et évoquent la jument aux yeux fixes qui hantent les nuits d'Albrecht Dürer.
La raiponce qui donne son nom à la jeune fille du conte est une plante filandreuse. Le cheveu, par sa forme et son développement, s'apparente au végétal, mais sa nature de « poil » le rapproche de l'animal. Il possède le pouvoir de transcender les différents domaines du vivant, en reliant l'animal, le végétal et l'humain. Le film et le cheveu tissent le passage de la vie à la mort. Ils sont tous deux des fétiches, reliques d'¦uvres ou d'hommes voués à disparaître.
2/ Dans la salle audiovisuelle du Jeu de paume, Pascal Convert présente³ Direct / Indirect ³ 1, 2 et 3, trois vidéos créées entre 1997 et 2004
> projection le mardi 15 novembre à 19h*
« Je me suis rendu compte après des heures de visionnage de ces rebuts de télévision que, parmi ces images de guerre, j'étais plus touché par ce que j'appelle des corps portés, par ce seul moment où, malgré la guerre, l'homme retrouve son humanité. Que reste-t-il d'humain dans l'horreur ? (Š) Des visages, des mains, des dos, une humanité de dos, une humanité à laquelle aussi on tourne le dos ? » Pascal Convert
* dans la limite des places disponibles.
Contacts presse :
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evabechmann@jeudepaume.org
Manon Sellier / T 01 47 03 13 22
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