Broken Container © Bouchra Khalili
Galerie Polaris 15 rue des Arquebusiers 75003 Paris France
Wet Feet est une série de photographies réalisées en 2012, à Miami, en Floride. Miami est l’une des métropoles américaines qui compte les plus importantes communautés immigrées en provenance d’Amérique Latine et des Caraïbes, et plus particulièrement de Cuba et d’Haïti. Parmi ces immigrants, nombreux sont forcés à la clandestinité.
Miami dispose également d’un des plus importants ports de croisière et de commerce des Etats-Unis, surnommé « The Gate to the Americas ». Mais Miami dispose aussi d’un autre port, appelé « The Miami River Port », le long de la « Miami River », un port essentiellement destiné au commerce avec les pays d’origine des immigrants qui envoient au pays et reçoivent du pays des marchandises de toutes sortes. Ce port est également connu pour être un lieu de contrebande, et le lieu d’arrivée de nombreux immigrants illégaux.
Dry Leaves © Bouchra Khalili
Les containers cassés, usés, photographiés sur le long de la Miami River, comme les bateaux de fortune utilisés par les immigrants cubains photographiés dans les Keys, au sud de la Floride, portent les stigmates de la violence des périples auxquels sont soumis ces voyageurs forcés à la clandestinité.
Dans les deux cas, il s’agit aussi d’enregistrer le temps qui a passé sur ces objets, leurs inexorables dégradations, métaphores mélancoliques de l’implacable déception qui accompagne l’expérience migratoire. Celui d’un rêve américain qui restera sans doute un éternel mirage.
Tout autour, un commerce de casses, de recyclages de métaux, et d’entrepôts de containers s’est développés, essentiellement autour d'entrepreneurs dominicains, cubains, et haïtiens. « The wet feet/dry feet policy » est une politique appliquée depuis des décennies par l’Etat de Floride vis-à-vis des immigrants illégaux cubains qui fuyaient l’île par bateau et accostaient à Miami ou ses environs. Quand ils étaient arrêtés en mer, il pouvait être renvoyés vers Cuba. Mais s’ils étaient arrêtés sur le sol américain, après 1 an, ils pouvaient être régularisés.
Les clandestins haïtiens ne bénéficient pas de cette politique. Ils peuvent être arrêtés et expulsés à n’importe quel moment, malgré l’élection d’Obama, et le tremblement de terre qui a frappé l'île le 12 janvier 2010.
La série Wet Feet, documente ainsi sur un mode métaphorique les traces laissées par les voyages de ceux qui sont parvenus jusqu’à Yuma, dénomination des USA dans l’argot cubain, qui par extension a fini par désigner les américains et les étrangers.
Yuma Flag © Bouchra Khalili