Gorille, la cage oubliée © François Delebecque
VOZ’Galerie 41 rue de l’Est 92100 Boulogne-Billancourt France
« Le réel, je le transforme ; j’apporte une réponse poétique, avec distance et absolu, en prenant un parti pris humoristique et esthétique à la question fondamentale : que faisons-nous sur terre ? » François Delebecque
Du 14 septembre au 24 novembre 2012, la VOZ’Galerie vous invite à emprunter les chemins de traverse de la photographie e découvrant les « sculptures photographiques » de François Delebecque. Un gorille dans sa jungle, une maquette de bateau au milieu des algues, une tour Eiffel qu’on dérobe…
Qu’il la suspende à des câbles d’acier ou qu’il l’enchâsse dans des hublots métalliques, François Delebecque, ancien pensionnaire de la villa Médicis à Rome, n’a pas son pareil pour mettre la photographie en cage. Poétiquement. Délicatement. Il la piège. À moins que ce ne soit la Nature elle-même – qu’elle soit animale, végétale ou humaine – qu’il cherche à contraindre. Etreintes dans leur armature métallique, parfois rétroéclairées ou entourées de bogues de châtaignes, les images – des tirages noir et blanc sur film transparent – distillent toute leur onirique beauté.
« Cordes », 2011 © François Delebecque
Il faut dire que François Delebecque aime jouer avec le fer, qu’il manie avec une grande dextérité. C’est à l’orée des années 90 qu’il ressent la nécessité impérieuse de travailler la matière, d’intégrer la photographie à un volume. Ce sera une structure en acier. Le voilà qui apprend la soudure à l’arc et l’oxydation, faisant du fer à béton tors son matériau de prédilection et le support de nouvelles formes de mise en situation de la photographie : Gorille la cage oubliée, la série des Hublots ou des Cordes…
De cette improbable alliance naissent autant d’objets en trois dimensions qui jouent avec la transparence des films et la superposition des images pour mieux raconter la Nature, la nudité ou les joutes humaines… Hublots, boîtes lumineuses et autres suspensions deviennent le théâtre de petites saynètes d’où jaillissent et s’entrelacent les corps, la faune et la flore. À la rugosité du support répond la délicatesse de l’image, à la vigueur des corps répond le piquant de la nature. François Delebecque aime jouer avec les contrastes. Surprenant pour un photographe ? A la fois drôle et pertinent, l’univers onirique de François Delebecque véhicule un idéal d’absolu où une suave mélancolie le dispute à une poétique de la légèreté… Une écriture visuelle singulière pleine d’une énergie
badine et d’une grande poésie qui cache derrière son apparente fantaisie une réflexion sur l’absurdité de la condition humaine. Le mythe de Sisyphe n’est jamais très loin.
Biographie de François Delebecque
Photographe et artiste plasticien, François Delebecque, né en 1955, découvre la photographie à l’âge de quinze ans et s’y consacre pleinement à l’occasion d’un stage de photographie qu’il effectue en 1976 aux Rencontres Internationales de la Photo à Arles. Les photographes qui animent cet atelier ont pour noms : Duane Michals, Les Krims, Christian Vogt et Paul de Nooijer chez qui il travaillera un an. Le déclic.
Huit ans plus tard, en 1983/84, François Delebecque devient pensionnaire de la Villa Médicis à Rome. Il est le 3ème photographe à intégrer la prestigieuse institution. Durant cette année passée en Italie, il se fait l’élève de la tradition et travaille les genres les uns après les autres. Avec application. Se moulant dans les académismes pour mieux les réinventer dans des décalages. Le nu se glisse ainsi dans le paysage, le paysage fond dans la nature morte. Tout en soumission à la tradition et en ruses pour s’en déjouer, son écriture photographique, classique et poétique, est dominée par l’humour, les sens, le décalage et l’imaginaire. Son talent lui a valu plusieurs belles expositions comme à la Fondation Cartier (1985), à la Villa Medicis à Rome, à l’Institut Français de Salonique, au musée Carnavalet et à l’Espace Electra à Paris ou encore pendant le Mois de la Photo, également à Paris, en 2006.
Travaillant en noir et blanc, François Delebecque affirme se construire au travers de ses séries : la force par les gorilles, l’absolu par les phares, l’enveloppe corporelle par le nu. Il sait aussi s’envoler dans la poésie du légume ou dans celle des souvenirs de plage ou des ours en peluche philosophes… Dans son atelier d’Arcueil, François laisse libre cours à son imagination et réalise, avec un don rare, des pièces en volumes : sculptures lumineuses délicieusement surannées, chariots sculptures inventifs ainsi que des courts métrages narratifs et artistiques. Il a également souhaité introduire la «belle photo» dans le champ du livre pour enfants et a ainsi illustré une dizaine d’ouvrages jeunesse (« Les songes de l’Ours », «La plage d’où les bateaux s’envolent… » chez Seuil Jeunesse etc.).
Ses œuvres sont présentes dans les collections permanentes de nombreuses institutions comme la Bibliothèque Nationale de Paris, la Fondation Cartier, la Fondation Nationale de Photographie à Lyon ou le Musée Cantini de Marseille.
« Le wagonnet », 1990 © François Delebecque
Photos et vignette © François Delebecque