© Frédéric Hubert
Musée de l'Archerie et du Valois Rue Gustave Chopinet 60800 Crépy-en-Valois France
L'exposition de Frédéric Hubert est composée de 20 photographies réparties dans la Chapelle Haute du Musée de l'Archerie à Crépy en Valois.
"Depuis l’invention de la photographie, en accord avec ce qui fut l’une de ses raisons d’être et de ses fonctions revendiquées, la lecture de l’art et de son histoire s’est enrichie et complexifiée d’une nouvelle notion, complexe et ambiguë, celle de « reproduction ». Elle a à voir avec ce qui fascina dans la photographie, présentée comme « exacte », « précise », « rapide », « vraie » pour ne citer que quelques un des termes récurrents qui saluent son apparition au moment même où des artistes et des écrivains lui dénient un statut d’œuvre d’art en raison de son aspect mécanique et de sa reproductibilité.
La reproduction d’œuvre d’art devint donc un métier fort prisé et un commerce florissant. A l’image de celui des frères Alinari qui, de leur base italienne et profitant de la richesse du patrimoine de leur pays inondèrent rapidement l’Europe de planches et d’albums sensés économiser aux peintres le traditionnel « voyage en Italie » qui faisait depuis des siècles partie de toute formation sérieuse. Cela n’est pas sans rappeler la façon dont se développa le commerce du nu photographique « pour artistes » dès le milieu du dix neuvième siècle afin d’éviter les longues et onéreuses séances de pose. Inutile de dire que ces images trouvèrent également et immédiatement d’autres publics d’ « amateurs ».
Cette idée de la reproduction et de sa fiabilité, même si elle se révèle d’une redoutable efficacité en termes de diffusion d’œuvres que tout un chacun ne peut approcher in situ est naturellement illusoire. La reproduction est partielle, qui ne s’attache qu’aux formes et à leur organisation dans le cadre et qui ne savait traduire l’émotion de la contemplation du tableau ou de la sculpture lorsque l’on en fait l’expérience dans l’espace et que l’on se confronte à la taille de l’objet, à sa matière profonde, à la multiplicité des perceptions que le déplacement du spectateur pourra développer en se déplaçant autour ou devant elle. La grande utilité de ces reproduction fut qu’elles servirent de matrice à d’autres reproductions, imprimées, qui eurent une indéniable fonction pédagogique. Avec ses limites, naturelles, liées à celles qui fondent la photographie même, dans son imprécision et a dépendance du réel qui la précède.
Il était dès lors normal que des photographes, conscients de la vanité de cette tentative de « reproduction » et d’ « objectivité » utilisent la photographie pour ce qu’elle est : un exceptionnel moyen d’interprétation, d’une souplesse rare, qui permet de croiser l’intention de l’auteur et l’ « objet » qu’il s’est choisi ou que l’on lui désigne. Cadrage, variation de lumière, choix des profondeurs de champ, des vitesses de prise de vue, tout peut servir à cette affirmation d’un point de vue sur l’œuvre.
C’est ce que fait, très clairement, Frédéric Hubert en refusant absolument l’idée même de copie et de fidélité à l ‘œuvre originale. Il travaille à morceler le tableau, à installer la sculpture ou l’objet dans un espace qui est avant tout celui qu’il détermine avec son appareil et qui ne tient pas compte de la situation réelle.
Surtout, il s’attache à la matière et retrouve, dans un beau dialogue, les fondements et de la peinture et de la photographie, dépendantes et complices de la lumière.
Alors, le grain de la photographie tisse son dialogue avec la touche du peintre et le rendu plus ou moins granuleux de la toile, un éclat de lumière donne vie au sang ou à l’eau, un reflet fait vibrer les robes claires, l’espace est traversé d’un rythme lent et beau, comme une musique céleste.
Il y a de la magie dans ces images, dans cette façon de respecter et de donner (ou de redonner) vie à ce qui est par nature statique.
Et c’est bien de révélation qu’il s’agit, terme aussi bien religieux que photographique.
Ces images sereines qui n’évitent pas la violence que peuvent exprimer certaines peintures religieuses donnent envie de relire ce qui a été écrit de plus sublime sur l’art :
« Le Détail » de Daniel Arasse.
C’est le plus beau compliment que l’on puisse leur faire."
Christian Caujolle, fondateur et directeur artistique de la galerie VU
Ce projet, initié par l'association Intervalles à Compiègne, bénéficie du soutien de la Mairie de Crépy-en-Valois et du Conseil régional de Picardie.
© Frédéric Hubert
Frédéric Hubert est né en 1964. Ses séries d'images sont régulièrement exposées dans des galeries, des centres d'art et des musées ( Musée de la photographie André Villers, Musée du Hiéron, Musée Jean Giono, Musée départemental de la Somme, Musée de L'Archerie et du Valois ...).
Son travail figure dans de nombreuses collections publiques et privées.
© Frédéric Hubert
Photos et vignette © Frédéric Hubert