Batty's Boat, 1992 © William Wegman
En couvrant une période allant de 1989 à nos jours, autour du thème du festival 2012 "Voyages et rêves", l’exposition que propose la galerie A.L.F.A cet automne à Paris sera l’occasion de découvrir de toutes nouvelles productions et de prendre du plaisir à retrouver des œuvres plus anciennes de William Wegman. Le photographe américain est représenté dans de nombreuses collections publiques et privées et est largement exposé à travers le monde.
Elle donnera à voir ses fameuses séries de photographies, marques de fabrique de l’artiste, qui ont pour modèle unique et inattendu un élégant braque de Weimar, aux postures et expressions anthropomorphes qui suscitent et surprennent le spectateur face à cet alter égo canin.
Flaura Faun, 2002 © William Wegman
Le voyage et le rêve prédominent la sélection des œuvres. Parmi elles, les polaroids pris en plein air mettent en scène le chien moderne et son obsession du voyage et du divertissement. Ses longues marches avec les chiens dans le Maine inspirent des clichés dans lesquels transparaît l’ambiguïté de notre rapport à la nature. L’exposition présentée à la galerie A.L.F.A montre aussi d’autres aspects, celui du portrait photographique et de la photo de mode tournés en dérision, et celui des recherches plus formelles, qui intègrent formes et couleurs à la manière d’un artiste abstrait. Des titres tels que Red to Yellow rappellent ceux des premiers maîtres de l’abstraction, Kandinsky en tête.
Dans les œuvres des années 2000, apparaît un intérêt pour les sujets de société tels que la religion ou l’environnement. Les dernières œuvres, datées de 2011, révèlent des croisements génétiques improbables entre le chien et le lion ou le robot, à l’aide de déguisements dont le minimalisme renvoie comiquement à la complexité des recherches biologiques actuelles. A moins qu’il ne soit question de la passion de l’homme pour le travestissement et la transformation de sa nature profonde.
William Wegman
Coming About, 1994 © William Wegman
Né en 1943 à Holyoke (Massachusetts), William Wegman s’est tout d’abord tourné vers la peinture qu’il enseigne à la fin des années 60 à l’Université du Wisconsin. Il s’intéresse ensuite à la photographie, notamment au Polaroïd. A l’automne 70, lui et sa femme Christine s’installent à Los Angeles où William Wegman devient professeur à l’université de Long Beach. Sa femme lui rappelle une promesse qu’il lui avait faite l’année précédente : ils auraient un chien lorsqu’ils viendraient s’installer à L.A. Bien que peu enthousiaste à l’idée d’avoir un animal de compagnie, William Wegman tient sa promesse et le couple achète pour 35 $ un Braque de Weimar. En le ramenant chez eux, le chien se précipite dans la maison et s'assoit dans une posture très humaine au moment même où un rayon de soleil venait l’éclairer. Wegman le nomma Man Ray. Loin de New York où le Pop Art domine la scène artistique, Wegman dispose d’une plus grande liberté que ses confrères de la cote Est. Cependant il ne parvient pas à trouver sa voie et songe un temps à renoncer à la pratique artistique. C’est alors qu’il réalise l’un des clichés les plus importants de sa carrière, Cotto. Cette photo, qui représente une main saisissant une tranche de salami, devient un élément déclencheur et l’oriente définitivement vers la photographie. Emmenant souvent Man Ray avec lui dans son atelier, Wegman est régulièrement interrompu dans son travail par l’entrée de l ‘animal dans le cadre de l’appareil photo. C’est alors que l’artiste commence à photographier volontairement l’animal avec ce style qui deviendra emblématique de son œuvre photographique. Ces clichés ne rencontrent pas immédiatement le succès, considérées par certains critiques comme trop anecdotiques et humoristiques. Mais la persévérance de l’artiste fait comprendre qu’il s’agit bien plus que d’une série éphémère et laisse percevoir la portée quasi-philosophique de son œuvre. Ces photos de chiens nous renvoient au comique de nos systèmes comportementaux et de nos rites sociaux. Ses braques de Weimar aux postures et expressions anthropomorphes détournent des situations du quotidien, des costumes et des attitudes qui suscitent une identification du spectateur à son alter ego canin. La drôlerie se mue souvent en ironie, celle qui inspirait les fabulistes du siècle des Lumières. A la mort de Man Ray, William Wegman achète une femelle de la même race, Fay Ray. Plus tard, il travaillera avec les descendants de cette dernière.
Fay Ray, 2006 © William Wegman
Photographe, peintre mais aussi vidéaste, Wegman a exposé dans les plus grandes institutions : au Moma et au Whitney Museum à New York, au Los Angeles Count Museum of art, à l’Art gallery of Ontario, à la Hayward gallery à Londres etc… Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques : F.R.A.C. Limousin, Limoges, France, Museum of Fine Art, Houston, The Brooklyn Museum, New York, The Whitney Museum of American Art, New York, San Francisco Museum of Modern Art, Albright-Knox Gallery, Buffalo, Australian National Gallery, Canberra, Carnegie Institute, Museum of Art, Pittsburgh, The Corcoran Gallery of Art, Washington, D.C., Los Angeles County Museum of Art, Kunstaus, Zurich, Minneapolis Institute of Art, The Museum of Modern Art, New York, De Menil Collection, Houston, Newport Harbor Museum, California, Sammlung Ludwig, Aachen, Saint Louis Museum of Modern Art, Stuart Collection, Univ. of California, San Diego, Walker Art Center, Minneapolis… La galerie A.L.F.A est habituellement dédiée au dessin. Elle est dirigée par Aude Lamorelle qui, juste après sa maîtrise d'histoire de l'art, l'a ouverte en 2002 à Saint-Germain des Prés, et l'a développée jusqu'au niveau qu'elle a atteint aujourd'hui dans le domaine du dessin moderne. Elle participe à la Biennale des Antiquaires de Paris (Grand Palais), l'Armory Show (New York) et au Salon du Dessin Contemporain (Paris).
Leg Work, 1989 © William Wegman
Photos et Vignette © William Wegman