Vilai-Srivises-From-Yasothon, LOST IN PARADISE © muse?e du quai Branly, Re?sidences de Photoquai 2012, © Lek KIATSIRIKAJORN
Le musée du quai Branly propose chaque année, depuis 2008, un programme d’aide à la création - LES RÉSIDENCES DE PHOTOQUAI - qui permet à plusieurs photographes non occidentaux de proposer un projet artistique unique. Il aboutit à la création de plusieurs œuvres photographiques en cohérence avec la trajectoire personnelle de l’artiste et en lien avec la mission du musée et le dialogue des cultures.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la manifestation PHOTOQUAI, biennale des images du monde créée en 2007 par le musée du quai Branly dont la prochaine édition se tiendra à l’automne 2013.
À l’issue de l’appel à projets mis en ligne sur le site internet du musée du quai Branly, le jury a distingué cette année 3 artistes pour bénéficier de ce programme durant une année : Hugo Aveta (Argentine), Lek Kiatsirikajorn (Thaïlande) et Che Onejoon (Corée du Sud).
Les œuvres photographiques originales créées dans ce cadre témoignent toutes d’un autre regard sur le monde. Pour les artistes, c’est une résidence hors les murs qui peut leur faire traverser les continents : certains restent dans leur propre pays, d’autres viennent en France ou encore vont là où ils ont choisi de mener leur projet.
Le musée du quai Branly fait réaliser un tirage de chaque photographie de la série, signé par l’auteur, qui intègre ses collections photographiques. Les œuvres réalisées par les lauréats pour LES RÉSIDENCES DE PHOTOQUAI sont ensuite présentées dans le cadre de la biennale PHOTOQUAI à travers une exposition, une rencontre avec les artistes ou une projection.
Les séries photographiques sont également exposées, tour à tour, et tout au long de l’année dans la «tour» du Café Branly, indépendamment du calendrier de la biennale PHOTOQUAI.
Le jury des RÉSIDENCES DE PHOTOQUAI a sélectionné 3 artistes cette année :
Hugo Aveta (Argentine), pour CONSTRUIRE LA MEMOIRE
Lek Kiatsirikajorn (Thaïlande) pour LOST IN PARADISE
Che Onejoon (Corée du Sud) pour BLACK MONUMENT
Composition du jury 2012 :
Stéphane Martin, président du musée du quai Branly
Hélène Fulgence, directeur du développement culturel
Yves Le Fur, directeur du patrimoine et des collections
Christine Barthe, responsable scientifique de l’unité patrimoniale des collections photographiques
Catherine Ferrant, déléguée générale de la Fondation d’entreprise Total
Pascal Beausse, responsable des collections de photographies du CNAP
Baudoin Lebon, galeriste
HUGO AVETA
Originaire d’Argentine, né en 1965 à Cordoba, il a été exposé pour la première fois en France dans le cadre de PHOTOQUAI 2009, avec la série « Espaces Soustrayables » (2008). De ses études d’architecture et de cinéma, il a gardé un goût marqué pour la mise en scène très cinématographique de bâtiments abandonnés, et combine le langage de la photographie documentaire avec la conception de scenarii architecturaux, où l’éclairage joue un très grand rôle. Son clair-obscur mystérieux situe ses œuvres entre l’esthétique du cinéma d’horreur et la peinture baroque. Dans ses précédentes séries, Hugo Aveta joue entre la réalité et la fiction puisqu’il photographie non les bâtiments eux-mêmes, mais des maquettes de bâtiments existants, entièrement reconstitués d’après réalité.
CONSTRUIRE LA MÉMOIRE
casa de los conejos © Hugo-Aveta
Pour LES RÉSIDENCES DE PHOTOQUAI, Hugo Aveta souhaite étendre à d’autres pays d’Amérique latine le travail réalisé jusqu’à présent en Argentine. Il s’agit d’aller à la redécouverte d’un passé commun à toute l’Amérique latine (au Chili, en Uruguay, en Bolivie, au Paraguay...), en allant sur les traces indélébiles laissées dans des lieux chargés de vie et de mort, tous symboles d’événements sombres de l’histoire de l’Amérique latine.
Par ce projet, avec la mise en maquette, puis la photographie, l’artiste souhaite transformer la mémoire collective en histoire.
LEK KIATSIRIKAJORN
Né en 1977, Lek Kiatsirikajorn étudie la peinture aux Beaux-Arts de l’université Silpakorn, à Bangkok, avant de s’intéresser à la photographie, principalement pour ses possibilités de diffusion. Jeune artiste prometteur de la scène thaïlandaise, il décide en 2001 de partir en Angleterre poursuivre des études de photographie à l’Arts Institute de Bournemouth. A peine diplômé, il se voit décerner le prix « Quand la mode rencontre l’art » par le magazine britannique ArtReview. Après sept ans à travailler pour la mode et la publicité au Royaume-Uni, Lek retourne en Thaïlande en 2008. Ce retour au pays lui inspire la série As time goes by, présentée dans le cadre de PHOTOQUAI 2012 et pour la première fois en France.
En Angleterre, Lek Kiatsirikajorn s’est passionné pour les grands photographes documentaires américains tels que Walker Evans, Stephen Shore, John Sternfeld et Alec Soth. La façon dont ils parviennent à projeter une image forte de la société américaine à travers leur vision personnelle suscite en lui le besoin d’interroger ses origines. Lek, l’expatrié, a alors le sentiment de mieux comprendre son pays natal, d’en discerner des aspects jusque-là négligés.
LOST IN PARADISE
Ham-From-Lopburi, LOST IN PARADISE © musée du quai Branly, Résidences de Photoquai 2012, photo Lek KIATSIRIKAJORN
Lek Kiatsirikajorn a amorcé ce projet en 2011, et a déjà réalisé 6 images pour une série qu’il fixe à 35 photographies. En voulant faire le portrait de Thaïlandais immigrés de l’intérieur, venus des campagnes aux abords de la capitale Bangkok, il découvre des travailleurs qui recréent un univers agricole dans ce no man’s land constitué par les zones périurbaines. Il compare leur situation à celle de la Thaïlande : « Ils ont quitté leur passé en espérant une vie meilleure, mais se retrouvent coincés entre leur passé disparu et un avenir inatteignable ».
CHE ONEJOON
Né en 1980, Che Onejoon (de son vrai nom Chay Wonjohn) a commencé sa carrière dans la police coréenne (il y photographiait les scènes de crime et les preuves judiciaires de 2002 à 2004). Depuis 2006, son travail a été présenté dans plusieurs expositions collectives ou monographiques en Corée du Sud (Séries : Unfinished Project Island, 2007 ; Undercooled, 2008 ; Townhouse, 2009). Depuis 2011, il commence à être reconnu en Europe, et a bénéficié d’une résidence de 2 mois au Pavillon Neuflize OBC, laboratoire de création du Palais de Tokyo, pour une performance/exposition collective à Paris (Ménagerie de Verre) et à Berlin (Hebbel am Ufer, HAU).
BLACK MONUMENT
© Che Onejoon
Le projet de Che Onejoon propose un dialogue des cultures inédit : sud-coréen, il propose d’enquêter sur les contrats immobiliers et architecturaux qui, depuis les années 70, lient la Corée du Nord à plusieurs pays d’Afrique. C’est ainsi à la même entreprise, basée à Pyongyang, que l’on doit La tour de la Victoire en Ethiopie, Le monument de la Renaissance Africaine du Sénégal, ou Le palais présidentiel en Ouganda, mais également les statues de Kim Il Sung ou Kim Jong Il. Au cours de son projet, Che Onejoon propose de faire un reportage sur ces statues et monuments produits dans les règles de l’art monumental réaliste socialiste. La série finale sera composée des photographies de ces monuments prises par l’artiste, en vues frontales, mais aussi des portraits des témoins, artisans, ouvriers, qui y ont contribué, en Corée ou en Afrique.
A travers ce projet, et ces manifestations architecturales africaines, Che Onejoon souhaite réaliser un portrait en creux de la Corée du Nord.
4e ÉDITION DE LA BIENNALE PHOTOQUAI du 17/09/13 au 17/11/13
Créée en 2007 par le musée du quai Branly et consacrée à la photographie non occidentale, la quatrième édition de PHOTOQUAI, biennale des images du monde, se déroulera du 17/09/13 au 17/11/13 sur le quai Branly, en face du musée, et se prolongera dans le jardin du musée du quai Branly, comme en 2011.
Saluée dès sa première édition pour son originalité, son ambition et sa pertinence, PHOTOQUAI poursuivra en 2013 sa mission fondamentale : mettre en valeur et faire connaître des artistes dont l’œuvre reste inédite ou peu connue en Europe, susciter des échanges, des croisements de regards sur le monde.
PHOTOQUAI présente des talents photographiques provenant des grandes zones géographiques représentées au sein des collections du musée du quai Branly : Afrique, Asie, Océanie et Amériques.