Abandonne?e, 60 x 60 cm tirage argentique, 2012. Constantine, Alge?rie. Se?rie “Le silence des ruines”. © SOpHIE ELbAz
Musée d'art et d'histoire du Judaïsme 71, rue du Temple 75003 Paris France
Mois de la photo 2012 Maison européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris France
En 2007, je suis partie à Constantine sur les traces de mes origines paternelles séfarades. Là-bas, j’ai réalisé un premier film poétique, à la mémoire de mon grand-père, Jonathan Elbaz, et le triptyque L’Île fantastique. Depuis, au fil de mes séjours, j’ai accumulé un matériau photographique mémoriel. Aujourd’hui, c’est la réinterprétation de ce matériau laissé en suspens et de mes archives familiales qui inspire la scénographie, articulée entre installations et photographies. Du besoin d’enchantement à l’évidence du désenchantement, ce parcours pose la question du rapport au réel, à la mémoire, à l’Histoire... et de la juste mise à distance.
L’Île fantastique (tryptique Diasec 60 x 60 cm ) : no1LePont,no2Lebancdemongrand-père,no3LaFalaise.Constantine,Algérie,2007 © Sophie Elbaz
Outre mes questions aux femmes de la famille de mon père, j’ai demandé aux morts du cimetière de Constantine dont les ombres se mêlent à celles des vivants le droit de passage. Si ce voyage m’a été permis, je n’ai pourtant pas trouvé la tombe de mon grand-père, Jonathan. Dans Qacentina, j’ai rêvé un dialogue avec un mort, et tout dans cette ville enchantée m’était étrange et familier. Au terme du voyage, j’ai compris le silence des ruines. La dimension imaginaire de la source s’efface pour laisser la place à une vue frontale sur l’Algérie d’aujourd’hui.
Et si les hommes meurent, les lieux restent...
Sophie Elbaz, Paris 1er mai 2012.
Photos et vignette © Sophie Elbaz